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Où se cachent les microbes?

Où se cachent les microbes?

Auteur : Coup de Pouce

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Où se cachent les microbes?

S'il est normal de croiser des microbes sur notre chemin, il vaut tout de même mieux savoir où se cachent les plus dangereux pour pouvoir s'en protéger. Tour d'horizon de leurs cachettes préférées.

E. coli, salmonelles, listeria: les manchettes au sujet des microbes n'ont rien de rassurant. «Heureusement, la majorité de ceux qui nous entourent ne sont pas nocifs», rassure Roseline Gagnon, biologiste spécialisée en nutrition et naturopathe agréée. Malgré tout, certains peuvent être désagréables - le virus du rhume, par exemple - ou carrément dangereux, comme E. coli. On gagne donc à connaître les endroits où ils sont le plus suceptibles de se loger et à prendre quelques précautions pour s'en protéger (sans toutefois tomber dans la paranoïa).

La prudence s'impose

Parmi tous les objets qu'on manipule au quotidien, ceux-ci doivent être surveillés en priorité.

L'évier de cuisine: Selon l'Institut Pasteur, l'évier de cuisine est 100 000 plus contaminé que le lavabo de la salle de bains. Il déclasse aussi la toilette et la poubelle! Pas étonnant puisqu'on y lave bon nombre d'objets contenant des bactéries, qu'on y essore nos torchons souillés, etc.

Pour se protéger: On nettoie l'évier à l'eau chaude savonneuse après avoir lavé la vaisselle et on ne laisse pas de restes de nourriture au fond. On nettoie le robinet et le drain, et on désinfecte de temps à autre la grille qui le recouvre avec un peu d'eau de Javel diluée ou du vinaigre pur ou légèrement dilué.

L'éponge de cuisine: Elle renfermerait plus de 10 000 bactéries par pouce carré, dont E. coli et les salmonelles. Après trois semaines d'utilisation, 70 % des éponges contiennent des coliformes, a révélé une étude américaine. «Les bactéries y trouvent tout ce qu'il faut pour se développer: nutriments, humidité et température clémente», explique Sybille Strozzi, enseignante titulaire de l'Éducation nationale française en biochimie, microbiologie et immunologie. Et si on ne désinfecte pas l'éponge, on étend les bactéries sur les surfaces qu'on veut nettoyer.

Pour se protéger: On la met chaque jour au micro-ondes pendant deux minutes, détrempée: on élimine ainsi 99 % des germes, selon une étude réalisée à l'Université de la Floride. On l'essore bien pour qu'elle sèche rapidement. On peut aussi la mettre au lave-vaisselle. Si on utilise un torchon, on le rince bien, on l'essore, et on le change chaque semaine. On fait tremper les torchons sales dans de l'eau de Javel diluée avant de les laver.

La planche à découper: D'après une étude de l'Université de l'Arizona, elle présenterait 200 fois plus de bactéries fécales que le siège de toilette! La raison? Les planches sont souvent rincées au lieu d'être lavées soigneusement, alors qu'elles entrent en contact avec de nombreux objets portant des bactéries - nos mains, la viande crue, etc. De plus, les bactéries peuvent se loger et proliférer dans leurs microcrevasses.

Pour se protéger: On réserve une planche pour la viande et une pour les légumes. On les lave à fond, à l'eau chaude savonneuse, et on les laisse sécher à l'air libre (les linges à vaisselle peuvent être contaminés par des microbes, qui iraient se déposer dans les crevasses). Une fois par semaine, on les met au lave-vaisselle ou on les rince avec une eau contenant un peu d'eau de Javel.

La douche et le bain: Ils comptent parmi les endroits où l'on retrouve le plus de germes dans la maison. Lors d'une étude réalisée en 2006 en Arizona, 26 % des baignoires analysées hébergeaient des staphylocoques (contre à peine 6 % des poubelles!). Quant au rideau de douche, il abriterait des virus, des bactéries et des moisissures pouvant proliférer à vitesse grand V, qui sont ensuite projetés dans l'air par le jet d'eau de la douche.

Pour se protéger: On rince et on nettoie à l'eau chaude savonneuse afin d'enlever tout dépôt. On essuie le rideau de vinyle après usage et on le garde déplié pour qu'il sèche bien. On le lave une fois par semaine avec un peu de détergent. L'idéal est d'utiliser un rideau en tissu et de le laver à la machine, à l'eau chaude, une fois par mois.

Le lézard de fiston: «Plus de 90 % des reptiles excrètent des salmonelles. Il est déconseillé d'en posséder un si on a de jeunes enfants», avertit Réjean Dion, médecin-conseil en santé publique.

Pour se protéger: On choisit un autre animal de compagnie. Si on décide d'héberger un reptile malgré tout, on se lave bien les mains après l'avoir manipulé.

La salle de bains: «Lorsqu'on tire la chasse d'eau, une partie des bactéries fécales est envoyée dans l'air», dit Sybille Strozzi. Elles peuvent ensuite demeurer en suspension pendant deux heures et atterrir jusqu'à deux mètres de la toilette.

Pour se protéger: On ferme le couvercle de la toilette avant de tirer la chasse!

Les toilettes publiques: «La quantité de bactéries y est importante. Plus il y en a, plus on risque de développer une infection», note le Dr Weiss. Les deux endroits les plus risqués: la poignée de l'isoloir, qu'on manipule avant de laver nos mains, et le plancher - où on dépose souvent notre sac à main. Lors d'une étude de l'Université de l'Arizona, on a retrouvé des bactéries fécales sous environ 30 % des sacs analysés.

Pour se protéger: On accroche notre sac à un crochet. Et évidemment, on se lave les mains avant de sortir!

Le panier d'épicerie: Il peut contenir un nombre de bactéries et de coliformes comparable à celui des toilettes publiques. Ceux-ci proviendraient de nos mains, des couches des bébés qu'on assoit dans le panier, des aliments (les emballages de viande qui coulent) et des excréments d'oiseaux (lorsque les paniers sont à l'extérieur).

Pour se protéger: On passe une lingette désinfectante sur le siège et la barre avant d'asseoir bébé, qui porte tout à sa bouche. Et on lave bien nos mains au retour de l'épicerie.

On reste vigilante

Ces objets ne sont pas parmi les plus contaminés, mais ils demandent quand même certaines précautions.

Le réfrigérateur: Un grand oublié du ménage. Pourtant, les microbes qui se trouvent dans l'air, sur nos mains (au retour du supermarché, notamment) et sur les aliments y entrent. Le froid ralentit le développement des micro-organismes, mais ne l'arrête pas complètement.

Pour se protéger: On le nettoie avec un linge trempé dans une eau chaude savonneuse ou dans une solution d'eau de Javel (environ 15 ml dans 4 L d'eau). On n'oublie pas la poignée et le joint magnétique, où peut se former de la moisissure.

La lessive: Les vêtements, les serviettes et la literie contiennent parfois des germes et les transmettent à d'autres vêtements. Les germes peuvent survivre à un cycle complet en eau froide ou tiède.

Pour se protéger: On sépare les vêtements très sales des autres et on les lave à l'eau chaude. On peut aussi les faire tremper dans une eau contenant un peu d'eau de Javel ou du vinaigre. On fait sécher rapidement les vêtements lavés et on se lave les mains après avoir manipulé des vêtements sales (secs ou mouillés).

Les animaux domestiques: Fido et Minet sont porteurs de microbes qui peuvent nous contaminer.

Pour se protéger: «On ne se prive pas de les cajoler, mais on ne les laisse pas dormir sur le lit, pour éviter que les microbes ne s'installent dans nos draps et sur nous», avise Roseline Gagnon.

La brosse à dents: Elle retient non seulement les restes d'aliments, mais aussi tout ce qui circule dans l'air de la salle de bains: coliformes, virus, spores, etc. Un chercheur de l'Université de l'Oklahoma a démontré que le virus de l'herpès, notamment, pouvait y survivre jusqu'à sept jours.

Pour se protéger: On change notre brosse aux trois mois. On la range sur un support pour que les soies sèchent bien et on la désinfecte une fois par mois avec du vinaigre ou en la mettant au lave-vaisselle. Enfin, on nettoie le verre à brosses à dents chaque semaine, à l'eau chaude savonneuse ou au lave-vaisselle.

Les bouteilles de plastique: «Les bouteilles d'eau ou de jus sont conçues pour un usage unique, ou tout au plus quotidien. Les bactéries peuvent se multiplier dans leurs petites cavités», met en garde Roseline Gagnon. Une étude de l'Université de Calgary a montré que, après une semaine d'utilisation, le tiers des bouteilles utilisées par des élèves contenaient des taux de bactéries dépassant les normes acceptables pour une eau potable. Près de 10 % présentaient aussi des traces de coliformes.

Pour se protéger: On recycle la bouteille après usage (sans la réutiliser) ou, mieux, on se munit d'une bouteille réutilisable prévue à cet effet, qu'on lave quotidiennement à l'eau chaude savonneuse.

On ne s'en fait pas

Ils ne sont pas toujours étincelants de propreté, mais les objets suivants ne posent pas trop de risques pour notre santé.

Le siège de toilette: Selon le microbiologiste Charles Gerba, les sièges de toilettes sont parmi les endroits les plus propres dans les toilettes publiques! On peut essuyer le siège s'il est mouillé et on évite de s'y asseoir si on a une plaie ouverte sur la fesse ou le haut de la cuisse, mais autrement on laisse tomber la paranoïa.

Les robinets des toilettes publiques: «Le lavage des mains enlève une bonne partie des bactéries. Le risque de recontamination est donc assez faible. Inutile de fermer le robinet avec une serviette», dit le Dr Réjean Dion.

Les boutons d'ascenseurs: En évitant de se toucher le visage et en se lavant les mains après, on n'a pas de souci à se faire.

Claviers et téléphones partagés: Sans surprise, plus il y a d'utilisateurs, plus le nombre de bactéries et de virus sera élevé. Toutefois, le risque de contamination est faible si on ne se touche pas le visage et qu'on ne se ronge pas les ongles. On évite de manger devant notre clavier - les bactéries se régalent de nos miettes - et on le nettoie avec un linge imprégné de détergent une fois par semaine, ou plus souvent durant les périodes d'éclosion virale. Un gel antibactérien passé sur le combiné du téléphone éliminera les microbes. 

Le gym: «Si l'endroit est bien entretenu, il n'y a pas de raison de s'inquiéter», dit le Dr Dion. Mais attention: selon une étude américaine, 63 % des appareils testés au hasard dans des gyms, spécialement les poids et haltères, présentaient des rhinovirus associés au rhume. «Si désiré, on peut mettre une serviette pour éviter le contact direct avec les appareils ou les nettoyer avec un peu d'alcool. On s'abstient d'aller au gym si on est malade ou si on a une plaie», conseille Karl Weiss. On ne partage pas notre serviette ni notre matériel sportif, on apporte des sandales pour la douche et le vestiaire, et on essuie bien nos pieds pour éviter le pied d'athlète ou une mycose de l'ongle.

Pour éviter la contamination

  • On se lave les mains soigneusement avec de l'eau chaude et du savon ordinaire - le savon antibactérien contient de l'alcool, qui assèche les mains et diminue la barrière immunitaire naturelle de la peau - pendant 30 secondes, régulièrement. On le fait sans faute avant et après les repas, avant de cuisiner, après une visite aux toilettes et en rentrant à la maison. On réserve le gel antibactérien pour les fois où on n'a pas accès à l'eau et au savon.
  • On ouvre les fenêtres de la maison pendant quelques minutes, même l'hiver, pour évacuer l'air vicié. Pour éviter les moisissures, on maintient l'humidité de la maison entre 30 % et 50 %.
  • On nettoie la maison, sans en faire une obsession: un nettoyage hebdomadaire de la cuisine et de la salle de bains, avec une eau chaude savonneuse, suffit. Pas besoin de tout aseptiser! «On achète souvent des produits trop puissants. Si on doit désinfecter, à la suite d'une maladie par exemple, l'eau de Javel diluée est un choix simple et efficace», note Karl Weiss.
  • On respecte l'étiquette respiratoire, en éternuant dans l'intérieur du coude plutôt que dans le creux de la main. On jette rapidement les mouchoirs souillés et on lave nos mains pour éviter la propagation du virus. Si possible, on reste à la maison quand on est malade.
  • On soigne notre système immunitaire avec une bonne alimentation, un sommeil adéquat et la pratique régulière d'exercice physique.

Pour en savoir plus

  • Stimulez votre système immunitaire. Les aliments-clés pour développer vos défenses naturelles, par Isabelle Huot et Denis Roy, Éditions de l'Homme, 2008, xx p., 24,95 $).
  • Quelques gestes simples pour éloigner les microbes. Une maison saine en sept étapes, Agence de santé publique du Canada.

 

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