Psychologie

Anorexie et boulimie: quoi faire quand un proche souffre de troubles alimentaires?

Anorexie et boulimie: quoi faire quand un proche souffre de troubles alimentaires?

  Photographe : istockphoto.com

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Anorexie et boulimie: quoi faire quand un proche souffre de troubles alimentaires?

En tant qu’ami, parent ou collègue, on peut se sentir impuissant lorsqu’un proche souffre d’un trouble alimentaire ou qu’il semble sur le point d’en développer un. Quel est notre rôle et comment lui venir en aide?

Au Québec, 300 000 personnes sont susceptibles de développer un trouble alimentaire. «Des gens qu’on n’aurait jamais soupçonnés peuvent souffrir de la maladie. C’est moins perceptible qu’on le croit et personne n’est à l’abri», affirme Josée Champagne, directrice d’Anorexie et boulimie Québec (ANEB).

Comment reconnaître un trouble alimentaire?

Tout d’abord, en les connaissant mieux. Les troubles d’alimentation se caractérisent principalement par des habitudes alimentaires anormales et une préoccupation démesurée par rapport au poids, à l’image corporelle et à l’alimentation. On les classe en quatre catégories:

  • Anorexie nerveuse: perte de poids rapide et importante, altération de la perception corporelle, régimes draconiens, périodes de jeûne, vomissements provoqués, utilisation de laxatifs, exercices excessifs, etc.
  • Boulimie: alternance de compulsions et de restrictions alimentaires, vomissements provoqués, utilisation de laxatifs, exercices excessifs, etc.
  • Hyperphagie boulimique: compulsions alimentaires souvent accompagnées d’un sentiment de perte de contrôle, de honte, de remords ou de dégoût, mais sans épisodes compensatoires.
  • Troubles alimentaires non spécifiés: obsession de l’image corporelle, faible estime de soi, surentraînement, régimes draconiens, etc. Exemples: la bigorexie (impression d’être trop mince ou pas assez musclé) et l’orthorexie (obsession de manger sainement).

Une détresse importante

«Le développement d’un trouble alimentaire est souvent sournois, puisque le comportement de la personne ne change pas du jour au lendemain. Celle-ci peut commencer par surveiller davantage son alimentation en disant que c’est pour sa santé, puis se mettre progressivement à le faire de façon obsessive», précise Janique Raymond-Migneault, responsable de la ligne d’écoute et de références chez ANEB.

Chaque cas est unique. Certains semblent en santé et restent actifs socialement et professionnellement, tandis que d’autres s’isolent et peuvent vivre des échecs scolaires ou professionnels. Plusieurs signes sont tout de même observables: outre une perte de poids extrême, la personne peut entre autres se peser fréquemment, multiplier les restrictions alimentaires, calculer l’apport nutritionnel des aliments, etc. Par ailleurs, les gens souffrant d’un trouble alimentaire ressentent souvent beaucoup de culpabilité et de honte par rapport à la nourriture, ce qui engendre parfois de l’irritabilité ou des symptômes dépressifs. Il faut dire que derrière ce souci de l’apparence se cache une détresse importante.

Aborder un sujet sensible

L’idée est d’ouvrir la discussion avec la personne en évitant, si possible, de parler de son poids ou de son apparence. On lui demande plutôt comment elle se sent, si elle vit une période de stress ou une situation difficile. On peut exprimer nos sentiments, verbaliser nos préoccupations, toujours en parlant au «je». Par exemple: «J’ai l’impression que tu vas moins bien ces temps-ci. Ça m’inquiète.»

Une fois la discussion engagée, on peut parler de l’impact que cela semble avoir sur son alimentation, tout en évitant de poser des jugements, ce qui pourrait l’amener à se refermer. «Les personnes qui souffrent de troubles alimentaires peuvent rester longtemps dans le déni. Tant qu’elles ne voient pas plus d’inconvénients que d’avantages à leur condition, elles refusent d’aller chercher de l’aide», fait remarquer Janique Raymond-Migneault.

Puisqu’on ne peut pas forcer une personne qui souffre d’un trouble alimentaire à aller consulter — et encore moins à manger —, les proches se sentent souvent impuissants. «Le rôle du proche est d’écouter, d’accompagner et de soutenir la personne. Mais le processus de rétablissement ne lui incombe pas. Il doit donc arriver à lâcher prise», poursuit la porte-parole d’ANEB.

Qui peut nous aider?

Si on ne peut pas forcer une personne à aller chercher de l’aide, on peut tout de même le lui conseiller. Celle-ci peut se tourner vers son médecin de famille ou le CLSC pour obtenir un bilan de santé, confirmer un diagnostic ou être dirigée vers un psychologue.

Elle peut aussi consulter un psychologue dans une clinique privée (en faisant une recherche ciblée sur le site web de l’Ordre des psychologues du Québec). Plusieurs organismes communautaires spécialisés en troubles alimentaires offrent également leurs services à travers le Québec, dont ANEB, via son site web (clavardage, forum, courriel) ou sa ligne d’écoute et de références (1 800 630-0907). Si on sent que la santé de la personne est menacée, on consulte sans tarder ou on téléphone à Info-Santé, au 811.

Parce que côtoyer une personne qui a un trouble alimentaire peut engendrer un sentiment d’impuissance, de la frustration, de la culpabilité et de l’incompréhension, les proches aussi peuvent avoir besoin de soutien. C’est pourquoi les ressources d’aide offrent également des services d’écoute, de références et de soutien aux proches.

De l’espoir

Le rétablissement d’une personne souffrant d’un trouble alimentaire peut être très long. Les rechutes sont possibles et font parfois partie du processus de guérison. Pendant ce temps, on veille à partager avec la personne des activités et des discussions qui portent sur autre chose que l’alimentation et l’apparence.

Dans le même ordre d’idées, on s’abstient de commenter son apparence, son poids ou son alimentation (même si c’est dans le but de l’encourager ou de la féliciter), parce que cela ramènera son attention sur ses obsessions. On évite par exemple les phrases du type: «Tu as pris quelques livres, ça te va bien.» ou «Je suis content de voir que tu as mangé aujourd’hui.» On l’encourage plutôt en misant sur d’autres aspects de son rétablissement, comme sa participation assidue aux rencontres chez le psychologue.

Selon ANEB, environ un tiers des personnes aux prises avec un trouble alimentaire réussissent à se rétablir complètement, c’est-à-dire que tous leurs comportements malsains et toutes leurs obsessions disparaissent.

 

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