Psychologie

Ciel, j’ai raté mes vacances!

Ciel, j’ai raté mes vacances!

  Photographe : Marie-Eve Tremblay / Colagene.com

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Ciel, j’ai raté mes vacances!

On les attend avec impatience, et parfois on retourne au boulot avec un sentiment de ne pas en avoir assez profité. Et si on se mettait trop de pression pour passer des vacances parfaites?

Néanmoins, il m’arrive trop souvent de reprendre le train-train quotidien avec l’amère et coupable impression de ne pas avoir assez profité de mes vacances. Un comble! Ce moment de répit n’est-il pas censé me faire juste du bien?

Quand j’y réfléchis, je me dis qu’il s’agit d’un problème purement mathématique. Plus mes vacances sont courtes, plus il est difficile de faire tout ce qui me permettrait d’en profiter pleinement. Pas nécessairement, me dit Julie Ménard, professeure en psychologie du travail et des organisations à l’UQAM et directrice du Laboratoire d’expertise et de recherche en psychologie et interventions au travail (LERÉPIT). En effet, il n’y aurait aucun consensus scientifique sur la durée optimale des vacances. «Peu importe leur longueur, les vacances sont bénéfiques puisqu’elles nous permettent de récupérer l’énergie émotionnelle, physique et cognitive dépensée durant l’année», explique la chercheuse. Surtout, bien au-delà de la durée, c’est la nature des expériences vécues et des activités réalisées durant cette période qui permettrait d’en maximiser les effets.

Selon Julie Ménard, pour être réellement récupératrices, nos activités devraient favoriser la relaxation, être plaisantes tout en suscitant un sentiment d’efficacité personnelle (comme par exemple améliorer notre revers au tennis), renforcer notre impression d’avoir le contrôle sur notre horaire ou encore nous permettre de décrocher du travail, en particulier des pensées négatives qui y sont liées.

Cela dit, l’un des problèmes est que, lorsque les vacances arrivent, on se retrouve avec un grand déficit d’énergie, alors qu’on a vraiment le goût de faire mille et une choses, constate la psychologue et coach de vie Sylvie Boucher. «Il est normal de vouloir maximiser notre temps, dit-elle. Mais il est aussi important de ne pas ignorer la fatigue ressentie et de s’accorder des périodes de repos.» Aussi, Julie Ménard rappelle qu’il est judicieux de ne pas tout miser sur les vacances pour refaire le plein, en s’épuisant à la tâche jusqu’à la veille de notre congé. Elle conseille plutôt de profiter des pauses et des heures de lunch au travail ainsi que des soirs et fins de semaine pour faire des activités qui nous plaisent et prendre le temps de nous reposer. Cela permet de commencer nos vacances en ayant plus d’énergie; il sera donc plus facile de récupérer et de réduire la pression du fameux congé estival.

Mais cet idéal des vacances parfaites, ce n’est pas seulement nous qui le visons: il existe bel et bien une pression sociale autour de cet Eldorado. Dès notre retour, les collègues se renseignent: «Tu es allée où? Tu as fait quoi?...» C’est aussi le sujet de prédilection dans les réunions de famille. Il est donc parfois difficile de répondre que, cette année, on est restés à la maison pour se reposer. Cette pression est aussi accentuée par l’omniprésence des réseaux sociaux où abondent les photos de bord de mer qui font paraître notre agréable séjour de camping un peu tristounet. Se déconnecter momentanément pourrait nous aider à couper court à ce genre de frustration.

De son côté, mon amie Liliane accepte désormais que tout ne se passe pas comme prévu. Avec deux enfants de trois et deux ans, profiter des vacances a pris un tout autre sens, quoi qu’en disent ses photos Facebook. «Oui, il m’arrive d’être déçue parce que je n’ai pas eu le temps ou l’énergie de faire certaines des activités planifiées.»

Consciente que sa situation n’est que temporaire, Liliane accepte aujourd’hui avec plus de sagesse que ses vacances ne soient pas aussi parfaites que souhaité.

Pour plusieurs, la planification reste un facteur clé pour en profiter. Toutefois, Sylvie Boucher rappelle qu’il ne faut surtout pas «surplanifier», mais plutôt miser sur un horaire équilibré et réaliste. «Les vacances doivent être détachées de la notion de productivité, dit-elle. Cela ajoute un stress inutile et nous épuise.» Pour y parvenir, on se donne le droit de décliner certaines invitations et on se réserve des moments de temps libre.

Une autre manière de ne pas passer à côté de nos vacances est de profiter du moment présent, d’après Sylvie Brousseau. Un conseil simple, mais pas toujours facile à suivre… Et pourtant, «ici et maintenant» est une belle devise pour vraiment apprécier notre congé. Apprécier le souper entre amis sans penser à la montagne de vaisselle qui m’attendra ou encore profiter d’un week-end au chalet sans regretter de ne pas avoir pu mettre le cap sur la Gaspésie cette année, pourquoi pas? Je ne dis pas que ce sera parfait, mais je me promets d’essayer.

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