Santé
Fertilité: entre technologie et traditions
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Fertilité: entre technologie et traditions
Les moyens technologiques permettent aujourd’hui d’offrir le bonheur d’être parents aux couples qui n’y parviennent pas de façon naturelle. La fertilisation in vitro peut cependant aller à l’encontre de certaines valeurs religieuses ou traditions. Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a remédié au problème.
L'initiative du Centre de fertilité québécois a été annoncée un an après sa mise en place. Elle constituait une première au Canada au moment de son implantation, en mai 2008. «Certains couples québécois allaient aux États-Unis pour recevoir les traitements de fertilité. D'autres renonçaient à y avoir recours ou les suivaient sans être à l'aise avec la manière de procéder, mentionne le Dr Hananel Holzer, expert en matière de fertilité et instigateur du projet. Pour rendre la technologie de la fertilisation in vitro accessible à toutes les cultures, nous devions la situer dans le contexte de leurs traditions et de leurs valeurs.» Depuis plus d'un an, d'autres centres canadiens de fertilité ont pris des mesures semblables pour satisfaire les couples de différentes nationalités ou religions.
Quelles mesures?
Plusieurs groupes culturels ou religieux permettent aux couples d'avoir recours à la fécondation in vitro (FIV) pourvu que certaines conditions soient réunies et remplies. Ainsi, des patients musulmans exigent que seules des médecins de sexe féminin interviennent. D'autres souhaitent que des prières soient dites au moment de la fertilisation. «Demande à laquelle nous sommes heureux d'acquiescer», mentionne le Dr Holzer.
La communauté juive orthodoxe a travaillé étroitement avec le personnel du centre de fertilité afin de mettre en place un programme d'observation des interventions par une personne désignée, ce à quoi le Dr Holzer a été habitué durant ses années de pratique en Israël, où il était directeur adjoint du département de FIV à l'Hôpital Hadassah. «Au début, j'étais en colère. Je ne comprenais pas que l'on exige la présence d'un observateur. Je pensais qu'on ne me faisait pas confiance, se souvient-il. Ensuite, j'ai compris que cette requête était cruciale pour que les couples soient à l'aise pendant les traitements. Lorsque je suis arrivé à Montréal, il allait de soi qu'il convenait de mettre en place le même service ici.»
Certains catholiques, notamment ceux qui viennent d'Italie, acceptent que les ovules soient congelés, mais pas les embryons. Les médecins du CUSM ne congèlent donc que les ovules et implantent rapidement les œufs fécondés. «Nous répondons aux demandes des couples dans la mesure du possible, explique le Dr Holzer. Et tant que cela n'interfère pas avec le bon déroulement de leurs traitements ou celui d'autres patients.»
Le Dr Holzer
Préserver l'intimité
«Faire des enfants est la chose la plus naturelle qui puisse arriver, mais c'est aussi l'acte le plus intime qui existe. Ce qui peut causer des problèmes à certains couples qui ont recours à des traitements de fertilité», explique le Dr Holzer.
Ainsi, quelle que soit leur religion ou leur nationalité, il y a des hommes qui ne souhaitent pas avoir recours à la masturbation pour le prélèvement des spermatozoïdes. Cette pratique est même bannie chez plusieurs croyants. Le Dr Holzer leur propose donc d'utiliser un condom spécialement conçu pour recueillir les spermatozoïdes lors de la relation sexuelle.
Les accommodements raisonnables en procréation assistée adoptés par le CUSM ont été très bien acceptés par le personnel du centre de fertilité, qui a rapidement constaté qu'ils répondaient à un besoin. «Ce programme constitue un magnifique exemple de collaboration entre le CUSM et notre communauté dans le meilleur intérêt de nos patients, conclut le Dr Holzer. En respectant les lois religieuses et en nous adaptant aux sensibilités culturelles, nous avons permis à un plus grand nombre de personnes d'éprouver le bonheur de devenir parents.»
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