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Les bains glacés: une tendance de plus en plus populaire

Les bains glacés: une tendance de plus en plus populaire

  Photographe : iStock

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Les bains glacés: une tendance de plus en plus populaire

Les bains glacés, un héritage de la tradition scandinave, connaissent un essor au Québec. 

Bien que cette pratique puisse sembler déroutante pour certains, nombreux sont ceux qui en ressentent les bienfaits. Mais quels sont ses avantages et y a-t-il des risques à envisager?

 

On se lève un matin d’hiver, la température flirte avec le zéro, et l’idée de plonger dans un bain d’eau glacée semble aussi attirante que celle de se rendre chez le dentiste pour un traitement de canal. Pourtant, pour les adeptes des bains glacés, cette pratique est loin d’être une punition. Au contraire, elle serait une source de vitalité, de bien-être et d’énergie.

Depuis des millénaires, on aurait recours à l’eau froide pour ses bienfaits sur le corps. Les premiers échos de cette tradition nous viendraient des Grecs et des Romains, qui voyaient dans le bain froid une manière de se purifier et d’optimiser leur bien-être. Hippocrate, père de la médecine, aurait été un fervent défenseur de cette pratique, recommandant les bains froids pour soulager divers maux. Les thermes romains, quant à eux, ont innové en proposant une alternance entre bassins chauds et froids, tirant parti des vertus de chaque température.

Mais l’eau glacée n’est pas uniquement synonyme de santé. Au Japon, s’immerger dans une source froide, une pratique nommée misogi, est une tradition spirituelle destinée à purifier le corps et l’esprit; certains fidèles du shintoïsme la perpétuent encore aujourd’hui.

La baignade en eau froide est populaire dans plusieurs pays, notamment en Scandinavie, dans les pays baltes et en Russie, où elle est souvent associée au sauna. Vers la fin des années 1990, elle a suscité l’intérêt du milieu sportif. Des experts soulignaient l’influence de cette thérapie sur la circulation sanguine et sa capacité à réduire les dommages musculaires après un effort. C’est pourquoi athlètes et sportifs l’ont intégrée à leur routine de récupération.

 

bains glacés

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Des bienfaits réels?

Si l’immersion dans l’eau froide est réputée pour son impact sur la récupération physique, elle offrirait également des avantages considérables pour la santé mentale. On dit qu’elle améliore l’humeur, la concentration et même le métabolisme. Des experts, tels que le neuroscientifique Andrew Huberman, de l’Université Stanford, vantent les mérites de l’exposition au froid. Toutefois, les preuves scientifiques pour soutenir ces affirmations sont assez rares et reposent sur des études empiriques (basées sur l’observation).

Certaines données ont montré que la méthode utilisée par Wim Hof – surnommé The Iceman étant donné sa capacité à affronter le froid – pouvait avoir des effets bénéfiques sur les affections liées à l’inflammation. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour l’affirmer avec certitude. Il se pourrait que ce soient les techniques de respiration et la méditation qui sont bénéfiques, plutôt que l’exposition au froid extrême.

Sébastien Zappa, chercheur en microbiologie à l’Université de Montréal, pratique l’immersion en eau froide depuis plusieurs années. Il est instructeur certifié de la méthode Wim Hof, et lui aussi se montre prudent. S’il dit avoir observé chez lui-même une amélioration notable de ses symptômes dépressifs et de ses douleurs chroniques liées à la fibromyalgie, il se garde bien de crier au miracle. «Pour moi, l’immersion en eau froide est un outil vers le mieux-être, pas un remède universel», précise-t-il.

Opinion que partage Vanessa Bell, qui s’adonne à la baignade en eau froide depuis de nombreuses années et qui vient de publier un livre sur le sujet, Fendre les eaux (Éditions de l'Homme). Bien qu’elle remarque de nombreux bénéfices liés à sa pratique (stimulation de la circulation sanguine, renforcement du système immunitaire, production d’endorphines et sentiment général de bien-être physique et mental), elle souligne que des recherches supplémentaires doivent être menées pour déterminer si tous les avantages attribués à l’immersion en eau froide sont étayés par la science. 

 

Faire preuve de prudence

Malgré les bénéfices cités, l’immersion dans l’eau glacée n’est pas sans risques. Comme pour n’importe quelle activité physique extrême, il est essentiel de prendre certaines précautions. Avant de se lancer dans l’aventure, il est recommandé de consulter un médecin si l’on a des ennuis de santé.

Une immersion brutale et prolongée dans l’eau froide peut entraîner un choc thermique, qui se manifeste par des frissons, une accélération du rythme cardiaque, une hyperventilation ou même une perte de conscience. De plus, certaines personnes, notamment celles atteintes de maladies cardiovasculaires, sont plus sensibles aux effets du froid et doivent éviter cette pratique.

Il est donc important de bien se connaître et d’écouter son corps. Il faut savoir évaluer sa résistance au froid et reconnaître les signes de l’hypothermie, comme une confusion mentale, des difficultés de coordination ou des tremblements incontrôlables. Dans tous les cas, il est conseillé de ne prendre de bains glacés qu’accompagné et de rester à proximité du bord pour pouvoir sortir rapidement en cas de besoin.

 

Se préparer au grand saut

Comme pour toute activité extrême, un entraînement est nécessaire avant de se lancer. Une exposition graduelle au froid, par des douches froides ou des bains en plein air, est une bonne idée. De même, une préparation adéquate, la veille, avec une alimentation adaptée (des sucres lents) et une hydratation suffisante, est essentielle.

On ne plonge pas seul

Face aux températures glaciales, notre jugement et nos émotions peuvent être perturbés. C’est pourquoi il est recommandé d’avoir quelqu’un pour nous surveiller, surtout en eau libre.

On respire

Vanessa Bell conseille d’entrer doucement dans l’eau, en expirant le plus longuement possible, de façon à se mettre dans la disposition mentale de recevoir le choc thermique. «Plus on arrive à maîtriser sa respiration en réponse au froid, plus on est en mesure de gérer le stress vécu par le corps, et donc à le détendre, et, ultimement, à être beaucoup plus en contrôle de soi, dans l’eau comme dans la vie.»

On s’équipe

Comme la plus grande perte de chaleur se fait par la tête et les extrémités, porter un bonnet et des bottes ou chaussettes ainsi que des gants ou mitaines en néoprène peut être d’une grande utilité.

Une fois sorti, on se réchauffe

Même une fois hors de l’eau, notre corps continue à se refroidir. Voici quelques astuces pour bien se réchauffer:

  • On se couvre vite avec un bonnet et des gants secs.
  • On se sèche et on se change sans tarder.
  • On s’habille en multipliant les couches chaudes.
  • On boit une boisson chaude.
  • On grignote une collation, idéalement sucrée.
  • On trouve un endroit bien chaud pour se reposer ou on marche un peu.

On mise sur la brièveté

Pour profiter des bienfaits de l’eau froide, une courte immersion est suffisante. Pas besoin de battre des records de durée pour se sentir bien!

 

bains glacés

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Dépassement de soi et communion glaciaire

Devant l’eau froide, l’appréhension est souvent la première réaction. C’est une réponse naturelle de notre organisme à un danger potentiel. Pourtant, c’est précisément ce sentiment d’inconfort qui fait la force de cette pratique. Il permet d’affronter ses peurs, de tester ses limites et de découvrir une force mentale insoupçonnée. «C’est un moment de pleine conscience pendant lequel, malgré l’eau glacée, on reste calme, maître de soi. C’est une manière incroyable de sortir de sa tête», raconte Vanessa Bell. Sébastien Zappa approuve. «Dans mon premier bain de glace, j’ai découvert ce qu’était réellement le moment présent», relate le scientifique.

Le bain nordique n’est pas qu’une expérience individuelle. C’est aussi un moment de partage et de communion avec les autres et avec la nature. Chaque semaine, au Québec, des groupes d’enthousiastes se retrouvent sur la plage de Verdun, à Montréal, ou ailleurs pour se plonger dans les eaux glacées du Saint-Laurent ou d’autres cours d’eau. Ces rencontres sont bien plus qu’une simple baignade. Elles permettent de tisser des liens et de se soutenir mutuellement.
L’essentiel, en fin de compte, est de se faire du bien et de respecter son corps.

Le bain nordique n’est pas une épreuve à surmonter, mais une expérience à vivre, pendant laquelle on se reconnecte à soi-même et à la nature. Alors, on se jette à l’eau?

 

Où pratiquer les bains glacés?
  • Le Québec abrite plusieurs spas scandinaves qui offrent des expériences de bains chauds et froids. Ces spas suivent le rituel scandinave de se chauffer, puis de se refroidir rapidement, le tout suivi d’une période de relaxation.
  • Avec la popularité croissante de la méthode Wim Hof, il est possible de trouver des instructeurs certifiés qui proposent des ateliers ou des séances de bain glacé au Québec. Sébastien Zappa anime des ateliers d’introduction une fois par mois. Info à respire-aligne.com
  • On peut participer au traditionnel Bain de neige du Carnaval de Québec, qui a lieu chaque année en février. Info à carnaval.qc.ca
  • Certains clubs de nage en eau libre organisent des baignades en eau froide. On trouve de tels groupes en faisant une recherche rapide en ligne.
  • Bien que cela nécessite de la prudence et une certaine expérience, de nombreux Québécois pratiquent la baignade en eau froide ou se trempent dans des lacs et rivières gelés pendant l’hiver. Si l’on choisit cette option, on s’assure de connaître les risques et d’avoir un partenaire avec soi.
  • Si l’on a accès à de la glace ou à de l’eau froide, on peut créer notre propre bain glacé chez nous, dans une piscine gonflable.

 

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