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Retourner au travail après une dépression

Retourner au travail après une dépression

  Photographe : Marie-Eve Tremblay | Colagene.com

Cet été, ma sœur a soufflé ses 40 bougies. Le passage à la quarantaine s’est révélé de la petite bière à côté de l’épreuve qu’elle a vécue au printemps. Au bout de six mois d’absence, Maryse est retournée au travail sans tambour ni trompette. Elle ne revenait pas d’un congé de maternité ni d’un congé sabbatique en Islande: ma sœur revenait d’une dépression majeure!

Comme bien des gens dans sa situation, Maryse appréhendait ce retour qui n’allait certainement pas passer inaperçu. Depuis le premier jour de son congé de maladie. Elle avait peur du jugement des quelque 40 collègues de son service. Surtout que son départ n’avait pas été des plus discrets. Les derniers temps, Maryse était hypersensible au travail. Elle avait pleuré. À plus d’une reprise. Et des collègues l’avaient vue. 

«J’avais peur d’être jugée, d’être considérée comme une personne faible, me confie-t-elle. Pour moi, c’était difficile, parce que j’avais toujours laissé voir que j’étais une personne forte et travaillante. Je ne pensais jamais me rendre jusque-là!»

Les craintes à l’égard des collègues sont communes chez les personnes qui reviennent d’un congé de maladie, constate le psychologue du travail, Nicolas Chevrier. Les gens craignent d’être perçus comme quelqu’un qui a laissé tomber l’équipe ou qui est à l’origine d’une surcharge de travail. Or, dans la plupart des cas, il n’en est rien. «Il faut faire confiance à ses collègues, conseille-t-il. J’ai rarement vu des milieux où les gens étaient mal accueillis à leur retour. Au lieu de s’isoler, il faut plutôt aller dîner avec ses collègues. Cela dit, rien nous oblige à dévoiler les raisons de notre absence. Si les gens sentent qu’on n’a pas envie d’en parler, ils vont comprendre et nous parler de hockey ou de météo.»

Les collègues de ma sœur ont effectivement été nombreux à lui souhaiter un bon retour. C’est ce qu’on leur avait conseillé de dire à ceux qui reviennent d’un congé de maladie comme le sien, lors d’une formation en entreprise. «Le plus drôle m’a dit: “Ah! Salut. T’as retrouvé tes clés?” Ça m’a beaucoup fait rire! raconte-t-elle. D’autres ont été plus maladroits, mais je sais que ce n’était pas méchant.»

Lorsqu’on se remet d’une dépression ou d’un épuisement professionnel, il est important de préparer la reprise du travail, rappelle Nicolas Chevrier. «Une rencontre avec notre supérieur, quelques semaines avant notre retour est essentielle, afin de s’entendre sur son déroulement, sur nos objectifs professionnels ainsi que sur nos attentes et celles de l’organisation. Les employés éprouvent souvent de l’inquiétude. Pourtant, ils sont généralement accueillis à bras ouverts.»

Peu importe la raison pour laquelle on s’est absenté, revenir au boulot après une absence prolongée nécessite toujours une période d’adaptation. Selon Nicolas Chevrier, dans la plupart des cas, la fatigue ressentie au cours des premières semaines, voire des premiers mois, peut en surprendre plus d’un. «Il est important de se fixer des objectifs réalistes et faciles à atteindre, afin d’être satisfaits de nos journées et d’éviter que le stress et la fatigue s’installent dès notre retour.»

Pour ma sœur Maryse, un retour progressif, étalé sur un peu plus de six semaines, a été hautement bénéfique. Une formule qui devrait toujours être appliquée en pareil cas si l’on veut prévenir une rechute, croit Nicolas Chevrier. «Souvent les gens pensent que ce n’est pas nécessaire ou que le patron ne voudra pas, et ils retombent encore plus bas que la première fois.»

Après plusieurs mois d’absence, doit-on espérer que les choses redeviennent comme avant? Selon le psychologue, ce n’est pas toujours souhaitable, surtout lorsqu’on se remet d’un épisode d’épuisement professionnel. «Ce genre d’expériences nous permet d’apprendre à faire les choses différemment: nos façons de travailler, de voir les choses, de concilier le travail et la famille, etc. Il doit y avoir un avant et un après. Dans tous les cas, espérer que les choses soient comme avant n’est pas une attente réaliste!» conclut Nicolas Chevrier.

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