Psychologie

Savez-vous apprivoiser le changement?

Savez-vous apprivoiser le changement?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Savez-vous apprivoiser le changement?

La vie est faite de changements, petits ou grands, souhaités ou imposés, tristes ou joyeux. Comment s’adapter? Comment savoir s’il est temps de changer?

La vie serait bien plus facile si on avait le contrôle sur les événements, les gens et les moindres détails de notre destinée. Évidemment, ce n'est pas le cas. Dans sa mouvance, la vie nous réserve des changements qui nous sont imposés et avec lesquels on doit composer: reprise de notre logement par le propriétaire, accident, maladie, abandon par l'être aimé, faillite personnelle, décès d'un proche, changement de patron, nouvelle technologie au travail, perte d'emploi, etc. Qui n'a jamais été chamboulée par le changement? Avec l'économie qui tourne au ralenti et le grand mouvement vers l'austérité du gouvernement québécois, nous serons sans doute plus nombreuses que jamais à vivre des situations qu'on n'a pas choisies ni voulues.

Valérie, cadre dans l'industrie des communications, a récemment traversé une tourmente professionnelle lors d'une réorganisation majeure au travail. Avec Internet et les médias sociaux, son secteur d'activité avait déjà été transformé en profondeur ces dernières années. Et Valérie, comme les autres travailleurs, s'est adaptée. «Ce que je fais aujourd'hui n'a presque plus rien à voir avec ce que je faisais il y a 5 ans», dit-elle. Malgré cela, elle a vécu les changements «à la puissance 1000» mis en oeuvre par son employeur assez durement. «En quelques semaines, toute la structure de l'entreprise a été modifiée, raconte-t-elle. Mes tâches, mes responsabilités, tout a changé.»

Pendant cette période, la femme de 40 ans a vécu des montagnes russes d'émotions. «J'avais le sentiment de perdre le contrôle sur ma carrière. Je me questionnais sur ma capacité de réussir, je me demandais si j'aimerais toujours mon travail. C'était très insécurisant. Je sortais du bureau vidée, stressée, et j'étais moins patiente avec mes enfants.» Pour passer à travers, Valérie s'est appuyée sur ses collègues.

«Notre équipe est tissée serré. Nous avons tous retroussé nos manches pour repenser ensemble nos façons de travailler.»

«Chaque personne réagit à sa façon à une épreuve ou à tout autre changement imposé, dit Evelyne Trahan, psychologue à la Clinique Psychologie Santé. Il faut être indulgent envers soi et éviter de s'en vouloir d'être découragé, très en colère ou d'avoir de la difficulté à reprendre sa vie en mains.»

Cela dit, lorsque le changement est professionnel, c'est notre prérogative de choisir de rester et de s'adapter, ou de quitter pour tenter notre chance ailleurs. D'autres épreuves n'offrent pas cette option. C'est le cas de Kathy, dont une véritable tragédie a bouleversé la vie: le décès prématuré de son époux à seulement 46 ans. Elle qualifie cette épreuve de tsunami: la première vague est survenue lors du diagnostic de cancer incurable, la seconde, au décès. «Au début, je n'arrivais pas à y croire. Puis, j'ai été très en colère et j'ai ressenti de l'injustice. Pourquoi lui? Son décès a été la fin de mon monde, le vide total. J'ai peu de souvenirs des premiers mois. Je fonctionnais sur le radar.»

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Consciente qu'elle était en train de sombrer, Kathy a décidé de consulter et de se rapprocher des gens qu'elle aime. Le soutien des proches est en effet un des facteurs les plus significatifs pour surmonter un changement difficile. «Mais on ne doit pas s'attendre à ce que les gens devinent ce dont on a besoin, avertit Evelyne Trahan. Il faut exprimer quel type d'aide on veut.» De l'écoute, des sorties, de menus services? Le fait de ventiler ses émotions en en parlant est toutefois essentiel.

Il importe également de distinguer ce sur quoi on n'a aucun pouvoir (par exemple, si on est hypothéquée par la maladie: «Je ne retrouverai jamais mes capacités physiques d'avant») de ce qu'on peut contrôler («Je peux m'adapter à ma nouvelle condition physique»). Après le choc et la prise de conscience des pertes, faire preuve d'ouverture et de souplesse est un premier pas vers l'adaptation au changement. «L'idée, c'est de reprendre du pouvoir sur notre vie», souligne la psychologue. Il ne s'agit pas nécessairement d'accepter l'événement lui-même, mais plutôt d'accepter qu'il fait désormais partie de notre vie, qu'on ne peut l'effacer, et choisir d'aller de l'avant. «Ma peine est toujours immense, dit Kathy. Mais j'ai recommencé à prendre soin de moi et à faire du bénévolat. Et si je ne peux pas encore dire que je vais bien, je peux dire que je vais mieux.»

Selon ce qui nous arrive, on peut aussi se demander s'il y a des aspects positifs à la situation. Ainsi, avec la réorganisation au bureau, Valérie a acquis de nouvelles compétences en plus de trouver du plaisir dans certaines de ses nouvelles tâches. «Il y a des aspects qui me déplaisent et j'ai dû renoncer à des tâches que j'aimais, mais j'ai choisi de me concentrer sur les bons côtés. C'est ce qui m'a motivée à m'adapter.»

Les changements qu'on souhaite

Parfois, chaque fibre de notre corps appelle au changement. On veut s'installer à la campagne, adopter un chien, se remettre en forme? La passion («J'adore les chiens») ou la nécessité («Je dois cesser de fumer») est le carburant qui nous donne le courage de passer à l'action. C'est ce qu'a vécu Chantal, il y a quelques années, lorsqu'elle s'est expatriée en Suède pour le travail de son conjoint. «Comme il est plutôt casanier, j'ai été surprise la première fois qu'il m'a parlé de son projet. Mais l'idée m'a tout de suite allumée. J'avais très envie de vivre cette expérience.»

L'adaptation a été étonnamment facile, même si, à Stockholm en hiver, le soleil est couché 18 heures par jour. «Les grands espaces, la mer tout autour, nous sommes tombés en amour avec la Scandinavie, poursuit-elle. Chaque week-end, chaque semaine de congé était l'occasion de visiter la région ou de voyager en Europe. Ces trois ans et demi ont été une belle aventure en famille!»

Toutefois, le besoin et la volonté de changer ne se révèlent pas toujours à nous aussi clairement que cela l'a été pour Chantal. Comment savoir s'il faut changer? si on veut réellement changer? Selon Marie Dessaint, coach, conférencière et auteure spécialisée dans les transitions de vie, c'est notre voix intérieure qui nous le confirme. «Plus elle est insistante, plus il est nécessaire d'écouter ce qu'elle cherche à nous dire.» Par exemple, on peut avoir l'impression que notre vie n'a plus de sens, qu'on n'est pas à notre place ou encore ressentir une sorte de malaise généralisé ou d'inconfort persistant. On peut aussi être insatisfaite d'un aspect de notre vie ou vouloir combler un besoin qu'on avait mis de côté. Mais attention! «Il faut éviter de changer sur un coup de tête, car on risque de se tromper ou de le regretter», met en garde la coach. Plus le changement est important ou difficile, plus il doit être réfléchi.

Marie-Claude peut en témoigner. Son couple battait de l'aile depuis trois ans quand elle a décidé d'y mettre fin. «Nos personnalités étaient très différentes, et ce qui était un plus au début s'est transformé en fardeau. L'insatisfaction grandissait de part et d'autre. Je m'étiolais, j'étouffais une partie de moi, ma vie ne me convenait pas.» En quittant son conjoint des 15 dernières années, la femme de 39 ans a voulu retrouver la fille allumée, optimiste et débordante d'énergie et de projets qui s'était effacée en cours de route, mais qui cherchait à refaire surface.

Quand, comme Marie-Claude, on veut opérer un changement majeur, il importe d'être à l'écoute de soi et de bien se connaître. Marie Dessaint conseille de faire un bilan de vie. Qui suis-je? Qu'est-ce que je veux? Quelles sont mes valeurs? mes forces? Quelle est l'origine véritable de mes difficultés? «On doit renouer avec celle qu'on est vraiment derrière nos masques sociaux et professionnels », dit-elle. On se demande aussi si le changement envisagé est la réponse adéquate. «Certaines personnes identifient mal leur besoin, ou encore cherchent le changement de façon compulsive sans jamais être satisfaites, indique pour sa part la psychologue Catherine Boulé. Le changement leur sert alors de fuite et ne réglera rien.»

Vers l'inconnu

Il est normal d'avoir le vertige devant le changement, même souhaité. «Je craignais de ne pas être capable ou de ne pas aimer ça», dit Myriam, qui est retournée aux études en soins infirmiers après 10 ans comme maman à la maison. Heureusement, ses craintes se sont avérées infondées, mais elles font partie de la démarche typique du changement. La peur de l'inconnu, de l'échec ou du jugement des autres, l'incertitude, les réactions négatives ou mitigées de notre entourage, l'impression qu'on ne sera jamais tout à fait prête, le manque de confiance en soi, la culpabilité de penser à soi sont tous des facteurs qui peuvent freiner nos élans. L'important, c'est d'être consciente que nos pensées peuvent être paralysantes et d'essayer de relativiser, selon Catherine Boulé. Pour nous aider dans notre décision, elle suggère de dresser la liste des pour et des contre, et d'y aller à petits pas. «La motivation vient avec l'action. Par exemple, si on veut changer d'emploi, on commence par s'informer sur le marché du travail.»

Et quand on décide de faire le saut, on doit aussi prendre conscience que la transition ne sera pas nécessairement un long fleuve tranquille. Tout changement, voulu ou non, agréable ou désagréable, provoque un déséquilibre et, donc, du stress. On peut douter, avoir des pensées agitées, ressentir un sentiment de perte de contrôle, faire de l'insomnie. De plus, il faut réaliser et surtout accepter que les changements, même souhaités, entraînent presque toujours des pertes. Par exemple, le séjour en Suède de Chantal et de sa famille a été formidable, mais il a aussi créé un froid avec certains amis, qui se sont sentis abandonnés. Même au retour, cette cassure n'a pu être réparée.

Marie-Claude, de son côté, ne regrette pas sa décision, mais elle a dû faire son deuil de la famille unie. «J'éprouvais un grand soulagement, mais en même temps, j'étais nostalgique de la vie de famille. J'étais triste également de ne plus être témoin de la relation entre mes enfants et mon ex, un très bon père.» Même si on a pris l'initiative du changement, «il faut se permettre de vivre les émotions négatives qui nous assaillent, les nommer et en parler à des proches», insiste Catherine Boulé.

Pour traverser cette période, Marie-Claude s'offrait des petits plaisirs quand les enfants étaient chez leur père, comme bouquiner après le travail ou inviter des amies à souper les soirs de semaine. Elle se raccrochait aussi à ses objectifs: retrouver sa vraie nature et être heureuse à nouveau. C'est ce que fait aussi Myriam quand son retour sur les bancs d'école est plus pesant. «Lorsque j'ai une baisse d'énergie ou de motivation, je me recentre sur ma volonté d'améliorer le sort de ma famille et d'être un modèle de détermination et de persévérance pour mes enfants.»

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