Argent et consommation

Congé sabbatique: est-ce que c'est une bonne idée?

Congé sabbatique: est-ce que c'est une bonne idée?

  Photographe : Getty Images

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Congé sabbatique: est-ce que c'est une bonne idée?

«Ce ne sont que les gens riches qui peuvent se permettre un congé sabbatique!» «Un an sans travailler? De quoi bousiller sa santé financière!» Vraiment? 

On déconstruit ces idées préconçues à l’aide de conseils pour toutes celles qui ont déjà été titillées par la perspective d’un long congé.

 

Il n’y a pas de formule magique, affirme Ariane Adem-Bégin, planificatrice de patrimoine. Il faut bien faire ses devoirs si l’on veut se permettre ce luxe!» Selon la professionnelle, avant toute chose, on doit définir nos objectifs: qu’est-ce qu’on veut accomplir au cours de ce congé sabbatique? Veut-on voyager, mettre sur pied une entreprise, prendre soin de nous, réorienter notre carrière?

«Personnellement, j’avais en tête une idée bien précise: je voulais écrire un roman», explique Delphine, 41 ans, ex-directrice générale d’un organisme à but non lucratif, qui a profité de toute l’année 2019 pour réaliser ce rêve de longue date qui s’est soldé par la publication de son ouvrage, Les bons élèves n’aiment pas toujours l’école. Pour Lise, une enseignante de 51 ans, c’est plutôt l’attrait du voyage et de l’aventure qui a motivé sa décision de prendre six mois de congé sabbatique, en 2018. «J’avais envie d’explorer et de prendre le temps.» Elle a donc acheté une autocaravane et, avec son conjoint, est partie sur les routes des États-Unis.

 

Pas de place pour l’improvisation

Lorsqu’on a une idée assez précise de ce qu’on a envie de réaliser, on s’assoit avec un planificateur financier pour évaluer notre capacité financière à prendre ce long congé. Son travail, c’est de vérifier que les objectifs de son client sont atteignables sans mettre en jeu sa santé financière à court, mais aussi à long terme. Il faut qu’il ait assez d’argent pour bien vivre pendant son congé sabbatique, oui, mais également en avoir assez pour bien vivre... après. Pendant qu’on met des sous de côté pour ce congé, est-ce qu’on peut continuer à préparer notre retraite, par exemple?

Avec les conseils d’un professionnel, on peut donc vérifier ce qui est possible – ou pas! – selon notre situation, puis réaligner le tir. «J’ai souvent conseillé à des clients de partir trois mois au lieu d’un an. C’est malheureux, mais bien des gens n’ont pas assez de fonds pour leur retraite ou pour un imprévu financier, encore moins pour une année de congé! Il faut être réaliste», dit Mme Adem-Bégin.

C’est plus facile dans certains cas, notamment dans les secteurs public et parapublic. Dans les conventions collectives, des systèmes permettent aux travailleurs d’économiser une partie de leur salaire pendant quelques années dans le but de prendre un congé sabbatique sans perdre ni leur emploi ni leurs avantages sociaux. C’est ce qu’a fait Lise, qui a mis de côté 12,5 % de son salaire pendant quatre ans, pour pouvoir être payée à son plein salaire au cours de ses six mois d’arrêt. «J’ai dû couper dans les dépenses: moins de restos, moins de bouteilles de vin chères et moins de vêtements, dit- elle. Mais comme l’accumulation du salaire qui m’a été versé pendant mon congé s’est faite sur une longue période, ç’a été relativement aisé!»

«Cette façon de faire est intelligente, dit Ariane Adem-Bégin. On peut, par exemple, mettre de côté 20 % de notre salaire pendant quatre ans. On vit donc sur 80 % de notre salaire pendant cinq ans. Si notre budget est trop serré, on réduit le pourcentage retenu et l’on économise plus longtemps!» Delphine, quant à elle, a dû démissionner de son emploi. «Ç’a été une décision mûrement réfléchie; je ne voulais priver mes enfants de rien! Mon conjoint a heureusement été extrêmement coopératif. Il a pris mon rêve d’écrivaine au sérieux et, ensemble, on a fait un budget qui nous permettait – en coupant dans certaines dépenses non essentielles – de faire vivre notre petite famille entièrement sur son salaire.»

 

Prévoir aussi un fonds d’urgence

Faire un budget – et le respecter! – est primordial, selon Ariane Adem-Bégin. «On doit vraiment réduire nos dépenses en fonction de nos nouveaux revenus. Il faut établir combien notre année de congé devrait nous coûter selon nos projets et les frais fixes dont on doit tenir compte.» Et, il faut aussi prévoir un fonds d'urgence. «On ne sait jamais ce qui peut arriver ou si le retour au travail sera plus complexe que prévu. Il faut être préparé à toute éventualité!» affirme la planificatrice de patrimoine.

Son conseil? Investir dans un CELI, un compte d’épargne libre d’impôt, plusieurs années, avant de partir en congé. «On peut y piger sans être imposé ni pénalisé à long terme, puis y cotiser de nouveau dans les années suivantes.» Elle conseille de puiser dans nos REER qu’en dernier recours, puisque le taux d’imposition du montant sorti peut atteindre jusqu'à 50 %.

Malgré les sacrifices financiers qu’elles ont dû faire, Delphine et Lise ne regrettent aucunement leur décision. «C’est le plus beau cadeau que je me sois jamais payé», dit Lise, maintenant en préretraite. Même son de cloche du côté de Delphine, qui, pour sa part, n’est pas encore revenue sur le marché du travail, un mois après la fin prévue de son congé sabbatique. «J’ai plus d’énergie que jamais! Prendre le temps de m’arrêter pour réaliser un projet créatif m’a fait constater à quel point notre rythme de vie est effréné. J’ai donc envie de ralentir, de contempler. Je réfléchis à une façon de faire concorder ce désir avec ma vie professionnelle.» Une année de congé qui, même terminée, continue de faire son bout de chemin! On y pense?

 

Avant de faire le saut...
  • On consulte des professionnels pour nous aider à mettre en œuvre notre plan: conseillers financiers, psychologues du travail, orienteurs, etc.
  • On discute de notre idée avec les membres de notre famille (et avec notre conjoint, s’il y a lieu) pour s’assurer de leur appui, moral ou financier.
  • On établit un budget et – plus difficile! – on le respecte. Au besoin, on le revoit à mi-parcours.
  • On prend le temps qu’il faut pour accumuler les ressources nécessaires avant de commencer notre long congé, et ce, afin de ne pas fragiliser notre santé financière, présente ou future.
     

 

 

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