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L'acide lactique à l’origine de tous les maux?

L'acide lactique à l’origine de tous les maux?

? iStockphoto.com Photographe : ? iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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L'acide lactique à l’origine de tous les maux?

Un mythe veut que tous les maux des sportifs soient dus à l'accumulation d'acide lactique dans les muscles ou de lactate dans le sang. Mise au point.

Dès qu'on pousse un peu fort sa machine, ça fait mal: aux muscles, au ventre et parfois à l'ego. Et si ça fait mal, il faut bien qu'il y ait un responsable. On prétend souvent que l'acide lactique (ou le lactate) occasionne la douleur. Cette idée reçue est largement entretenue par les revues sportives populaires.

D'abord, une certitude: à haut régime, les muscles déversent dans la circulation sanguine de l'acide lactique sous forme d'un sel qu'on appelle le lactate. Mais, quand on examine en détail la façon dont l'énergie est produite dans le muscle au cours d'efforts de diverses intensités, on se rend compte que le lactate n'a pas tous les vices qu'on lui prête.

Il n'existe pas une fatigue musculaire, mais plutôt des fatigues musculaires. En effet, bien que leur manifestation soit la même, c'est-à-dire l'impossibilité de poursuivre l'effort, la fatigue du sprinter n'est pas celle du marathonien, et celle-ci n'est pas celle de l'haltérophile ou de l'alpiniste, etc. Il est naïf de penser que le lactate constitue la seule et unique cause des diverses formes de fatigue musculaire. En fait, selon plusieurs arguments expérimentaux, l'acide lactique et le lactate n'ont finalement pas grand-chose à voir avec la fatigue musculaire.

Fatigue musculaire et récupération

L'argument le plus convaincant: il peut y avoir fatigue musculaire alors que la concentration d'acide lactique du muscle n'est pas élevée et, inversement, on peut observer une absence de fatigue musculaire alors que la concentration d'acide lactique est élevée. Ainsi, au terme d'épreuves particulièrement éprouvantes comme le marathon, la fatigue est extrême, mais la concentration de lactate dans le sang n'est pas beaucoup plus élevée qu'au repos. Il peut donc y avoir fatigue musculaire avec très peu d'acide lactique.

Autre exemple probant: après un effort isométrique épuisant des quadriceps (ex. «faire la chaise», le dos appuyé au mur), la force diminue de façon transitoire à cause de la fatigue, mais cette fatigue s'atténue rapidement et disparaît presque complètement en deux minutes de récupération. Après cette période, le muscle est capable à nouveau de développer la force initiale.

Si l'on observe le degré d'acidité des muscles, on s'aperçoit qu'il a considérablement augmenté au cours de la contraction isométrique, ce qui pourrait appuyer l'hypothèse selon laquelle l'acide lactique est responsable de la fatigue. En revanche, pendant la période de récupération, le degré d'acidité dans le muscle ne revient que très lentement à la normale. Ainsi, deux minutes après la fin de l'exercice, le degré d'acidité est encore très élevé alors que le muscle n'est plus fatigué puisqu'il peut à nouveau développer la force initiale. On ne peut donc soutenir que l'augmentation du degré d'acidité dans le muscle est responsable de la fatigue, puisque nous observons ici un haut degré d'acidité sans manifestation de fatigue.

En somme, les fatigues des sportifs peuvent avoir, selon le type d'effort, diverses causes. Cependant, rien ne prouve que l'acide lactique ou le lactate soit la cause, ni même l'une des causes principales de l'une ou l'autre des formes de fatigue.

  

Voir la vidéo d'exercices Micropauses pour contrer la fatigue musculaire au travail

Source

Thibault G. et F. Péronnet, La mauvaise réputation, Sport et Vie 92:46-51, 2005.

 

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