Guide des maladies
Acouphènes / Perte d’audition / Vertiges
Guide des maladies Photographe : iStock
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Acouphènes / Perte d’audition / Vertiges
Les acouphènes sont ces bruits «agaçants» qu’une personne entend sans que ces sons existent réellement. Un symptôme souvent lié à une perte d’audition.
«Il y a du bruit sur la ligne. Quel est ce bruit?» Vous vous souvenez de la dernière fois que vous avez voulu téléphoner et que «la ligne était mauvaise?» Un bruit de douche, un bruit de vent, un sifflement vous empêchaient de jouir de la communication.
Essayer d'imaginer ces bruits dans vos oreilles ou votre tête pour une journée, un mois, une année, dix ans ... de façon intermittente ou continuelle. Vous souffririez alors d'acouphènes et de leurs conséquences désagréables dans vos activités quotidiennes.
Vous feriez ainsi partie des quelque 700 000 personnes au Québec qui souffrent d'acouphènes à des degrés variables de sévérité (70 000 personnes auraient des acouphènes sévères).
Qu'est-ce qu'on appelle acouphènes ?
Les acouphènes sont définis comme des sensations auditives perçues sans stimulation auditive directe.
Vous avez probablement plus souvent entendu parler de «TINNITUS» qui est l'expression de langue anglaise. L'origine latine de ce mot signifie «tinter ou sonner comme une cloche».
L'acouphène est le signe d'une déficience dans le système auditif ou dans d'autres régions autour du système auditif.
Plusieurs problèmes de santé peuvent être accompagnés d'acouphènes et plusieurs facteurs peuvent les provoquer ou les maintenir. Nous ne mentionnerons ici que les plus fréquents:
- De la cire collée au tympan, des otites et les problèmes d'équilibration de la trompe d'Eustache, la rigidité des osselets de l'oreille moyenne (otosclérose).
- L'augmentation du liquide dans l'oreille interne (comme dans la maladie de Ménière), ou encore des changements dans les cellules de l'oreille interne (dus à l'âge, les bruits trop forts, les infections, l'hérédité, etc.).
- Le fonctionnement inadéquat des fibres nerveuses par des infections, des tumeurs, de la sclérose en plaques, la compression par d'autres structures.
- Des changements biochimiques dus à des problèmes métaboliques ou systémiques (anémie, diabète, problèmes thyroïdiens, hyper et hypotension, etc.).
- Des spasmes musculaires rythmiques au niveau des muscles de l'oreille et de la gorge, des problèmes vasculaires au niveau de la tête et du cou, et même un problème au niveau des articulations des mâchoires peuvent irriter le système auditif.
- Les médicaments (l'aspirine, les anti-dépresseurs, les anti-inflammatoires) de même que certains traitements comme les électrochocs, les opérations à l'oreille et autour de l'oreille.
- Des facteurs liés à l'alimentation tels que la consommation abusive de caféine, alcool et produits épicés, l'usage excessif du tabac et de toutes drogues, l'exposition volontaire ou non à des bruits très forts, certaines positions du corps, certains changements hormonaux peuvent aussi provoquer des acouphènes.
- Les facteurs psychologiques peuvent provoquer et maintenir les acouphènes par leurs effets biochimiques et vasculaires: anxiété généralisée, dépression, comportement compulsif et autres réactions émotives.
C'est une question souvent posée aux personnes qui souffrent d'acouphènes. Quoique la plupart du temps, il soit difficile de préciser exactement la cause ou le facteur relié aux acouphènes d'un individu, il est possible d'en trouver l'origine la plus probable.
Comme pour les maux de tête, les étourdissements et les douleurs chroniques, il existe beaucoup de causes et facteurs prédisposant au phénomène des acouphènes.
C'est par l'auto-observation, la connaissance des antécédents personnels médicaux et professionnels, à l'aide de questionnaires et d'examens divers qu'il sera possible de déterminer la cause la plus probable des acouphènes d'un individu. C'est une étape importante pour trouver la meilleure solution individuelle.
Les acouphènes peuvent être entendus dans une oreille (unilatéral), dans les deux oreilles (bilatéral) ou de façon diffuse dans toute la tête (central). Ils peuvent être continus ou intermittents, faibles ou forts, associés ou non à une perte auditive.
Les acouphènes peuvent ressembler soit à un seul son, à un bruit, à une pulsation, à un «hum», à des cliquetis, des craquements, des bruits complexes ou même à une combinaison de toutes ces possibilités. Lorsque la personne entend des bruits significatifs comme des voix, de la musique ou autre, on parle alors d'hallucinations auditives.
Chez certains individus qui n'ont pas de perte auditive, on a identifié des acouphènes légers, perceptibles dans le silence seulement. Il pourrait s'agir d'un phénomène naturel de l'oreille interne qui génère des bruits physiologiques sous forme d'une sorte d'écho.
On peut parler d'acouphènes subjectifs (entendus par l'individu uniquement) et d'acouphènes objectifs (perçus aussi par une personne extérieure avec ou sans l'aide d'instruments spéciaux) dans 1% des cas seulement.
L'invisibilité du problème le rend encore plus mystérieux et dramatique pour ceux qui en souffrent et aussi pour ceux qui essaient d'en trouver les causes et les solutions.
En effet, comment peut-on entendre des acouphènes sans stimulation extérieure?
Ce phénomène mystérieux peut être explicable par le fonctionnement extrêmement complexe du système auditif dont la description complète dépasse les objectifs de cette page.
Comment le système auditif peut-il produire et maintenir les acouphènes?
Reprenons l'exemple de la communication téléphonique, en l'appliquant au système auditif. Quand «il y a du bruit sur la ligne», ce bruit peut provenir:
- du récepteur (oreille externe, oreille moyenne, oreille interne);
- des fils électriques (nerf auditif et fibres nerveuses du tronc cérébral) qui communiquent avec la centrale téléphonique;
- de la centrale téléphonique elle-même (cortex auditif);
- ou encore des connections électriques de la centrale téléphonique pour contrôler les entrées et sorties des diverses lignes d'abonnés (système efférent).
Ainsi, un son extérieur se rend au cerveau où il est enregistré. Le cerveau utilise tout son bagage de mémoire, d'attention, de connaissances linguistiques et non linguistiques pour analyser, reconnaître, interpréter, réagir à la simulation et même la contrôler.
Les acouphènes seraient des stimulations qui arrivent au système auditif de n'importe quel niveau de la «ligne téléphonique» à cause d'une irritation ou d'un fonctionnement inadéquat du système auditif. Le cerveau enregistre ces changements comme si c'était un son extérieur. Comme pour l'exemple d'un ascenseur, des passagers peuvent monter à n'importe quel étage vers le sommet, mais au sommet, on ne sait pas de quel étage les passagers proviennent.
Consultez un professionnel de la santé informé qui pourra évaluer votre acouphène. N'hésitez pas à lui poser toutes les questions que la lecture de ce site aura suscitées.
Essayez de sensibiliser ces spécialistes à ce que vous vivez afin que plus de gens s'impliquent dans la recherche des causes et des traitements des acouphènes
Contactez-nous au R.Q.P.A. (Regroupement Québécois pour Personnes avec Acouphènes) pour obtenir des renseignements plus précis, pour rencontrer des gens ayant des acouphènes et participer à des séances d'informations. Des groupes d'entraide sont peut-être organisés dans votre région ou sont sur le point de démarrer.
Les acouphènes, ces invisibles
«Il y a du bruit sur la ligne. Que peut-on faire?» Il existe différentes raisons qui peuvent expliquer les acouphènes. Il y a donc aussi plusieurs façons d'essayer de les éliminer.
Connaissant la complexité du système auditif périphérique et central, il est difficile de savoir exactement la cause des acouphènes, donc difficile d'intervenir directement sur cette cause. La première étape d'une intervention consiste à essayer de trouver la cause la plus probable ou le facteur influençant le plus les acouphènes pour un individu donné.
Il est important de ne pas avoir peur de consulter. Par cette démarche, il sera possible de diminuer l'anxiété reliée au manque d'information et à l'imprécision du diagnostic.
Si les acouphènes sont invisibles, leurs effets par contre ne le sont pas. C'est la qualité de la vie de l'individu qui est diminuée. Il ne dort plus, se concentre moins facilement, devient irritable, s'isole... et ainsi les acouphènes peuvent augmenter. C'est toute la personne qui en souffre, ce ne sont pas seulement ses oreilles qui sifflent ou qui bourdonnent: répercussions personnelles, sociales et professionnelles.
«Il y a du bruit sur la ligne. Je veux m'en débarrasser.» C'est un souhait bien légitime. Les méthodes d'intervention proposées considèrent la personne dans son ensemble au lieu de ses acouphènes uniquement.
Comme il n'existe pas un traitement unique pour tous les types d'acouphènes, il est donc important de considérer plusieurs approches jusqu'à ce qu'on puisse en trouver une ou plusieurs qui nous permettraient, soit de faire disparaître les acouphènes, soit de mieux les tolérer ou d'en faire disparaître les effets sur la qualité de vie de l'individu.
Est-il possible de faire disparaître les acouphènes?
Si on peut identifier la cause...
Si les acouphènes sont reliés à une maladie de l'oreille ou à un problème de santé identifié, il est possible que les acouphènes soient éliminés ou très réduits une fois que la maladie est traitée. C'est l'aspect guérison auquel la médecine moderne nous a habitués.
Quand les démarches diagnostiques ne sont pas poursuivies, quand le traitement ne peut éliminer le dommage déjà établi ou quand le traitement n'est pas encore découvert, la médecine nous dit alors: «Il n'y a rien à faire»...
Si on ne peut identifier la cause...
Il est possible de faire disparaître les acouphènes chez certains individus et d'en réduire les effets désagréables chez la plupart, après une analyse détaillée du problème et après avoir exploré plusieurs pistes de solutions.
- Les médicaments et autres interventions médicales peuvent permettre d'enrayer les acouphènes pour des périodes plus ou moins longues. Ainsi les vaso-dilatateurs, les anti-convulsifs, les barbituriques peuvent diminuer les acouphènes pour des périodes de temps limitées. Les opérations visant à sectionner certaines fibres nerveuses ont cependant peu d'effet sur les acouphènes. Les effets secondaires de ces méthodes sont nombreux et ils devraient être considérés en collaboration avec le médecin traitant.
- Certains traitements visant à faire disparaître les acouphènes (ex.: médicaments, opérations, stimulation électrique, etc.) ont été rapportés comme pouvant aussi, chez certaines personnes, en augmenter l'intensité et la fréquence d'apparition.
- Les médecines dites alternatives (chiropractie, ostéopathie, homéopathie, acupuncture, etc.) n'ont été étudiées que chez quelques individus. Les résultats sont en faveur d'un mieux-être général.
- L'usage de moyens de masquage (soit par une musique douce, le bruit produit par l'interférence de deux postes de radio ou de télévision ou des appareils d'assourdissement) peut, chez certains individus, «cacher» les acouphènes. Comme il s'agit d'un autre son ou bruit extérieur, il est souvent plus tolérable que le bruit dans les oreilles et l'individu s'adapte mieux. Il en a le contrôle. Dans certains cas, il est même possible que, par un phénomène physiologique encore mal connu, ce masquage ait un effet inhibiteur, c'est-à-dire qu'il favorise la disparition complète ou partielle des acouphènes. L'usage de ces appareils ne convient pas à tous les individus et il est préférable de consulter un audioprothésiste ou un audiologiste qualifié avant de s'en servir.
Chez ceux dont les acouphènes sont associés à une perte auditive, il est possible que les acouphènes ne soient plus audibles ou sensiblement moins dérangeants pendant le port d'une prothèse auditive (amplifiant les sons extérieurs).
- Solutions d'ordre comportemental: ces méthodes impliquent que la personne travaille soit sur sa réaction aux acouphènes, à l'aide d'approches cognitives, soit sur ses habitudes de vie qui maintiennent la présence d'acouphènes. Les principes généraux de ces méthodes sont de favoriser l'auto-observation pour mieux travailler sur des méthodes d'autogestion des acouphènes. C'est la prise en charge de la santé par l'individu même à partir d'information et de formation à diverses approches. Les différentes méthodes de relaxation vont permettre à l'individu de mieux contrôler le stress qui cause les acouphènes et le stress causé par les acouphènes.
- L'approche holistique combine des éléments d'alimentation, de relaxation et d'exercices physiques pour un mieux-être de l'individu.
- Enfin, les groupes d'entraide et d'information permettront à la personne souffrant d'acouphènes de tenir bon dans ses démarches qui pourront quelquefois sembler longues, demander beaucoup de discipline et amener des modifications des habitudes de vie auxquelles l'individu lui-même et l'entourage devront s'adapter pour diminuer les effets néfastes des acouphènes.
Quelle est la meilleure solution?
À partir d'un plan de démarches personnalisé préparé en collaboration avec un professionnel concerné (souvent l'audiologiste joue un rôle de premier plan dans ce domaine), l'individu explore différentes approches qui lui permettront, sinon de faire disparaître ses acouphènes, du moins de mieux vivre avec.
Ainsi, au lieu de devenir obsédé par la «pilule miracle», la personne devient plutôt engagée dans des stratégies personnelles pour faire face au problème chronique. L'individu est ainsi dynamisé à devenir l'agent de son propre changement.
Recherches et développement
C'est dans toutes les sphères des sciences comportementales et non comportementales qu'il faut investir. C'est par les témoignages, les nombreux essais et l'implication rigoureuse de toutes les personnes concernées qu'il sera possible d'intervenir de façon plus adéquate auprès des personnes avec acouphènes.
«La connaissance des causes et des facteurs prédisposant aux acouphènes, et les résultats de diverses approches devraient déboucher vers la prévention de ces problèmes d'acouphènes et la préservation de la santé physique et mentale.»