Argent et consommation
Les jeunes femmes sont mal préparées à la retraite
Cotiser tôt est encore plus important pour les femmes, qui touchent souvent moins de revenus que les homme.
Argent et consommation
Les jeunes femmes sont mal préparées à la retraite
«Au contraire, soutient Josée Jeffrey, fiscaliste et planificatrice financière pour Focus Retraite. Épargner, c'est toujours bon quand on a des projets. La priorité doit toutefois aller vers ce qui nous coûte le plus cher. Si les taux d'intérêt du prêt étudiant sont plus élevés que ceux de l'épargne, il faut donner la priorité à la dette d'études.»
Le mode d'épargne-retraite le plus populaire est sans contredit le REER, régime enregistré d'épargne-retraite. Il consiste à placer les épargnes réalisées pendant la vie active afin de compléter les autres sources de revenu à la retraite. Les cotisations au REER sont déduites du revenu imposable, et les revenus de placements y sont réinvestis, à l'abri de l'impôt.
«Il faut verser des petites sommes régulièrement, mais cotiser tôt, indique Mme Jeffrey. Investir 25 $ par semaine pendant 30 ans peut rapporter davantage que de placer plus grosses sommes à un âge avancé. C'est la magie des intérêts composés», dit-elle, en rappelant l'importance de cotiser régulièrement.
En versant 100 $ par mois, une femme de 25 ans aurait accumulé à 65 ans 322 108 $ dans son REER, en tenant compte d'un rendement annuel de 8 %. Si elle commençait à économiser 10 ans plus tard, la valeur du REER atteindrait 140 855 $. Les femmes qui investiraient à compter de 45 ans auraient pour leur part accumulé 56 900 $ à 65 ans.
Âge au début | Cotisation totale à 65 ans | Valeur totale du REER à 65 ans |
25 ans | 48 000 $ | 322 108 $ |
35 ans | 36 000 $ | 140 855 $ |
45 ans | 24 000 $ | 56 900 $ |
55 ans | 12 000 $ | 18 012 $ |
Source: Financière Sun Life
Des REER pour réaliser ses projets
Pour arriver à cotiser régulièrement, rien de plus simple. Il suffit de faire coïncider des prélèvements mensuels automatiques dans son compte bancaire avec le dépôt de la paie, recommande-t-on sur le site Web de Question Retraite, un groupement pour la promotion de la sécurité financière au Québec.
Fait intéressant, le REER peut aussi donner un bon coup de pouce dans les projets futurs.
Le Régime d'accession à la propriété (RAP) permet de retirer une somme allant jusqu'à 20 000 $ afin d'obtenir une mise de fonds pour l'acquisition d'une première maison. Le montant retiré doit être remboursé sur une période de 15 ans, au moyen de versements annuels égaux, sans intérêts. Il est cependant possible de recourir à nouveau au programme si on peut prouver qu'on a été locataire pendant plus de deux ans.
Le Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP) permet à une personne ou à son conjoint qui poursuit des études postsecondaires de retirer un maximum de 20 000 $ d'un REER par tranches de 10 000 $ par année. Le montant retiré doit être remboursé sur une période de 10 ans au moyen de versements annuels égaux, sans intérêts.
Il est possible d'utiliser son REER pour se créer un capital de départ afin de démarrer sa propre entreprise. Le montant maximal qui peut-être utilisé est de 25 000 $.
Le REER n'est toutefois pas toujours le mode d'épargne-retraite le plus approprié pour les jeunes, selon Josée Jeffrey. Par exemple, le faible taux d'imposition sur un petit revenu ne rend pas le REER avantageux. L'économie d'impôt que procurent les cotisations serait alors à peine perceptible. En pareille situation, Mme Jeffrey suggère plutôt d'épargner dans un CELI (compte d'épargne libre d'împot), un mode d'épargne entrer en vigueur en janvier 2009. «L'argent investi dans un CELI est accessible en tout temps. Il sera toujours possible dans quelques années, quand le salaire sera plus élevé, de déplacer les épargnes vers un REER et de bénéficier de l'économie d'impôt», conclut-elle.
La retraite au féminin
Cotiser tôt est encore plus important pour les femmes, qui touchent souvent moins de revenus que les hommes au cours de leur vie active. Selon un sondage réalisé par le Groupe Investors au Québec, à peine la moitié des Québécoises ont un portefeuille REER, comparativement à 71 % des Canadiennes et 63 % des Québécois. Les femmes seraient-elles mal préparées à la retraite?
«Par la force des choses», constate Mme Jeffrey. Bien que les salaires des femmes soient en général plus bas que ceux des hommes, l'iniquité salariale n'est pas le seul facteur en cause. «Les femmes travaillent davantage pour de petites entreprises qui n'offrent pas de régime complémentaire de retraite. Elles occupent des emplois à temps partiel, vivent des situations de monoparentalité ou cessent tout simplement de travailler lorsqu'elles ont des enfants en bas âge», explique-t-elle, en ajoutant que ce retrait du marché du travail est parfois suivi d'un retour aux études. Autant d'années où les femmes ne cotisent pas à leur régime de retraite.
Ironie du sort, les femmes épargnent moins pour la retraite et vivent plus longtemps que les hommes. La Régie des rentes du Québec indique que les femmes avaient, en 2007, une espérance de vie de cinq ans supérieure à celle des hommes. Cinq ans de plus à vivre avec moins d'économies!
Suggestion de lecture
Votre retraite crie au secours, Hélène Gagné, Éditions Transcontinental, 2009, 175 pages.
Références
Autorité des marchés financiersORMAN, Suze. Les femmes et l’argent, Les Intouchables, 2007.
Josée Jeffrey, D. Fisc. Pl. fin., fiscaliste et planificatrice financière, Focus Retraite, 1272, rue des Cervidés, Longueuil, J4J 5M4, 450 616-9748.