Vie de famille

Mon enfant est-il mal élevé?

Mon enfant est-il mal élevé?

  Photographe : Anne Villeneuve

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Mon enfant est-il mal élevé?

Mon enfant a le cerveau en effervescence, les émotions au plafond et le diable au corps. Il a aussi le cœur en miettes quand il surprend un regard désapprobateur.

Fiston a un trouble de l’attention avec hyperactivité. Il ne grimpe pas sur les tables pour danser le floss, comme le veut le stéréotype.

En revanche, il est intense dans sa joie comme dans son chagrin. Ses réactions spontanées échappent parfois à la raison. Son franc-parler peut frôler l’impolitesse. Et la modération, ce n’est absolument pas son truc.

Quand tout tourbillonne autour de lui, c’est encore pire. Vous savez, les fêtes d’anniversaire, les partys en famille, les classes turbulentes un jour de tempête? Toutes ces occasions qui excitent les enfants et qui autorisent certains adultes bien-pensants à départager les rejetons qui se comportent bien des petits mal élevés? Le mien ressent tout à la puissance mille. Submergé par ce tsunami de bruit et de mouvement, il ne se contient plus.

Comme le dit la Dre Annick Vincent, médecin psychiatre, le TDAH a peut-être été baptisé un peu vite: «Au-delà de l’attention, il est surtout question d’un trouble de l’automodulation. La plupart d’entre nous avons un petit frein qui nous empêche de parler ou de bouger au mauvais moment. Pas les personnes atteintes d’un TDAH. Elles ont de la difficulté à activer leur chef d’orchestre intérieur, celui qui module les réactions, les émotions et les comportements.»

C’est la partie visible du trouble, la pointe de l’iceberg. Ce qu’on ne voit pas, caché sous la surface, ce sont les efforts surhumains que déploie mon enfant au quotidien. C’est son immense soif de justice qui le pousse à défendre ses amis, quitte à se mettre lui-même dans l’eau chaude. C’est son désir viscéral d’être vu comme un gentil garçon.

On ne lui accorde pas toujours cette faveur. Le nombre de fois où j’ai encaissé des sous-entendus sur son «énergie débordante», après une fête d’enfants... Le nombre de fois où, dans ma propre famille, je ressentais le malaise quand mon fils se retirait de lui-même dans une autre pièce pour revenir au calme, après un jeu particulièrement survolté... Comme plusieurs enfants atypiques, son mode de fonctionnement attire les jugements blessants et non fondés. À se demander qui est le mal élevé de l’histoire...

Accuserait-on un enfant diabétique de mal gérer son taux de sucre? À titre de rappel, le TDAH est neurologique. Il n’a rien à voir avec la volonté, les valeurs ou l’éducation.

Que faire alors? Fermer les yeux ou monter au front pour rétablir les faits? «A-t-on vraiment besoin d’éduquer un Joe Blo croisé à l’épicerie, demande la Dre Vincent? Peut-être qu’on peut simplement écrire un article sur ce trouble en espérant qu’il tombe dessus, rigole-t-elle! En contrepartie, si l’on sent de l’incompréhension dans notre entourage, ça peut valoir la peine d’aborder le sujet.»

Certains jours sont plus difficiles que d’autres. Quand des mots coups-de-poing viennent aux oreilles de mon fils, quand des adultes égratignent son estime déjà mise à mal par sa différence, j’ai un peu envie de leur lancer des tomates (en conserve, c’est plus dur).

Ne vous inquiétez pas, je me retiens. J’ai été bien élevée. Je préfère encore blinder sa carapace en suivant les conseils de la Dre Vincent: je nomme les forces que je vois en lui (facile, il est formidable!), je lui répète ma fierté et mon amour, je le responsabilise tout en tenant compte de ses défis d’organisation.

Je lui enseigne la bienveillance, la tolérance, le respect de l’autre. Bref, tout ce que j’aurais aimé croiser dans le regard de ces adultes prétendument bien élevés.

 

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