Santé
Pourquoi les hommes négligent-ils leur santé?
? iStockphoto.com Photographe : ? iStockphoto.com
Santé
Pourquoi les hommes négligent-ils leur santé?
Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de mourir du diabète, du cancer, d’une maladie cardiovasculaire et sont quatre fois plus nombreux à se suicider. Comment expliquer qu’ils négligent autant leur santé?
Au début des années 1970, l'écart entre l'espérance de vie des femmes et celle des hommes, au Québec, était de 7,7 ans. En 2008, on enregistrait une différence de 4,6 ans. Cet écart a donc tendance à diminuer avec les années, mais il demeure quand même important. Assez pour que le gouvernement et les experts commencent à investir dans des études et des programmes ayant pour objet la santé des hommes. Le but: comprendre pourquoi ces derniers s'occupent moins de leur santé que les femmes et, surtout, contrer cette tendance.
Les hommes consultent moins
Trop souvent encore, il faut que les hommes subissent un événement majeur ou un choc important pour qu'ils se décident à prendre rendez-vous avec un médecin ou un thérapeute. Le dépistage est une notion qui n'est pas encore ancrée dans leurs habitudes. «En général, les hommes ont un taux de mortalité plus élevé que les femmes pour la plupart des causes de décès, même si elles sont plus nombreuses à être atteintes des maladies en question. Les hommes ont moins tendance à voir qu'il y a un problème et qu'il faut agir», explique Gilles Tremblay, professeur agrégé à l'École de service social de l'Université Laval et coauteur de La santé des hommes au Québec, publié en 2005.
Les stéréotypes, amplement entretenus par les médias, ont leur part de responsabilité dans le fait que les hommes négligent autant leur santé. «L'homme doit être fort et ignorer les sonnettes d'alarme de son corps. C'est ce type d'individu que l'on nous montre à la télévision, déplore Gilles Tremblay. Il doit être capable de foncer, d'aller de l'avant. Ces éléments peuvent être positifs dans certaines occasions, notamment pour les pompiers quand vient le temps de combattre un feu. Mais il faut prendre des risques calculés et savoir se retirer à temps.»
Source: Mortalité selon certaines causes de décès (CIM-10) et le sexe, Canada, provinces et territoires, données annuelles (taux normalisé selon l'âge pour 100 000 personnes) (tableau CANSIM 102-0126). Ottawa: Statistique Canada, 2008.
Les hommes sont plus imprudents
Non seulement les hommes ignorent les signes précurseurs et les symptômes de problèmes de santé, mais ils prennent aussi plus de risques que les femmes. «Le taux de fumeurs est comparable entre les sexes, mais il y a davantage de gros fumeurs, qui consomment plus d'un paquet de cigarettes par jour, chez les hommes, précise Gilles Tremblay. On fait le même constat pour la consommation d'alcool: le phénomène d'enivrement est surtout masculin.» Enfin, les hommes occupent des métiers plus à risques que les femmes (bûcheron, policier, pompier) et sont plus nombreux qu'elles à mourir dans des accidents de voiture.
Si les salles d'entraînement sont bien fréquentées par les hommes, cela ne signifie pas que ces derniers sont plus en forme que les femmes. «Est-ce qu'ils s'entraînent pour développer leurs capacités cardiovasculaires ou leur musculature? questionne Gilles Tremblay. Si l'on observe le type d'homme que l'on montre dans les revues grand public, on constate que l'apparence physique et la masse musculaire sont mises à l'avant-plan. Or, les risques liés à la surconsommation de poids et altères peuvent être importants: déchirure des muscles, problèmes de dos, etc. Ce genre d'activité peut permettre d'avoir un beau corps, mais si celui-ci n'est pas sain, ce n'est pas mieux. La prise de stéroïdes est également en hausse chez les hommes, ce qui n'est pas bénéfique. Cette tendance vers le muscle à tout prix plutôt que vers la bonne santé physique est devenue l'élément central de l'entraînement.»
Que faire?
Promouvoir l'importance de garder son corps en bonne santé et d'avoir recours à des tests de dépistage ne suffira pas à améliorer la situation, selon Gilles Tremblay. «Pour changer les habitudes, il faut défaire les mythes et dire que la souffrance n'a pas de genre.» Il faut aussi revoir l'approche des soins de santé destinés aux hommes.
Consulter notre dossier sur la santé des hommes.
Suggestion de lecture
La santé au masculin, Dr Harold Christian Dion, Éditions La Presse, 2010, 128 pages.