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Migraine ou mal de tête? 5 façons de le savoir

Migraine ou mal de tête? 5 signes qui ne trompent pas

  Photographe : Pexels | Mart Production

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Migraine ou mal de tête? 5 façons de le savoir

Les femmes souffrent de migraine trois fois plus souvent que les hommes.

Ce déséquilibre pourrait expliquer pourquoi la migraine est souvent perçue comme une maladie féminine.

Toutefois, l’origine précise de ce type de céphalée est toujours inconnue malgré les nombreuses études scientifiques sur le sujet.

 

Le rôle des hormones dans la migraine

Les fluctuations hormonales, notamment celles des œstrogènes et de la progestérone tout au long du cycle de vie des ovaires, semblent en effet jouer un rôle crucial dans la gravité et la fréquence des migraines.

Pour 70% des femmes souffrant de migraines, ces crises sont liées aux menstruations. Les migraines menstruelles sont généralement plus intenses et plus difficiles à casser. Sans compter qu’elles peuvent également s’accompagner de symptômes incapacitants, comme les nausées et les vomissements.

Chez de nombreuses femmes migraineuses, ces crises surviennent à différents moments du cycle menstruel. «Lorsqu’elles arrivent un peu avant ou au début des menstruations, on soupçonne la chute soudaine d’œstrogènes d’être le déclencheur des crises», explique la Dre Marzieh Eghtesadi, médecin spécialisée en céphalées au CHUM.

Pendant la grossesse, les niveaux d’œstrogènes ont tendance à se stabiliser vers le deuxième trimestre. C’est à cette étape que les migraines s’atténuent et disparaissent même parfois. Malgré la chute d’œstrogènes qui survient après l’accouchement, cette amélioration peut être maintenue grâce à l’allaitement.

Après la ménopause, les migraines peuvent devenir moins fréquentes et moins intenses, surtout si elles étaient liées au cycle menstruel ou si elles avaient diminué pendant la grossesse. Certaines femmes cessent même d’avoir des crises. «Toutefois, la période entourant la ménopause peut être plus délicate en matière de gestion de la migraine, en raison des variations hormonales chaotiques et des bouffées de chaleur susceptibles de perturber le sommeil», souligne la médecin.

 

Plus qu’un mal de tête

Mais la migraine n’est pas qu’une affaire d’hormones. Cette maladie, qui touche 12% de la population au Canada, est un trouble neurologique complexe, impliquant plusieurs zones du cerveau et divers neurotransmetteurs. Lors d’une crise migraineuse, une inflammation se produit autour des vaisseaux sanguins de la tête et des nerfs voisins. La personne qui en souffre perçoit chaque battement de cœur comme un coup de marteau.

La douleur, ou le mal de tête proprement dit, est seulement un des nombreux symptômes associés à la migraine. «La majorité des personnes atteintes ont des signes avant-coureurs», indique Patricia Poulin, pharmacienne propriétaire, elle-même sujette aux migraines. «Elles développent une hypersensibilité aux odeurs et aux bruits, et peuvent éprouver des nausées ou des vertiges. Certaines ressentent une grande faim ou de la soif, tandis que d’autres perdent complètement l’appétit. Il en va de même pour l’irritabilité, la difficulté de concentration, les bâillements excessifs, les rages de sucre et le mal de cou», selon la Dre Eghtesadi.

La migraine est un mal qui, malgré son invisibilité, peut affecter grandement de nombreux aspects de la vie quotidienne. Surtout chez les femmes, qui doivent souvent assumer plusieurs rôles et dont la charge mentale est assez lourde.

«La migraine est une maladie du cerveau qui peut perturber les activités professionnelles, sociales et familiales. Les personnes souffrant de migraines hésitent parfois à planifier des activités en raison du caractère imprévisible des crises.

De plus, étant donné que les symptômes de la migraine ne sont pas extérieurement visibles, la maladie peut souvent être mal comprise, ce qui peut représenter des défis supplémentaires», affirme la Dre Eghtesadi. Il est donc crucial, selon elle, de reconnaître la migraine comme une maladie sérieuse nécessitant une attention et une prise en charge adéquates.

 

 
5 façons de distinguer une migraine d'un mal de tête ordinaire

Il peut parfois être difficile de distinguer une migraine d’un simple mal de tête. Cependant, outre la prédisposition génétique familiale à la migraine, il y a plusieurs caractéristiques qui peuvent aider à faire la différence:

 

1. DURÉE ET INTENSITÉ

Un mal de tête classique dure généralement quelques heures, tandis qu’une migraine peut s’étendre jusqu’à 72 heures. De plus, la douleur d’une migraine est souvent décrite comme étant plus intense que celle d’un mal de tête ordinaire.

 

2. NATURE DE LA DOULEUR

Un mal de tête se manifeste généralement par une douleur sourde et constante, tandis que la douleur d’une migraine est souvent décrite comme pulsatile ou lancinante.

 

3. LOCALISATION DE LA DOULEUR

Les maux de tête ont tendance à être ressentis sur l’ensemble de la tête, tandis que les migraines sont souvent localisées d’un seul côté.

 

4. SYMPTÔMES ASSOCIÉS

Les migraines s’accompagnent souvent de symptômes supplémentaires, tels que des nausées, des vomissements, une sensibilité à la lumière et au bruit, et parfois même des troubles visuels (appelés «aura»). Ces symptômes sont rarement présents dans le cas d’un mal de tête ordinaire.

 

5. IMPACT SUR LES ACTIVITÉS QUOTIDIENNES

Un mal de tête ordinaire est généralement gênant, mais n’empêche pas de poursuivre les activités quotidiennes. En revanche, une migraine peut être si sévère qu’elle entrave les activités normales et nécessite un repos au calme.

 

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© Getty Images

 
Quels sont les déclencheurs de la migraine?

Les déclencheurs sont le plus souvent des facteurs environnementaux auxquels le patient migraineux se montre très sensible. Ces facteurs varient grandement d’une personne à l’autre et peuvent comprendre, outre les changements hormonaux, des éléments aussi divers que certains aliments, le manque de sommeil, le stress, l’excès de caféine ou encore des facteurs météorologiques, comme les changements brusques de pression atmosphérique.

Il est important de comprendre que ces déclencheurs ne sont pas la cause fondamentale de la migraine. Cette cause reste encore largement méconnue. Les recherches suggèrent qu’il pourrait y avoir une prédisposition génétique à la migraine qui, en combinaison avec certains facteurs environnementaux, conduirait à l'apparition des crises.

Pour découvrir les facteurs déclenchants de la migraine, on consigne les maux de tête dans un calendrier, comme celui de Migraine Québec, ou sur une application, comme le Calendrier canadien des migraines, de Migraine Canada. «On y note les symptômes, leur durée et ce qui semble soulager ou aggraver la crise. On indique également l’heure de début du mal, le lieu où l’on se trouvait et l’activité en cours toujours au début de la migraine, ainsi que ce qu’on a mangé ou bu dans les 24 heures précédant la crise», explique la Dre Eghtesadi. Ces renseignements peuvent se révéler précieux pour soi-même et pour le médecin, qui pourra alors établir un plan de traitement sur mesure.

«La fréquence mensuelle des migraines et l’utilisation d’analgésiques aigus doivent être inscrites sur un calendrier pour un suivi médical approprié, poursuit la Dre Eghtesadi, particulièrement pour repérer les patients à risque de développer des céphalées de rebond causées par la surexposition du cerveau aux analgésiques aigus, tels que l’acétaminophène, l’ibuprofène, les triptans, le butalbital et les opiacés.»

Notre mode de vie peut également influencer la fréquence et l’intensité des migraines. Pour les atténuer, il est recommandé de manger à sa faim sans sauter de repas, de boire suffisamment d’eau, de modérer la consommation d’alcool, d’avoir une bonne hygiène du sommeil, de prendre du temps pour se détendre, que ce soit par le massage, la méditation, le yoga ou toute autre activité apaisante, et de faire régulièrement de l’exercice.

 

Du nouveau dans les traitements

Si le mode de vie peut aider à atténuer les migraines, il faut dans certains cas se résoudre à prendre des médicaments. Auparavant, en cas de migraines sévères ou chroniques, les seules options thérapeutiques en prévention de la migraine qui s’offraient à nous étaient des traitements non spécifiques, comme les bêtabloquants, certains antidépresseurs ou antiépileptiques.

S’ils apportaient un certain soulagement aux patients et espaçaient les crises, leur efficacité variait et ils s’accompagnaient parfois d’effets secondaires significatifs.

Dans ce contexte, l’arrivée de médicaments ciblant un élément central des crises migraineuses est perçue par les experts comme une véritable révolution thérapeutique. Cette cible est le PRGC, un neurotransmetteur inflammatoire présent naturellement dans notre organisme. Pendant une crise de migraine, une grande quantité de PRGC est libérée, provoquant une inflammation cérébrale et une dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui pourrait être à l’origine des douleurs intenses associées à la migraine. Une recherche récente a d’ailleurs montré que les variations hormonales affecteraient la libération du PRGC.

Deux nouvelles classes de médicaments viennent d’arriver au Canada pour soigner les migraines: les anticorps monoclonaux inhibiteurs de PRGC et les gépants. «Les inhibiteurs de PRGC fonctionnent en bloquant l’action de cette molécule ou de son récepteur, ce qui peut aider à prévenir l’apparition de migraines», explique Patricia Poulin. Ces médicaments sont généralement administrés une fois par mois ou aux trois mois par injection. Ils ont l’avantage d’avoir une action prolongée dans l’organisme, qui dure plusieurs mois.

Les gépants, quant à eux, sont une autre nouvelle classe de médicaments sous forme de comprimés. On les emploie pour traiter les migraines aiguës ou pour les prévenir.

 

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