Sexualité
Surmonter l’éjaculation précoce
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Sexualité
Surmonter l’éjaculation précoce
L’éjaculation précoce est une réalité vécue par plusieurs hommes, mais en quoi consiste-t-elle, au juste?
On a longtemps défini l'éjaculation précoce en fonction de la capacité de l'homme à amener sa partenaire à l'orgasme au cours de la pénétration dans plus de 50 % des relations. Cependant, il est difficile de définir l'éjaculation précoce par un phénomène extérieur à l'homme puisque, peu importe la durée de la pénétration, un grand nombre de femmes n'atteindront pas l'orgasme au cours de la pénétration seule. Cette réalité a mené à une nécessaire révision de la définition du phénomène.
On a alors cherché à définir cette question en fonction du vécu des hommes qui se trouvent dans cette situation. Ces derniers, lorsqu'ils s'expriment, nous disent que quoi qu'ils fassent, ils ne peuvent arriver à retarder le moment de l'éjaculation. Ils éjaculent habituellement en ayant le sentiment qu'ils n'ont aucune maîtrise de la situation.
Nombreux sont ceux qui ont essayé tous les «trucs» dont on leur a parlé: penser à autre chose, compter à rebours, utiliser des gels sur le pénis dans le but de diminuer l'excitation et quoi d'autre encore!
Toute la pensée de l'éjaculateur précoce devient obnubilée par la crainte d'éjaculer. Alors, contrairement à ce que de nombreuses personnes peuvent croire, il y a peu de place pour le plaisir dans la sexualité de cet homme ni pour la modulation de l'excitation.
En fait, l'éjaculation, dans cette situation, n'est pas nécessairement synonyme de plaisir, même si on semble le croire depuis longtemps.
Précoce comment?
Il existe différents niveaux d'éjaculation précoce. L'éjaculation peut se produire dès que l'homme ressent une légère excitation, soit avant même la pénétration; elle peut avoir lieu au moment même de la pénétration ou encore après seulement quelques mouvements de va-et-vient. De toute façon, ce qui ressort clairement, c'est que l'homme a le sentiment qu'il éjaculera bien avant le moment où il le désirerait. Cette éjaculation est parfois une source de plaisir, mais en général, elle cause frustration, colère, perte d'estime de soi et déception. Comme conséquence à cela, on retrouvera parfois une perte de désir ou un trouble érectile.
Qu'en est-il du couple?
Certains couples s'adaptent à la situation ou arrivent à y trouver une solution. Cependant, la conjointe pensera souvent que l'homme prend son plaisir sans se soucier d'elle, et les tensions vont s'accumuler. Conséquence de ces tensions dans le couple, la fréquence des relations diminue, ce qui permet d'éviter la frustration qui les accompagne. En effet, pourquoi se confronter régulièrement à quelque chose de désagréable si on peut l'éviter? se dit-on plus ou moins consciemment. Ce n'est cependant pas une solution viable puisqu'elle est fréquemment accompagnée de rancœur ou de colère et qu'il est difficile de bâtir une relation de couple sur des émotions négatives.
Pourquoi ce manque de maîtrise?
Pourquoi y a-t-il des hommes qui n'arrivent pas à maîtriser leur éjaculation? Il n'y a pas de réponse toute faite à cette question. On remarque toutefois certaines caractéristiques chez les éjaculateurs précoces.
Plusieurs d'entre eux ont tendance à être anxieux, à avoir de la difficulté à prendre leur temps, à savourer le plaisir, et ce, dans d'autres activités que les relations sexuelles. Il arrive aussi que des conditions difficiles (anxiogènes) lors des premières relations sexuelles installent un «pattern» de rapidité et de tension musculaire associée à l'excitation dont il est difficile de se défaire. Parfois aussi, le mode de stimulation (la façon de se masturber) peut amener l'homme à s'habituer à une stimulation et à une décharge de tension rapides. Il tend alors à ressentir cette tension (l'excitation) comme une sensation dérangeante et éjaculera rapidement pour l'évacuer. La tension ou l'excitation n'est pas vécue comme une sensation plaisante qui peut durer, mais comme un cap à passer avant d'arriver à l'éjaculation. Il sera alors difficile pour l'homme de bien vivre son excitation sans avoir la réaction de s'en débarrasser au plus vite. L'excitation et l'éjaculation ne sont alors pas vécues comme plaisantes et satisfaisantes.
Pourtant, il est possible d'améliorer la maîtrise de l'éjaculation chez l'homme qui le souhaite. Le point le plus important de cette démarche est de reprendre contact avec les sensations et les émotions liées au plaisir en plus de mieux percevoir son excitation et le senti de la tension sexuelle.
Comment maîtriser son éjaculation?
On commence par observer ce qui se passe sans rien y changer. L'homme est habituellement si obnubilé par sa crainte d'éjaculer rapidement qu'il ne voit pas ce qui se produit, comment il répond aux caresses des mains ou buccales. Certaines caresses peuvent être vécues sans difficulté alors que d'autres mènent inévitablement à une décharge.
Pour mieux sentir et percevoir ses sensations, l'homme doit prendre le temps de bien respirer afin d'être plus en contact avec ses sensations. En effet, on remarque souvent que l'homme a tendance à retenir sa respiration dans l'espoir de retarder l'éjaculation, ce qui a un effet tout à fait contraire. La grande difficulté est d'apprendre à respirer et à relâcher les tensions qui s'accumulent dans le ventre, les cuisses et les fesses.
Un autre élément important est la façon de bouger durant les caresses et la pénétration. Souvent, les hommes ont tendance à peu bouger ou à le faire en étant très contractés. On retrouve des mouvements qui ressemblent beaucoup à ceux du push-up. Ces mouvements exigent une grande tension dans le ventre, les fesses et les cuisses, et concentrent la tension sexuelle au niveau des organes génitaux, ce qui provoque une éjaculation encore plus rapide.
Que faire?
Dans un premier temps, la respiration profonde et abdominale permet de diminuer les tensions qui s'accumulent dans le bassin. Par la suite, un réapprentissage de la façon de bouger dans la lenteur, en jouant avec l'ampleur du mouvement et le rythme, permet d'acquérir une meilleure perception de son niveau d'excitation, de reconnaître les signes du point de non-retour et surtout de retrouver le plaisir dans sa sexualité.
L'objectif premier est que la sexualité redevienne un plaisir plutôt qu'une source grandissante d'anxiété. Il ne s'agit pas seulement de «durer» plus longtemps. Il appert que cet objectif seul ne permet pas de conserver des acquis puisque, souvent, il n'est pas soutenu par le sentiment de vivre plus de plaisir dans la relation. Plus que la durée, il faut viser la satisfaction et le plaisir liés à la maîtrise de son éjaculation.