Psychologie

Comment bien profiter de ses week-ends?

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Comment bien profiter de ses week-ends?

iStock Photographe : iStock Auteur : Coup de Pouce

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Comment bien profiter de ses week-ends?

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On multiplie les tâches plates jusqu’au dimanche soir... puis on verse une larme parce que le week-end est fini? Oui, c’est possible de vraiment profiter de nos week-ends. Voici comment.

Le week-end arrive enfin? Un sentiment qui dure environ 10 minutes, avant de commencer à penser à la grande corvée de jardinage, aux beaux-parents qu'on reçoit pour le brunch dimanche, au cadeau qu'on doit acheter pour le shower de notre meilleure amie... et à la brassée de serviettes qui attend depuis quelques jours. Les fins de semaine, synonymes de paix?

«Historiquement, les dimanches étaient habituellement réservés à trois choses: aller à l'église, se reposer et visiter la famille», relate E.-Martin Meunier, titulaire de la Chaire de recherche Québec, francophonie canadienne et mutations culturelles de l'Université d'Ottawa. Mais depuis 1992, au Québec, on autorise l'ouverture des commerces le dimanche, ce qui permet à plusieurs familles d'alléger l'horaire de la semaine... tout en surchargeant celui du week-end!

«Alors que je fais l'épicerie le samedi ou le dimanche, quand j'étais petite, ma mère allait au marché tous les jeudis, après le dépôt de la paie. Et le dimanche? Nous allions souper chez mes grands-parents, une tradition qui s'est poursuivie avec mes parents», explique Marie-Josée, 41 ans.

Dans ce mélange de traditions qui perdurent et de nouvelles possibilités de configurer nos horaires comme bon nous semble, on a l'impression d'avoir tout de même évacué la notion de repos pourtant si cruciale durant le week-end. «Dans les années 40, 50, 60, le temps était socialement réglé: tout le monde faisait la même chose en même temps, notamment se reposer le dimanche. On est passé d'une culture où le "mode d'emploi" était donné, où tout le monde partageait le même temps, à un monde où le temps est de plus en plus individualisé, et où, conséquemment, chacun peut, mais aussi doit, créer son propre horaire», ajoute E-Martin Meunier.

Un horaire qui compterait plus de temps qu'on ne le pense, selon l'auteure américaine Laura Vanderkam. Dans son court livre électronique What the Most Successful People Do on the Weekend (qui n'est malheureusement pas traduit), elle a interviewé des gens à l'horaire bien rempli afin de connaître leur secret pour avoir des week-ends plus agréables. Son premier constat? Du temps, on en a! «La fin de semaine commence à 18 h, lors de l'apéro du vendredi, et se termine le lundi matin, quand le réveil sonne. En tout, on dispose de 60 heures le week-end. Si on soustrait 24 heures de sommeil, il reste tout de même 36 heures pour participer à une foule d'activités et pour prendre des moments de repos.»

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Débordements à l'horizon
Si on a maintenant la possibilité d'organiser ces 36 heures comme on le souhaite, pourquoi manque-t-on autant de temps? Que s'est-il passé pour que, soudainement, il devienne aussi difficile de souffler pendant le week-end?

Tout d'abord, pour certains, se reposer demeure pratiquement impossible. «Ces personnes, qui ont un grand sens du devoir et des obligations, sont incapables de sauter une semaine de ménage ou d'aller faire l'épicerie un mardi soir si elles le font habituellement le samedi. Elles considèrent la détente comme une forme de paresse ou de lâcheté. Et lorsque leur horaire déborde, impossible d'enlever quoi que ce soit», précise Julie Roussin, psychologue.

D'autant plus que, socialement, avoir un horaire surchargé, c'est tout de même plutôt valorisé. «Généralement, on a tendance à être plus fière de dire à notre entourage - en soupirant! - qu'on n'a pas arrêté de la fin de semaine que d'avouer qu'on s'est tapé deux saisons de notre émission de télé préférée en une seule journée», ajoute la psychologue.

Savoir s'arrêter pour mieux rebondir dans l'action de nos vies, c'est un peu le gagne-pain de Manon Lavoie, coach certifiée en créativité et psychologie positive. Quelques fois par année, elle organise des retraites créatives de deux jours. «Les femmes arrivent le vendredi et déposent leurs bagages, dans tous les sens du terme. Rapidement, elles constatent à quel point cet espace temps rempli de calme les nourrit. Elles reprennent contact avec leurs propres ressources et refont le plein d'énergie. Elles reviennent dans leur quotidien avec un oeil différent, comme un petit virus positif qui les incite à revoir leurs priorités.» Parfois, de s'éloigner un instant du chaos peut nous permettre de poser un regard nouveau sur ce qui prend trop de place dans notre vie.

Cela dit, on n'a pas le choix: on doit cuisiner tous les jours (ou presque!), laver le linge au moins quand les tiroirs sont vides et gérer notre horaire et celui de chacun des membres de la tribu, qu'on soit 1, 2, 3... ou 10. Quand on travaille à temps plein, les week-ends deviennent rapidement la soupape pour accomplir l'ensemble des tâches de la maison. Chez certains, la solution passe par l'adoption d'un mode de vie plus simple.

«Pendant longtemps, je me suis mis beaucoup de pression afin de diversifier les repas de ma famille, pour m'apercevoir que, même si on mange le même plat deux jours de suite, personne n'en souffre tant que ça. Et moi, ça m'évite de passer tout mon dimanche aux fourneaux », explique Marie-Claude, 41 ans. Éliminer les possessions superflues (moins de ramassage) ou les amitiés qui nous bouffent du temps (moins de soupers moches avec des gens qu'on n'apprécie pas tant que ça) peut aussi alléger notre fardeau et nous permettre de décrocher davantage durant le week-end.

Et que dire de l'horaire de fin de semaine de nos petits? Cours divers, tournois sportifs, fêtes d'enfants... On a parfois l'impression que leur agenda est plus chargé que le nôtre!

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«On donne à nos enfants la possibilité de s'inscrire à des cours, mais, s'il n'y a rien qui les passionne, on ne les force pas. On y va vraiment en fonction de ce qui les intéresse», raconte Manon Lavoie, maman de trois enfants. Si les activités des enfants accaparent trop de notre temps, on doit s'assurer qu'on le fait pour les bonnes raisons et assumer nos choix. Et comme on n'est pas la seule à avoir un enfant qui joue au hockey, par exemple, il est possible de partager les responsabilités de covoiturage ou de réduire le nombre de participations à des matchs en dehors des pratiques régulières. «Dans la ligue de mon fils, on a toujours la possibilité de ne pas aller à un match. Même si mon garçon adore le soccer, il arrive parfois, pour le bien-être de la famille, qu'on décide de ne pas faire quatre heures de route pour aller jouer dans une autre ville», explique Valérie, 39 ans.

La clé pour arriver à tout boucler? Planifier. Car si on a une foule d'activités à caser durant le week-end, il devient d'autant plus important de tout prévoir, même les périodes de repos, ne serait-ce que pour s'assurer de trouver un moment agréable pour soi au milieu de tout ça.

S'organiser pour mieux se reposer
Planifier nos samedis le mercredi? « On ne devrait pas organiser nos week-ends par tranches de 15 minutes, mais c'est une erreur de penser que, si on ne planifie rien, on ne fera rien, précise Laura Vanderkam. Même si on dit qu'on ne fera rien, on finit toujours par faire quelque chose. Si on met à l'horaire des activités qui nous ressourcent, qui nous remplissent de bonheur, on risque d'être plus reposée et prête à reprendre le boulot, le dimanche venu». Elle suggère d'ailleurs de prévoir trois activités agréables au cours de la fin de semaine. «Le fait d'anticiper ces moments nous met dans un état de bonheur, même durant la semaine qui précède le week-end. On savoure ces bonheurs deux fois plutôt qu'une!» Pas besoin de grands projets: une heure à lire le journal sans être dérangée, un après-midi pour mitonner un repas plus élaboré, une virée à la bibliothèque du coin. Trois moments, c'est beaucoup trop? «Prévoyez au moins une activité agréable le dimanche soir. Vous aurez l'impression de repartir la semaine du bon pied, sans penser constamment au lundi qui s'en vient», propose-t-elle.

Et si ce lundi nous reste en travers de la gorge, dimanche après dimanche? S'il est normal de ressentir un peu d'angoisse à l'idée de reprendre le boulot lundi (parce qu'on travaille à un gros projet ou qu'on vient de vivre une restructuration interne, par exemple), on aurait intérêt à consulter si ce sentiment nous empêche de fonctionner. «Ça peut être un signe que notre travail ne nous convient pas, mais ça peut aussi provenir de notre façon de gérer notre vie (des attentes irréalistes, un horaire trop chargé, etc.). Un psychologue est la bonne personne pour nous aider à départager les raisons de notre insatisfaction», dit-elle.

Si l'organisation de nos week-ends nous cause encore des maux de tête, Laura Vanderkam rappelle, philosophiquement, que tout passe. «Dans la vie, il n'y a pas un stock infini de belles journées d'automne pour aller aux pommes et admirer de beaux couchers de soleil.» Ce serait dommage qu'on passe ces moments à faire une énième brassée de foncé ou à repeindre les volets. «La vie est courte, et, quand celle-ci déborde, on devrait se demander comment on veut vraiment utiliser le temps dont on dispose.»

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