6-12 ans

Le développement de la pudeur chez l'enfant

Le développement de la pudeur chez l'enfant

  Photographe : Anne Villeneuve

6-12 ans

Le développement de la pudeur chez l'enfant

La prise de conscience peut être brutale ou graduelle: notre chaton d’amour n’est plus un bébé. 

Avec la fonte de son bedon, son besoin émergent d’intimité sonne le glas de la toute petite enfance. Comment respecter sa pudeur naissante et en profiter pour encourager un rapport sain au corps, le sien comme celui d’autrui?

 

C’est aux alentours de 5 ans que Sandrine situe cette irruption de la pudeur chez son fils aîné, lorsqu’il lui rapporte, troublé, que ses voisins de ruelle se montrent leur pénis en cachette. Attentifs, les parents valident son malaise... en se félicitant discrètement du discernement de fiston et du dialogue qui s’ouvre autour des limites du corps. Mais comment le mener? Que dire et à quel âge? Jusqu’où expliquer, anticiper? Quand doit-on ajouter des éléments d’éducation sexuelle?

Pour la psychologue Suzanne Vallières, «les jeux sexuels apparaissent entre 3 et 5 ans. Les enfants développent alors le goût de se toucher, de se montrer et de regarder les autres. C’est une curiosité saine qui n’a pas toute la dimension sexuelle que nous, adultes, lui conférons. Dans cette étape essentielle, le rôle du parent est primordial: il faut être présent pour répondre à leurs interrogations, sans quoi ils vont les refouler. On saisit cette occasion d’éducation à la sexualité. On peut s’appuyer sur des livres traitant de ce sujet et qui sont adaptés à l’âge de notre enfant.»

Chez Sandrine, on suit le rythme de fiston. «Vers 7 ans, il a commencé à fermer la porte de la salle de bains. Un jour, il m’a fait une remarque alors que j’y étais, et j’ai compris que je devrais modifier mes habitudes. Sans cacher chaque bout de fesse qui pourrait dépasser, je fais attention à ne pas le heurter avec ma propre nudité.» Et lorsqu’il a des questions, on lui répond avec simplicité, que ce soit en détaillant les différences anatomiques entre les sexes, sans commentaire excessif ni tabou, ou pour banaliser la présence de serviettes hygiéniques lavables certains jours du mois. «C’est important pour moi de nommer les choses. Oui, les femmes, on a du poil, on a des menstruations chaque mois, on a du sang qui coule et ça fait un peu mal. C’est normal.»

Mme Vallières appuie cette approche franche: «Naturellement, vers 6-8 ans, nos enfants entrent dans une période où le besoin d’intimité se fait plus sentir, comme celui de s’informer. Il faut y répondre et nommer les parties génitales comme on le ferait pour le reste de notre corps, sans gêne, dès le plus jeune âge. Il est important de ne pas interdire ni culpabiliser les manifestations de sa sexualité.»

Le garçon de Sandrine est réceptif à ses explications. Il comprend qu’en famille et en société, c’est différent. Et que la notion de consentement est inséparable des limites personnelles à protéger. Même si, à 8 ans, soustraire parfois son corps au regard de l’autre paraît bien intégré, l’enfant adore courir nu dans l’appartement avec son petit frère...!

 

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