Travail

Quoi faire si votre emploi vous ennuie à mourir

Quoi faire si votre emploi vous ennuie à mourir

  Photographe : Getty Images

Travail

Quoi faire si votre emploi vous ennuie à mourir

Tous les matins, on va travailler à reculons, sachant d’avance que chaque minute au boulot nous semblera une éternité. On s’ennuie tellement que notre moral est au plus bas. Et s’il s’agissait d’un bore-out

Voici ce qu’il faut savoir sur ce phénomène méconnu.

 

Élysabeth a travaillé 2 ans dans le laboratoire d’un hôpital où elle effectuait des tests pour diagnostiquer des maladies. «Au début, ça allait, car j’apprenais de nouvelles techniques de laboratoire», dit celle qui a fait des études universitaires en sciences. «Mais c’est vite devenu routinier. Il s’agissait toujours des mêmes tests, des mêmes gestes. Les journées étaient interminables. De plus, je trouvais que mes compétences étaient sous-utilisées. J’étais vraiment malheureuse.»

Elle a fini par démissionner. Raison: elle s’ennuyait.

Sans le savoir, Élysabeth souffrait de bore-out, ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, un terme créé en 2007 par les Suisses Peter Werder et Philippe Rothlin, tous deux consultants en management. Ce phénomène se caractérise par l’ennui et l’absence de défis au travail, ainsi que par la perte d’intérêt envers ses tâches.

Quelle est la différence d’avec le burn-out? «Dans les deux cas, il s’agit d’un épuisement professionnel, mais le burn-out est causé par une surcharge de travail et de pression, tandis que le bore-out est la conséquence d’un profond ennui et d’un manque de satisfaction au travail», résume Manon Poirier, présidente de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

 

Des risques variables

Passer son temps à faire des tâches répétitives ou monotones, être surqualifiée pour le poste qu’on occupe ou ne pas avoir assez de travail pour remplir ses journées sont autant de situations qui peuvent mener à l’épuisement professionnel par l’ennui.

«Avoir un emploi qui ne nous offre pas de défis à la hauteur de nos compétences est un facteur de risque», observe Marie-Noëlle de Sève, conseillère d’orientation chez Brisson Legris.

Impossible, cependant, de généraliser, puisque la satisfaction professionnelle dépend aussi des différences individuelles et de l’ambiance de travail. Par exemple, un emploi qui comporte beaucoup de tâches répétitives est peut-être un cauchemar pour certains, mais une bénédiction pour ceux qui ont besoin d’une routine sécurisante ou qui n’ont pas trop envie de se casser la tête.

«Un sentiment d’appartenance envers l’employeur, une certaine autonomie dans les tâches et des collègues avec qui on s’entend bien peuvent également compenser le fait qu’un emploi est peu stimulant», selon Manon Poirier.

Il y a aussi des gens qui accomplissent des tâches un brin ennuyeuses, mais qui n’en souffrent pas parce qu’ils se réalisent au sein de leur famille ou à travers d’autres activités. «Ces gens-là font des choix de vie, constate la conseillère en ressources humaines agréée. Lorsqu’on peut combler notre besoin d’épanouissement ailleurs qu’au travail, on n’est plus une candidate au bore-out. On peut avoir un emploi en deçà de nos compétences, mais jouer de la guitare dans un band et être très heureuse!»

 

ennui

© Getty Images

 

Des pistes pour s’en sortir

L’idéal est de réagir avant que l’ennui qui nous mine ne se transforme en épuisement professionnel. La première étape consiste à être à l’écoute de soi, à sentir que quelque chose ne va pas et à reconnaître le malaise.

«ll faut ensuite s’interroger sur ce qui nous ennuie au juste, conseille Marie-Noëlle de Sève. Est-ce la nature de nos tâches, une charge de travail insuffisante, le secteur d’activité de l’employeur? Cela permet de réfléchir à des solutions possibles.» Si on envisage une réorientation professionnelle, il est judicieux de recourir à un conseiller d’orientation pour faire un bilan de nos compétences.

Parler de la situation avec notre supérieur est évidemment essentiel si on souhaite continuer à travailler pour la même entreprise. On ne fait pas que se plaindre, on propose différentes options: nouvelle répartition des tâches, mobilité à l’interne, formation qui nous permettrait d’accéder à d’autres fonctions, participation à des comités ou à des projets pilotes, etc. Si rien de cela n’est faisable, on aura alors une décision à prendre: partir ou rester.

 

S’épanouir en dehors du travail

Cependant, si changer d’emploi est parfois la seule porte de sortie pour certains, d’autres ont des conditions de travail si avantageuses qu’ils n’osent pas partir. Le travail devient alors un peu une prison dorée. Si on décide de rester en toute connaissance de cause, Manon Poirier suggère de trouver une source d’épanouissement à l’extérieur du travail, du bénévolat par exemple. On fait aussi attention aux signes de dépression et on consulte au besoin.

De son côté, Élysabeth n’a jamais regretté sa décision de partir. «J’ai d’abord acquis de l’expérience en développement de médicaments au sein d’une entreprise pharmaceutique. Ensuite, je me suis lancée à mon compte. Les projets sont variés, j’apprends constamment de nouvelles choses, je rencontre des médecins, des pharmaciens et des infirmières. J’adore ça, et je ne m’ennuie plus!» 

 

 

Partage X
Travail

Quoi faire si votre emploi vous ennuie à mourir

Se connecter

S'inscrire