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Endométriose et douleurs menstruelles

Endométriose et douleurs menstruelles

? iStockphoto.com Photographe : ? iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Endométriose et douleurs menstruelles

L'endométriose est une maladie qui cause des douleurs dans le bas-ventre, dans l'abdomen ou dans le bas du dos. Pour plusieurs, il s'agit d'une douleur cyclique qui se manifeste pendant les règles. Mais avec le temps, la douleur peut devenir omniprésente.

Commençons par connaître notre endomètre, la couche de cellules qui tapisse l'intérieur de l'utérus. Au cours du cycle menstruel, il s'épaissit et se gonfle, stimulé par l'oestrogène, une hormone produite par les ovaires. Il s'agit de bien préparer le nid d'un éventuel oeuf fécondé.

Pas de grossesse ce mois-ci? Des couches de l'endomètre se détachent et partent vers le vagin: ce sont les règles. Il semble qu'une petite partie de ces cellules fausserait compagnie aux autres, et qu'au lieu de suivre le chemin des menstruations, elles s'échapperaient du côté des trompes de Fallope. Les douleurs menstruelles que nous ressentons pourraient être en partie causées par ces cellules gorgées de sang qui ont migré vers le bassin et même dans la cavité abdominale.

Scénario pour certaines

Chez 7% des femmes (sinon plus), ces cellules échappées de l'endomètre ne seraient pas «nettoyées» par le système hormonal et resteraient dans l'organisme. Elles vont s'ancrer à l'extérieur de l'utérus, dans les surfaces qu'elles rencontrent. Petit à petit, pendant plusieurs années, elles s'accumulent et peuvent former des lésions, des masses, des kystes (sac de liquide) et même des bandes de tissus cicatriciels (qu'on appelle des adhérences) qui peuvent compromettre la fertilité. On ne sait pas pourquoi cela se produit chez certaines femmes, mais il y a souvent une histoire familiale d'endométriose.

L'endométriose, ça fait mal

La douleur en cas d'endométriose est normale, puisque les cellules «expatriées» s'activent de la même façon que lorsqu'elles étaient dans l'utérus, en s'épaississant. Avec le temps, la douleur peut devenir omniprésente. D'ailleurs, 60% des femmes qui se plaignent de douleurs pelviennes chroniques font de l'endométriose. Une douleur lors de la pénétration sexuelle peut constituer un autre indice. Remarquez qu'un utérus rétroversé (incliné vers l'arrière) peut causer le même malaise. Comme on peut retrouver des cellules de l'endomètre sur la vessie ou sur les intestins, on comprend les symptômes qu'elle suscite, comme l'urgence mictionnelle ou les diarrhées.

Ce qu'il y a de particulier avec cette maladie, c'est que chaque femme est un cas d'espèce. On peut poser le diagnostic à 15 ans ou à 40 ans (le plus souvent entre 25 et 35 ans), on peut avoir des règles normales, et soudainement, à 30 ans, être très indisposée. On peut aussi avoir un répit d'une année ou deux, ou alors en souffrir après une ligature des trompes.

Autre caractéristique: l'intensité des symptômes est très variable et n'a rien à voir avec l'extension de la maladie. On observe des femmes avec beaucoup de lésions et peu de symptômes ou, au contraire, beaucoup de symptômes et peu de lésions.

Exceptionnellement, la migration des cellules de l'endomètre peut transporter l'endométriose dans différents endroits ou organes: dans les seins, dans le foie, dans les reins, dans les os, dans les poumons, etc.

Délai dans le diagnostic

Peu importe le pays, le diagnostic de l'endométriose prend entre sept à dix ans avant d'être posé. Est-ce qu'on tient trop pour acquis qu'on doit souffrir quand on a ses règles? Que nos douleurs n'intéressent pas les médecins? Que les médecins eux-mêmes ne reconnaissent pas l'ampleur du problème? Il faut croire que oui!

Un traitement?

On ne peut pas guérir l'endométriose, mais on peut en contrôler l'activité afin de soulager les symptômes. À mes patientes, je recommande de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l'Ibuprofène (Motrin, Advil) au début de leurs règles douloureuses: ils sont fort efficaces pour réduire la douleur et les saignements. Si la douleur persiste, voici quelques pistes:

- Les contraceptifs oraux ont la propriété de réduire la production d'oestrogène avant les règles. Les cellules de l'endomètre sont alors moins stimulées. En les prenant régulièrement, on peut espérer un soulagement important.

- Certaines femmes utilisent le stérilet Mirena qui libère, petit à petit, une hormone progestative. Cette hormone a la qualité d'atrophier les cellules de l'endomètre et de saboter ainsi une migration intempestive!

- D'autres patientes auront besoin de chirurgie. Par laparoscopie, le gynécologue peut soit brûler soit exciser les amas de cellules qu'il trouve dans l'abdomen et dans le petit bassin. Plusieurs femmes (60 à 90%) sont soulagées pendant plusieurs années par la suite.

- Des médicaments, comme le Lupron, disponible sur ordonnance, agissent sur l'ovaire de telle façon qu'ils créent une ménopause chimique: c'est parfois la seule solution aux douleurs perpétuelles. Les fameuses chaleurs associées à la ménopause peuvent faire leur apparition, mais c'est un moindre mal en comparaison avec la souffrance qu'elle élimine.

- La vraie fin de l'histoire, c'est l'arrivée de la ménopause (constatée officiellement après une année d'aménorrhée); plus d'ovules, plus de règles, plus d'endomètre! Avec la chute des oestrogènes, les cellules de l'endomètre qui sont fixées à l'extérieur de l'utérus cessent alors de se comporter comme si elles y étaient toujours; c'est ainsi que se termine l'endométriose.

Jeunes femmes, réagissez!

Par les temps qui courent, j'entends souvent des jeunes se prononcer contre les médicaments, y compris les contraceptifs oraux. Les contraceptifs oraux ont plus de 50 ans d'histoire et ils ont plus que donné les preuves de leur innocuité. Quand on sait quel soulagement ils apportent à l'endométriose, on ne peut que les recommander aux adolescentes qui ont des règles douloureuses: 50% d'entre elles souffrent déjà d'endométriose. Réagissez! Essayez les AINS ou les contraceptifs: vous verrez bien.

  

Le saviez-vous?

Les femmes suivies en clinique d'infertilité subissent des examens détaillés, dont la laparoscopie qui permet de regarder directement à l'intérieur de l'abdomen. On découvre qu'au moins 30% des femmes qui ont du mal à devenir enceinte ont des lésions causées par l'endométriose (9 à 50% selon les études).

  

Suggestion de lecture

Les menstruations (La santé en question), Dr Martin Winckler, Éditions de l'Homme, 2008.


Sources
Docteur Faruki, gynécologue à l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

Robert S Schenken, MD, Professor and Chairman of Obstetrics and Gynecology, Humana Foundation Distinguished Chair, University of Texas Health Science Center at San Antonio

 

 

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