Psychologie

Recevoir pour les fêtes: plaisir ou cauchemar?

Recevoir pour les fêtes: plaisir ou cauchemar?

  Photographe : Getty Images

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Recevoir pour les fêtes: plaisir ou cauchemar?

N’est pas Martha Stewart qui veut. Pour certaines, cuisiner est un calvaire, et toute la préparation ainsi que les conventions entourant l’acte de recevoir, un énorme stress. 

Et si l’on vous disait que vous n’êtes pas seule!

 

Question de génération?

Recevoir la parenté et les amis pendant les fêtes fait partie des traditions. Et pas que chez nous... Il s’agit d’un rituel universel. «De tout temps, on a créé des liens sociaux à travers la nourriture, qui est un symbole de vie. Se réunir est donc un acte fondamental dans toute société humaine», explique Jean-Philippe Warren, sociologue et auteur du livre Hourra pour Santa Claus! – La commercialisation de la saison des fêtes au Québec.

On a tous en tête nos Noëls d’antan – qu’on a parfois tendance à idéaliser à mesure que les années passent – et ce souvenir peut ajouter un poids. De plus, la vie de nos grands-mères et de celles qui les ont précédées ne ressemblait en rien à la nôtre. À l’époque, on définissait beaucoup le rôle social de la personne qui recevait par son acte de rassembler et de nourrir toute la parenté. «La mère, parce que c’était celle sur qui reposait cette responsabilité, se valorisait beaucoup à travers ce geste. Mais la fibre de cette figure sacrificielle s’est évanouie et ne convient plus», rappelle le sociologue.

Les réunions de famille renforcent nos liens sociaux; on le concède. Mais la réalité n’est pas si simple. Le casse-tête du «qui va recevoir?» peut susciter des frustrations et faire naître des attentes qui gâchent l’esprit de Noël avant même que le calendrier affiche décembre.

 

Entre pression et plaisir

Être l’hôte des festivités peut se révéler fort agréable et satisfaisant, à condition de se sentir à l’aise dans ce rôle. Si la pression s’en mêle, le plaisir s’effrite. À vouloir recréer des Noëls «comme avant» ou aussi parfaits que ceux qu’on voit sur les réseaux sociaux, on s’y perd.

De plus, la famille n’a pas à tenir pour acquis que parce qu’on est l’aînée ou qu’on possède la maison la plus grande, on sera systématiquement l’organisatrice en chef. La crainte de décevoir et le poids des traditions peuvent cependant faire en sorte qu’on se fasse violence... Dès lors, recevoir devient une «tâche». «Le problème, c’est quand le sentiment d’obligation ou d’imposition s’infiltre. Les “il faut” et “je dois” apportent beaucoup de rigidité. On se doit d’être plus à l’écoute de ce dont on a besoin. Il faut être capable d’être flexible et de s’adapter selon le contexte actuel en considérant notre temps, notre énergie, nos finances ou notre situation personnelle», précise Amélie Seidah, psychologue et autrice de L’anxiété apprivoisée – Transformer son stress en ressource positive.

Avouer qu’on n’aime pas recevoir demeure tabou (un interdit dont on devrait se défaire). «C’est correct de dire qu’on trouve ça lourd. Cela évite de cumuler des frustrations qui risquent de faire sauter le couvercle du presto. Parfois, on croit à tort qu’on sera mal perçue. On oublie que de ne rien dire est souvent pire, car c’est ce qui crée de la distance», note la psychologue. D’autant plus que si l’on tarde à s’affirmer, l’accumulation de colère, d’amertume et de ressentiment teintera notre discours. Si l’on ne dit rien, on ne peut pas présumer que les autres vont deviner. Peut-être qu’ils n’osent pas nous proposer de prendre le relais de peur de nous froisser? Si chacun se tait, personne n’est gagnant.

Amélie Seidah conseille de dénouer notre boule de crainte et d’inconfort en parlant avec honnêteté. Une suggestion pour vous inspirer: «J’aimerais ça recevoir cette année, mais en toute transparence, j’ai eu un automne difficile. Qu’est-ce qu’on pourrait faire ensemble pour y arriver?»

Parler témoigne d’une qualité de communication, d’une marque de confiance. On hésite encore? Et si quelqu’un venait nous dire ce qu’on s’apprête à confier, quelle serait notre réaction? On l’aiderait, on serait là pour lui. On ne le verrait pas comme quelqu’un de faible, on serait touchée qu’il ait osé ouvrir la discussion. Pourquoi serait-ce différent dans notre cas?

 

Se rendre utile

On arrive tout juste à faire bouillir de l’eau et l’on ne maîtrise pas l’art de la table? Soit! Mais reconnaissons le travail abattu par notre hôte et soyons agréable à côtoyer. On peut suggérer une formule «potluck» pour soulager un peu notre sœur. (Un saut chez le traiteur, c’est si vite fait!) On est un peu serrée ce mois-ci? On aide pour le service, on fait une partie de la vaisselle; on se rend utile. Si l’on reste assise et qu’on se permet des commentaires désobligeants sur la nourriture et l’ambiance, il se peut bien que l’invitation ne se rende pas jusqu’à nous la prochaine fois!

 

recevoir fêtes

© Getty Images

 

Je n’aime pas recevoir, parce que...

... je suis trop à la bonne franquette et je sens que ça déplaît.
... je trouve épuisant de devoir m’assurer du plaisir et du bien-être de tous les invités.
... je n’ai pas les ressources financières nécessaires.
... je déteste avoir des gens chez moi.
... je n’ai pas assez d’espace à la maison.
... les gens ne partent plus!
... les enfants des autres m’énervent et foutent le bordel!

 

3 conseils pour retrouver l’essentiel

Pour un Noël plus doux, on évite les solutions draconiennes qui écorchent les liens et qu’on risque de regretter. La psychologue Amélie Seidah propose de se fier à l’acronyme ROC pour nous aider dans notre réflexion.

Ralentir

On prend un peu de recul pour remettre les choses en perspective. On se rappelle qu’on organise le temps des fêtes pour soi et les nôtres, et non pour épater la galerie sur Instagram! 

Observer

On observe ce qui nous bloque émotionnellement et ce que nous dit notre tête. On démêle notre boule d’inconfort. On essaie de trouver ce qui nous rend triste, ce qui nous fâche, ce qu’on aime, ce qui nous pèse, ce qui nous cause du stress, etc. Plus que tout, on se demande: «Si je m’en donnais la liberté, qu’est-ce que je ferais?» 

Choisir

On prend la décision qui nous convient.

Il est bon de se rappeler qu’il n’y a pas qu’une seule recette gagnante pour fêter Noël et que celle qu’on suivait n’a pas à être reconduite si elle ne convient plus. Noël se renouvelle, et c’est très bien ainsi. 

 

6 idées pour faire diminuer la pression
  • Faire les courses avec une amie.
  • Préparer des mets à l’avance avec des membres de la famille.
  • Trouver des raccourcis pour gagner du temps (repas traiteur, acheter les légumes déjà parés, etc.).
  • Couper le superflu.
  • Demander aux enfants de préparer la playlist.
  • Diminuer ses attentes côté ménage. Après la réception, ce sera à recommencer. Est-ce absolument nécessaire?

 

5 conseils pour être une bonne invitée 

Si l’on ne reçoit pas chez soi, on peut toutefois être une super invitée qui donne envie aux hôtes de nous accueillir de nouveau l’an prochain...

  • Apporter une bonne bouteille de vin.
  • Offrir un cadeau «détente».
  • Prendre le temps de remercier les hôtes le lendemain.
  • Manifester son appréciation au cours de la soirée.
  • Proposer son aide pour épauler ceux qui reçoivent et même prendre les devants (laver un peu de vaisselle, ramasser les emballages cadeaux, etc.).

 

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