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Comment éviter la diarrhée du voyageur?
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Comment éviter la diarrhée du voyageur?
Envie de fuir l’hiver et de vous réfugier sous le soleil du Sud pour les vacances? Pensez à vous protéger de la diarrhée du voyageur (ou tourista). Voici quelques conseils pour éviter que les crampes abdominales et les nausées ruinent votre voyage.
La diarrhée du voyageur, ça n'arrive pas qu'aux autres. De 20% à 50% des vacanciers vont en souffrir lors de leur prochain voyage dans le Sud. Et contrairement à certaines maladies ou infections, la tourista ne sévit pas que dans les pays en développement. Il est possible d'en être victime dans un chic tout inclus de Cuba, du Mexique ou de la République dominicaine, souligne la Dre Dominique Tessier. La spécialiste en santé voyage remarque même une augmentation des cas dans ces destinations soleil prisées des Québécois. «Le glaçon glissé dans un cocktail, la salade lavée à l'eau du robinet ou la simple gorgée d'eau qu'on avale en se brossant les dents peuvent suffire à provoquer une diarrhée», rappelle-t-elle.
Qu'est-ce que la diarrhée du voyageur?
Bien que généralement bénigne, la tourista peut bien vite faire oublier tous les attraits des vacances. Le plus souvent, elle est causée par des bactéries, des parasites ou des virus transmis par l'eau et les aliments contaminés. Les bactéries, notamment l'Escherichia coli entérotoxinogène (ECET) et plusieurs espèces de shigellas, salmonellas ou sampylobacters, sont à l'origine d'environ 80% des cas de diarrhée du voyageur. Les autres sont attribuables à des parasites ou à des virus tels que le norovirus et le rotavirus.
L'apparition de cette diarrhée est subite et survient dans les trois jours qui suivent l'ingestion de l'eau ou des aliments contaminés. Elle se caractérise par l'émission quotidienne de trois à huit selles liquides, et s'accompagne de nausées, de vomissements, de crampes abdominales et parfois d'une légère fièvre. Des symptômes qui disparaissent en général après quelques jours, sans aucun traitement. Mais un voyageur sur cinq sera au lit au moins 24h, estime la Dre Tessier. Chez les enfants, les personnes âgées et celles atteintes d'une maladie chronique, la diarrhée peut entraîner la déshydratation.
Se protéger contre la diarrhée du voyageur
Il est pourtant simple de réduire les risques d'attraper la tourista en suivant quelques règles simples d'hygiène et en se faisant vacciner. Malheureusement, trop de vacanciers ignorent l'existence du vaccin, même s'il est sur le marché depuis plus d'une décennie, déplore la Dre Tessier.
L'immunisation contribue à prévenir la diarrhée du voyageur causée par la bactérie ECET ainsi que le choléra causé par la bactérie Vibrio cholerae chez les adultes et les enfants de deux ans et plus. «C'est un excellent moyen de diminuer les risques. Le taux d'efficacité du vaccin contre l'ECET est de 86%. Il ne peut cependant rien contre les diarrhées dues à des virus et ne peut traiter la diarrhée du voyageur une fois qu'elle s'est manifestée», souligne la directrice médicale de la clinique santé voyage du Quartier Latin.
Pour être efficace, la vaccination nécessite deux doses prises par voie orale à au moins une semaine d'intervalle, la seconde devant être administrée au moins une semaine avant le départ en voyage. La protection dure trois mois.
Pour éviter la diarrhée du voyageur
Comme le vaccin n'assure pas une protection complète, il est important de continuer à faire attention à ce qu'on mange et boit à l'étranger:
- Se laver les mains avec de l'eau et du savon ou avec un désinfectant à base d'alcool avant de manger ou de boire;
- Ne consommer que des aliments qui ont été bouillis, cuits ou pelés;
- Éviter la nourriture non cuite, en particulier les mollusques, les crustacés et les salades;
- Choisir des fruits et légumes qu'on peut peler et, idéalement, on le fait soi-même;
- Manger froids les aliments froids et chauds les aliments chauds;
- Boire uniquement de l'eau purifiée qui a été bouillie ou désinfectée au chlore ou à l'iode, ou encore de l'eau commerciale en bouteilles scellées;
- Éviter les glaçons dans les boissons;
- Se tenir loin des aliments vendus dans les kiosques de rue;
- S'abstenir de consommer des produits laitiers non pasteurisés ou de la crème glacée;
- Utiliser de l'eau traitée ou embouteillée pour se brosser les dents;
- Évite de nager dans de l'eau polluée ou contaminée.
Traitement de la diarrhée du voyageur
La première chose à faire - et parfois la seule nécessaire - pour soigner la tourista est de remplacer la perte de liquide causée par la diarrhée. L'eau traitée ou sécuritaire peut suffire. Une autre possibilité est d'opter pour une solution de réhydratation. La recette de la Dre Tessier: un litre d'eau, six sachets de sucre (5 à 6 c. à soupe), une pincée de sel et le jus d'une orange. On peut aussi inclure dans sa trousse de premiers soins des sels de réhydratation orale. On fait également attention à ce qu'on mange: pas de produits laitiers, mais des aliments riches en glucides et des féculents (pâtes, lentilles, pommes de terre, riz, etc.). Il est aussi préférable d'éviter les crudités, fruits, légumes verts et plats épicés.
Les médicaments antipéristaltiques, comme le lopéramide ou le chlorhydrate de diphénoxylate, sont pratiques lorsqu'on doit parcourir un long trajet en autobus, mais ils sont à utiliser avec prudence. En ralentissant les mouvements intestinaux, ils retardent l'élimination de l'infection et peuvent aggraver le problème, souligne la Dre Tessier, qui précise que ces produits sont contre-indiqués en présence de fièvre élevée ou de sang dans les selles.
Des antibiotiques tels que la ciprofloxacine et l'azithromycine peuvent être utilisés si la diarrhée est importante (plus de huit selles en 24 heures sans fièvre ni sang) et qu'elle est causée par une bactérie ou un parasite, conseille la Dre Tessier. Celle-ci suggère d'ailleurs aux gens qui voyagent hors des circuits touristiques ou dans des endroits où les services médicaux sont difficiles d'accès d'apporter ces produits avec eux. Il suffit de consulter un médecin dans une clinique de santé voyage pour obtenir une prescription. C'est également l'occasion parfaite pour mettre à jour sa vaccination de base (diphtérie, tétanos, rougeole, polio) ainsi que celle contre la malaria et l'hépatite A et l'hépatite B, selon la région visitée.
Lire aussi: Voyage à l'étranger et vaccination et Voyage à l'étranger: prévenir les risques de maladies.
Références
Agence de la santé publique du Canada
Organisation mondiale de la santé - Diarrhoeal diseases (en anglais seulement)
Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV) - Déclaration sur la diarrhée persistante après un voyage
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