Vie de famille

Les sacrifices d'une mère

Les sacrifices d'une mère

  Photographe : Anne Villeneuve

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Les sacrifices d'une mère

Je savais que de nouvelles tâches et responsabilités seraient attachées à mon rôle de mère, mais je crois que j’avais sous-estimé le nombre d’activités que mes enfants me réclameraient et qui ne me tenteraient pas du tout.

Le sens du sacrifice est-il indissociable du titre de parent? Est-ce un passage obligé?

 

Aller glisser. Ou faire de la raquette. Au petit matin, plonger dans l’eau pour le cours de natation ou passer de longues heures à l’aréna, les fesses rivées aux gradins. Voilà des activités qui, en s’immisçant dans le calendrier familial, font grimacer certains parents.

Pour moi, le comble du don de soi a été une participation à une sortie «Grandeur Nature», sorte de jeu de rôle médiéval dont mon fils de 14 ans est friand.

Pour qu’il puisse y prendre part avec ses cinq copains, je devais l’y accompagner. Et oui, cela a exigé de gambader en forêt toute la journée, déguisée en prêtresse-sorcière, soutane de velours et sacoche en cuir comprises.

Est-ce que tous les parents se soumettent, comme moi, au «supplice» de participer à certaines activités dans le seul but de faire plaisir à leur enfant? Est-ce que certains le font sans la moindre plainte ni soupçon de lassitude? Ou alors, est-ce que certains refusent sans une ombre de culpabilité?

«Ma fille veut que je regarde avec elle les tutoriels beauté de sa youtubeuse préférée», nous confie Isabelle, mère d’une fan de maquillage de 12 ans. «Les vidéos sont in-ter-mi-na-bles. C’est d’un ennui!» Romain, père de trois garçons de 4, 6 et 9 ans, parle péniblement des soirs d’Halloween pendant lesquels il «doit» se costumer et découper la citrouille. «Je DÉTESTE ça!» lance-t-il, dans ce qui ressemble à un cri de soulagement. «Mais je remets pourtant ça, tous les ans, à leur plus grand bonheur...»

Selon la psychologue Amélie Seidah, il est normal et correct, pour un parent, de renoncer ou de se priver de quelque chose pour faire plaisir à son enfant... si c’est temporaire et sensé. Ça doit, par exemple, correspondre à nos valeurs familiales. «C’est notre rôle de parent de répondre avec sensibilité aux besoins physiques, affectifs et émotionnels de nos enfants, dit-elle, mais ça ne veut pas dire de tout faire, tout le temps. Il faut mettre ses limites. Prendre soin de soi est aussi une de nos responsabilités.»

Elle rappelle qu’un parent qui «montre de l’intérêt» pour les activités et les goûts de son enfant va «nourrir la relation et la connexion» qu’il a avec lui... Or il demeure important de ne pas «se faire violence», puisque le parent est aussi un modèle. «C’est une bonne idée de montrer à notre enfant qu’il faut se respecter, s’écouter et qu’on est une personne à part entière», souligne-t-elle.

Pour éviter d’être frustré, amer ou déçu, il vaut mieux reconnaître notre inconfort tout en restant flexible. Et alors, qui sait si le dévouement ne va pas se transformer en découverte et rendre folle de joie une bande d’ados dans un champ de marguerites.

 

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