Argent et consommation

Éviter le gaspillage alimentaire pendant les fêtes

Comment réduire le gaspillage alimentaire pendant les fêtes

  Photographe : Shutterstock

Argent et consommation

Éviter le gaspillage alimentaire pendant les fêtes

Quand viennent les fêtes, on cuisine pour les fins et les fous! Comme on veut gâter ses proches, on a souvent les yeux plus grands que la panse...

Comment réduire l’impact de nos festins sur le porte-monnaie et la planète? Trucs de pros.

 

Au printemps dernier, le programme des Nations unies pour l’environnement calculait qu’un Canadien gaspille en moyenne 79 kg de nourriture par année, soit 20 kg de plus qu’un Américain. Un tiers de notre production alimentaire finit à la benne.

Au Québec, chaque ménage jette annuellement près de 1100$ de nourriture: quand on considère l’énergie et les ressources naturelles que la fabrication de ces biens a mobilisées, l’ampleur du gâchis fait frémir.

Si le gaspillage intervient à chaque étape du parcours, de la ferme à l’assiette, près de la moitié des pertes totales aurait lieu dans nos cuisines. Avec sa succession de réveillons, de buffets et de brunchs, la période des fêtes est critique.

Camille Dussault, conférencière qui présente le programme À vos frigos! de l’organisme Jour de la Terre, le confirme: «À Noël, on veut faire plaisir, on devient subitement très gourmand, on achète en grande quantité, d’autant plus qu’on redoute la fermeture des épiceries lors des jours fériés. C’est irrationnel. On n’a plus l’habitude de ne pas avoir accès en tout temps à une source d’alimentation.»

Elle souligne l’incohérence de cette frénésie d’achat, à un moment de l’année où on est finalement peu chez soi: «On mange chez les amis ou la famille, on part en vacances et on va perdre une bonne partie de ces provisions.»

Comment s’attaquer au piège qui guette nos frigos et notre budget? En planifiant intelligemment les réjouissances: leurs préparatifs, leur déroulement, mais aussi leurs lendemains.

 

Gaspillage Noël

© Unsplash | Kelsey Chance

 

Revisiter le menu

Cuisiner soi-même permet de moduler les quantités, mais aussi de partir de ce qu’on a. Un inventaire rigoureux de nos stocks nous évitera d’acheter en double. Marion Nuss, bénévole à l’Association québécoise Zéro déchet, conseille de mettre à l’honneur des ingrédients dont la production est écologique, et la conservation, facile: l’industrie de la viande délaisse beaucoup de parties de l’animal, et les préparations carnées ne se gardent pas très longtemps.

À l’épicerie, elle suggère d’utiliser une application antigaspillage qui nous orientera vers des produits «moches», mais savoureux, ou dont la date de péremption approche. La conception du menu est pour elle l’occasion de sensibiliser nos convives à la problématique. «Il y a plein de recettes zéro déchet sur Internet, dit-elle. Ça dépend jusqu’où on veut aller, mais proposer un gâteau à la pelure de banane, ça peut ouvrir un dialogue intéressant!»

Camille Dussault plaide pour une simplification de nos menus traditionnels. Elle rappelle le déroulement classique des soirées festives, qu’on semble oublier chroniquement à ce stade: «Si on a prévu des hors-d’œuvre, il faut réduire la taille des plats principaux, pour lesquels on n’a souvent presque plus faim! On peut prévoir moins de services. Et même si on a envie de faire plein de desserts en plus de ceux que grand-maman et nos tantes apporteront, on se limite à deux, et on opte pour des biscuits, faciles à distribuer au moment du départ.»

Convertir le nombre de nos convives en portions, en ayant en tête l’intégralité du menu, nous évitera de cuisiner pour une armée. Selon le site Sauve ta bouffe des AmiEs de la Terre de Québec, pour un repas de cinq services, il faudrait se limiter à une demi-tasse pour chacun des composants du plat principal, ou encore à 30 g de dessert, ce qui équivaut à une part de gâteau de la taille d’un demi-muffin. On est loin des portions que notre peur du manque nous fait visualiser! Si la responsabilité du repas est répartie entre plusieurs foyers, bien se coordonner sera indispensable pour ne pas crouler sous les vivres. 

 

repas Noël

© Unsplash | krakenimages

 
Conserver avec rigueur

Camille Dussault insiste sur une bonne gestion du contenu du frigo, lieu de tous les dangers. Elle consiste essentiellement à combattre l’humidité. «Il faut ouvrir les emballages et utiliser des contenants hermétiques, avec des petits linges pour absorber la condensation, explique-t-elle.

Attention à la porte du frigo, qui présente de grandes variations de température! Il ne faut pas y mettre le lait, produit facilement périssable.» Les règles de conservation des aliments sont souvent négligées, et la date limite de consommation, mal interprétée. Comme elle n’est pas encadrée par la loi, ce sont les producteurs et les distributeurs qui décident, avec le risque de conflits d’intérêts que cela implique: leur chiffre d’affaires peut être stimulé par une rotation rapide des stocks... 

 

Jongler avec les restants

Vous savez que, malgré vos efforts de limitation du volume, vous aurez à gérer des restants. Nos expertes suggèrent toutes deux de demander aux invités d'apporter des contenants vides et d’en prévoir en cas d’oubli. Il reste encore trop de nourriture? «D’abord, congelez rapidement ce que vous voulez garder, en petites portions et en séparant la protéine de la garniture et de la sauce. Ça permet de ne pas se tanner et de réinventer facilement nos futurs repas», indique Camille Dussault.

Les recettes abondent pour apprêter les restants, que ce soit sous forme de sandwichs à l’effiloché de dinde, de gaufres sucrées aux patates pilées ou de vin chaud épicé. La surdose de tourtière menace? On part bientôt en vacances? On repère un frigo communautaire dans le quartier, on poste la photo de nos petits plats sur les réseaux sociaux, on les échange, on organise un party de restants.

Pour Marion Nuss, «il n’y a plus de raison de jeter de la nourriture aujourd’hui. Les gens sont très réactifs dans les groupes de redistribution.» Et pour les denrées impossibles à revaloriser, leur destination idéale reste le compost.

 

Gaspillage

© Shutterstock

 

Buffet ou service à table?

Difficile de trancher. Pour Marion Nuss, qui a souvent travaillé avec des traiteurs, «on se sert toujours trop dans un buffet. Il vaut mieux présenter des assiettes déjà garnies. Mais attention! Après, c’est fini, on ne peut plus récupérer.» Camille Dussault propose de ruser en utilisant des assiettes plus petites, qui donneront l’illusion d’être généreusement servi.

Elle reconnaît au buffet l’avantage de laisser chacun se servir selon son appétit. Cependant, les risques pour la salubrité sont plus importants. «On peut régler une minuterie pour se rappeler de réfrigérer les plats une heure après les avoir sortis. Il faut doubler les plats qui contiennent des produits à consommer rapidement, comme les huîtres, avec de la glace ou de la neige. Et on ne sort pas tous les plats en même temps.»

 

Revoir les quantités à la baisse, alléger le menu, sauver des ingrédients déclassés, gérer de près frigo et congélo... des solutions accessibles, à condition de garder le cap antigaspillage à chaque étape. Marion Nuss tempère notre responsabilité individuelle: «On les paie, les pertes, elles sont comprises dans le prix des produits. C’est le modèle d’affaires qui prévaut aujourd’hui, celui de la surproduction pour n’offrir que des étalages pleins de beaux fruits et légumes calibrés. Et si on s’attaquait aux causes du problème plutôt qu’à ses symptômes?» 

 
Sites et applis pour nous guider

Conseils et outils, dont un répertoire des frigos communautaires au Québec.

Deux applications pour repérer les produits soldés bientôt retirés des rayons.

On consulte le Thermoguide et Meilleur avant, bon après? pour garder le contrôle de nos stocks et démystifier la date limite de consommation.

 

 

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