Travail
Débordée, 5 façons de s'en sortir
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Débordée, 5 façons de s'en sortir
Pour regagner de notre précieux temps, on peut...
Recentrer nos priorités. «Trop souvent, on est en mode réaction, c'est-à-dire qu'on ne décide pas vraiment de tout ce qu'on fait, dit Denyse Normand, formatrice en gestion du stress, du temps et des priorités. On éteint des feux toute la journée.» Pour reprendre le contrôle, elle conseille d'identifier ce qui est important pour nous et de faire des choix en conséquence. Est-ce vraiment ce que je veux? Qu'est-ce qui compte le plus pour moi? Voilà autant de questions à se poser. Ainsi, c'est parce que Farrah et son conjoint ont fait cette réflexion que leurs enfants n'ont ni cours parascolaires ni activités sportives organisées. «Nous avons tenté l'expérience, mais nous n'étions pas bien là-dedans. Il fallait courir pour arriver à l'heure, mettre en place une logistique compliquée. C'était stressant.» Les jeunes parents se sont rappelé leur priorité: passer du temps agréable en famille. Désormais, ils préfèrent organiser des sorties avec leurs enfants au moment qui leur convient et non selon un horaire imposé.
Avec les priorités viennent aussi les renoncements et les compromis, met cependant en garde Mélanie Paquet. Par exemple, on renonce à acheter une plus grosse maison parce qu'il faudrait travailler davantage pour la payer, ce qui viendrait en contradiction avec notre désir de passer plus de temps avec notre conjoint. Ou encore, on peut remettre à plus tard notre ambition de décrocher une promotion parce qu'on veut prendre soin de notre mère malade.»
Un renoncement, Sophie, 28 ans, en a fait un gros. Propriétaire d'une entreprise de huit employés spécialisée en marketing, elle n'a trouvé personne pour la remplacer pendant son congé de maternité. Trois semaines après la naissance de Loïc, elle était de retour au bureau. «Être en affaires exige de longues heures. Je ne voyais presque pas mon fils. Je courais tout le temps. Je rognais sur mes heures de sommeil. J'étais déchirée entre mes rôles de mère et de femme d'affaires.» Elle a alors posé un geste crève-coeur: fermer son entreprise. Elle occupe désormais un emploi où elle n'a pas à effectuer de temps supplémentaire. «Mon stress est tombé. Je suis de meilleure humeur. Je profite à plein de mon fils, qui a maintenant 14 mois.»
Heureusement, il n'est pas toujours nécessaire de poser des gestes aussi draconiens pour être en paix avec nos valeurs. C'est parfois aussi simple qu'aviser nos collègues et notre patron qu'on quittera le bureau à 17 h pile pour assister au spectacle de notre fille à l'école. Et tant pis pour les urgences de dernière minute!
Enfin, Denyse Normand suggère de consacrer cinq minutes en fin de journée à dresser une liste des tâches à accomplir le lendemain. «On y va en tenant compte de nos priorités. Il importe d'être réaliste à propos de ce qu'on peut accomplir pendant le temps dont on dispose. Cela signifie ne pas se surcharger et laisser des cases vides pour les imprévus.»
Diminuer nos exigences. Manon, 34 ans, est une maman à la maison de trois enfants de 6 ans, 3 ans et 14 mois. «Au premier et au deuxième, j'étais très exigeante envers moi-même. Je voulais passer beaucoup de temps à jouer et à stimuler les enfants. Je voulais aussi une maison impeccable.» Manon était donc facilement submergée et s'accordait peu de répit. À la naissance de bébé numéro trois, elle s'est mise à relativiser. «De la vaisselle qui s'empile ou des jouets qui traînent, ça n'a jamais tué personne. J'ai décidé de me donner un peu de lest. C'est épuisant, à la longue, d'essayer de tout faire à la perfection.» Du coup, elle a réalisé qu'en se mettant moins de pression elle était plus épanouie et que cela ne pouvait qu'être bénéfique pour sa marmaille. Alors, y a-t-il une tâche, au moins une, qu'on peut faire moins bien?
Aussi, on raye de notre vocabulaire les mots «il faut» et on les remplace par «j'aimerais». «Cela transforme notre façon de voir les choses, soutient Nicolas Chevrier. Le fameux "il faut" nous enlève beaucoup de contrôle sur notre vie et suscite des émotions négatives quand on n'arrive pas à tout faire.»
Déléguer. On doit s'efforcer de combattre notre réflexe de nous occuper de tout parce que c'est moins compliqué de le faire nous-même, parce qu'on veut que ce soit fait à notre façon, parce qu'on l'a toujours fait, etc. Plutôt, on se demande systématiquement s'il est possible de déléguer. Peut-on répartir le travail entre collègues? Confier une tâche à un employé plus jeune et, ainsi, lui offrir une occasion d'apprendre? Demander un coup de main? À la maison, le partage des tâches ménagères et des soins à donner aux enfants est-il inéquitable? Dans ce cas, une discussion corsée avec notre conjoint s'impose. On met aussi les enfants à contribution. Ceux de Farrah se voient confier des tâches dès cinq ans, comme faire leur lit et ramasser leur linge sale. «Ce n'est pas parfait, mais c'est fait, et c'est tout ce qui compte», dit Farrah. Pour elle et son conjoint, c'est 10 minutes de gagnées. Les garçons de 10 et 12 ans préparent même des omelettes, des crêpes ou d'autres repas simples. Ils donnent un coup de main et, en prime, ils développent leur autonomie. Qui dit mieux?
Apprendre à dire non. Un oui donné à contrecoeur coûte cher. On se retrouve débordée et stressée à faire des activités qu'on n'aime pas ou qui ne correspondent pas à nos priorités et à nos besoins. Pour Marcia Pilote, «ne pas oser dire non, c'est avoir peur de perdre quelque chose». Peur de perdre une amitié, de décevoir, de fâcher, etc. Pour poser ses limites, l'animatrice s'inspire de cette pensée: «Le jour où on cesse d'avoir peur de perdre, on commence à gagner.» Elle conseille de dresser un bilan quotidien de ce qu'on a aimé ou pas, des demandes qu'on a acceptées, refusées. «Ça aide à mieux nous connaître et à prendre conscience de notre difficulté à dire non. Après quelque temps, on gagne de la confiance et on arrive davantage à refuser quand c'est nécessaire.»
S'il est trop difficile d'opposer un non catégorique ou si on est incertaine, on demande un délai de réflexion, puis on pèse le pour et le contre en tenant compte de nos priorités. Dans certains cas, refuser, c'est dire oui à nos propres intérêts, comme passer plus de temps avec nos enfants, renforcer notre couple, réussir une formation, compléter un mandat à temps. Avec cette démarche, on diminue les «J'aurais donc dû dire non» qui nous minent la vie.
Par ailleurs, le non partiel est une option particulièrement indiquée dans un contexte professionnel. «Par exemple, on propose de réaliser une partie du travail seulement, dit Denyse Normand. On peut aussi demander un échéancier plus lointain, l'ajout de personnel supplémentaire ou de l'aide pour nos tâches habituelles.» Bref, on renégocie certains aspects. Notre refus à la demande initiale se transforme: «Je te dis oui, mais à telle ou telle condition.»
Penser à soi. «Avez-vous déjà vu un homme se sentir coupable sur un terrain de golf? lance Marcia Pilote. On devrait prendre exemple sur eux.» Bon nombre de femmes, en effet, culpabilisent ou craignent d'être jugées lorsqu'elles prennent du temps pour elles. «Il faut faire taire cette petite voix intérieure», exhorte l'animatrice. Manon a suivi cette consigne. En plus de suivre un cours de yoga, elle organise des rencontres créatives entre filles, sans les enfants, pour coudre ou faire du scrapbooking. «Ça m'apaise... et ça contribue à faire de moi une meilleure maman!»
Plus concrètement, on bloque à l'agenda ces activités qui nous font du bien au lieu de se dire qu'on ira peut-être au gym ou prendre un café avec une amie. «Sinon, ce seront les premières qu'on laissera tomber quand on sera bousculée par le temps», avertit Denyse Normand. Et c'est non négociable. Le plus beau, c'est qu'on n'a même pas à se trouver d'excuse: les recherches prouvent qu'on est plus productive et créative quand on se permet des moments de détente.