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Cigarette électronique: on fait le point

Cigarette électronique: on fait le point

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Cigarette électronique: on fait le point

Elle est nouvelle et déjà, elle est partout: la cigarette électronique permet à tous de vapoter en toute liberté. Mais c’est bon ou pas? Le point en 8 questions.

Qu'est-ce que c'est?

Mise au point par un pharmacien chinois, la première version de la cigarette électronique (aussi appelée e-cigarette) a été commercialisée en 2005. Permettant de reproduire le geste de fumer, elle revêt plusieurs formes: cigarette, cigare, cigarillo, pipe ou même clé USB et stylo. Vendus sous plus de 400 marques différentes, la majorité des modèles sont fabriqués en Chine.

Toutes les e-cigarettes sont constituées d'un inhalateur, le bec de la cigarette, dans lequel s'emboîte un cylindre en acier inoxydable ou en plastique. Celui-ci contient une cartouche remplie d'un liquide, un atomiseur qui chauffe le liquide de la cartouche jusqu'à son évaporation, une pile et un voyant DEL qui s'allume chaque fois que l'utilisateur tire une bouffée. Certaines e-cigarettes sont à usage unique, tandis que d'autres sont munies d'une pile rechargeable et d'une cartouche qui peut être remplacée ou remplie avec une solution communément appelée e-liquide ou jus.

Ce liquide se compose à plus de 90% de propylène glycol ou de glycérol (des additifs généralement reconnus comme étant sécuritaires), auquel on ajoute souvent de l'alcool, de l'acide lactique et des arômes: chocolat, menthe verte, érable, tabac blond, melon d'eau, brandy, pistache... Il se vend plus de 7 700 saveurs différentes dans le monde, un nombre qui ne cesse d'augmenter! Ceux qui ajoutent de la nicotine en choisissent la concentration, la plus forte teneur équivalant presque à celle d'une cigarette conventionnelle, soit 20 mg/ml.

Est-ce un bon outil pour arrêter de fumer?

Il n'existe pas encore de preuve scientifique que la cigarette électronique est aussi efficace que les produits de sevrage déjà sur le marché (timbres, gommes, inhalateurs, pastilles, vaporisateurs, médicaments). Par conséquent, il est toujours interdit, au Canada, de la vendre comme une aide à l'abandon du tabac.

Malgré cela, l'argument est souvent invoqué par les commerçants... mais aussi par plusieurs professionnels de la santé. En effet, même s'ils ne peuvent pas la prescrire, certains médecins québécois n'hésitent pas à la recommander à leurs patients qui désirent écraser pour de bon, la considérant comme un moindre mal. D'ailleurs, plusieurs blogues et forums destinés à la cigarette électronique regorgent de témoignages de «vapoteurs» du monde entier qui ont réussi à diminuer leur consommation de tabac ou à s'en détourner complètement sans souffrir de symptômes de sevrage.

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Quels sont ses effets sur la santé?

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année. La combustion du tabac (c'est lui qui nuit à la santé, pas la nicotine, qui, elle, crée toutefois la dépendance) produit en effet plus de 4 000 produits chimiques responsables du développement de maladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires et du cancer.

«Il est bien documenté que les composantes chimiques de la cigarette électronique contiennent beaucoup moins d'impuretés et de produits nocifs que la cigarette traditionnelle», explique Annie Montreuil, chercheuse dans l'équipe de lutte au tabagisme de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Jugés plutôt inoffensifs, les ingrédients principaux du liquide, soit le propylène glycol et le glycérol, entrent déjà dans la conception de médicaments, d'aliments et de cosmétiques. «Les études publiées à ce jour ne notent pas d'effets indésirables importants à court terme. Ceux-ci seraient mineurs, comme une toux sèche, une irritation de la gorge ou de la bouche. En revanche, les effets à long terme demeurent inconnus», nuance la chercheuse.

La «vapeur secondaire» est-elle nocive?

Plusieurs études ont déjà été réalisées afin de déterminer la composition de la vapeur émise par les différentes marques de cigarette électronique et d'en évaluer les effets sur la santé des vapoteurs, mais aussi celle de leur entourage. D'autres résultats sont attendus prochainement.

Publiée à l'automne 2013, une étude menée par le magazine 60 millions de consommateurs (l'équivalent français de Protégez-vous) a révélé que les vapeurs émises par certaines marques de cigarettes électroniques peuvent contenir des substances «potentiellement cancérigènes», comme le formaldéhyde, l'acétaldéhyde et l'acroléine, ainsi que des traces de métaux lourds comme le nickel, le chrome, le plomb et l'aluminium. L'équipe du magazine se dit toutefois convaincue que la «vapeur secondaire» de la cigarette électronique est moins dangereuse que la fumée secondaire du tabac.

Cet été, des chercheurs de l'Université de Californie du Sud (USC) ont obtenu des résultats similaires. Ils ont trouvé dix fois moins de particules nocives dans la vapeur de certaines marques de cigarette électronique, comparativement à la fumée des cigarettes traditionnelles, et presque aucune substance organique cancérigène. Par contre, ils ont eux aussi noté la présence de métaux toxiques, dont certains ne se retrouvent même pas dans la fumée du tabac (comme le chrome). Ils ont en effet mesuré dans la vapeur des e-cigarettes des concentrations de métaux parfois moins élevées que dans la fumée (comme le plomb et le zinc), mais parfois plus élevées (le nickel, par exemple).

Ils sont ainsi arrivés à la même conclusion: la vapeur secondaire est un peu moins nocive que la fumée secondaire, tout en spécifiant qu'elle reste dommageable pour la santé... pour l'instant du moins. «Les particules de métal proviennent probablement du dispositif de la cartouche de la cigarette électronique lui-même, ce qui permet de croire que de meilleures normes de fabrication pourraient réduire la quantité de métaux dans la fumée», souligne Arian Saffari, auteur principal de l'étude.

Les gens incommodés par la vapeur des e-cigarettes dans les espaces publics et les lieux de travail devront vraisemblablement respirer par le nez jusqu'à ce qu'une législation claire soit établie. En attendant une révision de la Loi sur le tabac qui inclura la cigarette électronique, il est toujours possible de demander (gentiment) au vapoteur de consentir à ranger sa cigarette électronique... ou de fréquenter des établissements qui la bannissent (cette interdiction est pour le moment laissée à la discrétion des propriétaires).

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Y a-t-il des normes qui régissent sa fabrication?

«Il n'existe pour le moment aucune norme et pratiquement aucun contrôle de la qualité, autant pour le dispositif de vaporisation que pour le contenu des cartouches», précise Annie Montreuil. Des études ont décelé des traces de nicotine dans des e-cigarettes qui déclaraient en être exemptes. Elles ont aussi mesuré jusqu'à 70% d'écart entre la teneur en nicotine de certaines cartouches et celle indiquée sur leur étiquette, et noté une très grande variation dans la composition des liquides selon les fabricants. Inquiétant! C'est pourquoi les organismes de santé publique souhaitent qu'une réglementation et des standards soient imposés aux fabricants afin d'assurer la qualité et la sécurité des cigarettes électroniques.

Quelles sont les lois qui l'encadrent?

Au Canada, on peut acheter des e-cigarettes sans nicotine jetables depuis 2009 dans les dépanneurs, les tabagies, certains magasins à 1$ et en ligne. Comme elles relèvent de la Loi sur la sécurité des produits de consommation, les mineurs peuvent s'en procurer sans problème (plusieurs commerçants refusent toutefois de leur en vendre par principe). Sur recommandation de plusieurs organismes de santé publique, le gouvernement provincial planche actuellement sur une mise à jour de la Loi sur le tabac afin d'y inclure la cigarette électronique et en interdire la vente aux mineurs ainsi que toute forme de publicité et de promotion.

Santé Canada rappelle, pour sa part, que les cigarettes électroniques et les cartouches qui contiennent de la nicotine sont soumises à la Loi sur les aliments et les drogues. Cela signifie que ces produits doivent être homologués par le Ministère (donc répondre aux exigences d'innocuité, de qualité et d'efficacité) avant d'être importés, annoncés ou vendus. Comme aucun produit n'a reçu d'autorisation de mise en marché, leur vente (même en ligne) est toujours interdite au Canada. Malgré cela, on peut aisément en acheter en ligne et dans les boutiques spécialisées, qui se multiplient à une vitesse époustouflante. Quelques mesures ont été prises par Santé Canada, comme la saisie de produits et l'envoi d'avertissements écrits aux marchands pour qu'ils cessent de vendre des cartouches et des e-cigarettes contenant de la nicotine. Les commerçants poursuivent néanmoins leurs activités, sous prétexte que la teneur en nicotine de leurs produits est insuffisante pour qu'ils soient visés par la Loi sur les aliments et les drogues, créant ainsi une zone grise pour faire des affaires d'or.

Peut-on l'utiliser dans les endroits publics?

L'usage de la cigarette électronique ne fait l'objet d'aucune réglementation pour le moment. On peut donc, en théorie, la fumer dans tous les endroits publics, à part les avions. «Nous conseillons tout de même à nos clients de ne pas vapoter dans les endroits publics ou, du moins, de demander la permission avant de le faire. C'est une question de civisme», répond Christian Longpré, de Vaporium, une boutique spécialisée dans la cigarette électronique. L'OMS a cependant déposé un rapport à la fin de l'été, recommandant d'interdire le vapotage dans les lieux publics intérieurs tant qu'on n'aura pas démontré que sa fumée secondaire est sans danger.

Combien ça coûte?

Bonnes pour plus ou moins 400 bouffées (l'équivalent d'une vingtaine de cigarettes conventionnelles), les e-cigarettes sans nicotine coûtent une dizaine de dollars chacune. Le kit de départ d'un modèle réutilisable se vend entre 50$ et 100$ et il faut compter une trentaine de dollars supplémentaires par mois pour le liquide.


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