Vie de famille

Témoignage: mon enfant est un intimidateur

Témoignage: mon enfant est un intimidateur

  Photographe : Anne Villeneuve

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Témoignage: mon enfant est un intimidateur

Moi qui étais sincèrement convaincue d’offrir une excellente éducation à mes enfants... de leur inculquer de bonnes valeurs. 

Voilà que mon fils se moquait du poids d’une camarade de classe! Ç’a heurté mon cœur de maman.

 

La cloche annonçant la fin des classes venait à peine de retentir lorsque mon fils, alors âgé de huit ans, s’est précipité dans la voiture. Confortablement installé sur la banquette arrière, il regardait à l’extérieur pendant que nous attendions sa sœur. Soudainement, il a lancé: «Ah, cette grosse-là, je ne l’aime pas. Elle devrait arrêter de manger!»

Estomaquée, je l’ai questionné afin de comprendre pourquoi il portait un jugement à l’égard de sa camarade de classe. J’étais certaine que c’était la première fois qu’il agissait de la sorte. Quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai reçu un appel de la direction de son école primaire! On m’a confirmé ce que je redoutais le plus: mon fils intimidait une jeune fille et on souhaitait me rencontrer. J’étais sidérée. L’intimidation, j’en connais un rayon pour en avoir subi au secondaire. Ce comportement peut détruire l’estime d’une personne à un point inimaginable. Si je craignais que l’un de mes enfants en soit victime un jour, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Mon garçon était un intimidateur...

Ce soir-là, mon fils et moi avons discuté, puis je lui ai raconté cette période de ma vie où j’étais la cible d’intimidateurs. J’ai tenté de savoir ce qu’il ressentirait si les rôles étaient inversés.

«Lorsqu’on est sensible à ce que vivent les autres, on est moins porté à les blesser, confirme la psychologue, auteure et conférencière Nathalie Parent. On ne naît pas intimidateur, on le devient. Pour diminuer le taux d’intimidation et de violence dans les écoles, on devrait aider les élèves à développer leur empathie et les encourager à se mettre dans la peau des autres.»

Ai-je besoin de vous dire que je ne suis pas parvenue à trouver le sommeil une fois la nuit venue? Le comportement de mon fils m’attristait. Non seulement je me glissais dans la peau de la jeune fille, mais aussi dans celle du parent qui devait consoler son enfant depuis trop longtemps déjà. Je souffrais pour eux. J’ai cogité toute la nuit. À mon avis, des excuses ne seraient pas suffisamment réparatrices, car les blessures sont énormes pour les victimes d’intimidation.

Sur le chemin de l’école, le fameux matin de la rencontre, j’ai exposé les détails de mon plan d’intervention à mon garçon. Gêné, il a néanmoins accepté. Dans le bureau de la direction, où se trouvaient la petite fille et ses parents, j’ai encaissé les dures insultes que mon garçon, un élève de troisième année, avait crachées au visage de sa camarade de classe. J’avais la nausée. Néanmoins, je me suis ressaisie et j’ai demandé aux parents s’ils étaient d’accord pour que leur fille séjourne à la maison, le temps d’un week-end. Surpris, ils ont d’abord hésité, pour finalement accepter.

Quand la fillette est arrivée à la maison, le samedi matin, mon fils était gêné. Afin de briser la glace, je leur ai proposé de jouer à des jeux de société. Pendant la partie, ils ont beaucoup rigolé. Aux jeux vidéos, la jeune fille a impressionné mon garçon. Il était carrément interloqué. La magie commençait à opérer. Nous sommes allés au cinéma, à la bibliothèque, avons partagé des repas. Les enfants discutaient, riaient. Le plus beau dans cette histoire, c’est que, depuis ce temps, la jeune fille est la meilleure amie de fiston. Il a appris à la connaître bien au-delà des apparences et a constaté à quel point elle est une fille adorable.

Jamais plus mon fils n’a récidivé. Ses relations se sont également améliorées avec ses six frères et sœurs. Et vous savez quoi? La direction de l’école m’a grandement remerciée pour cette initiative «surprenante». Comme j’aurais souhaité qu’on intervienne ainsi à l’époque où cette jeune fille, c’était moi! Mon expérience m’aura peut-être permis d’adopter une approche différente, et je désirais montrer l’exemple. Parce qu’un parent se doit d’accompagner son enfant même lorsqu’il est intimidateur. Nos enfants deviennent ce qu’on leur apprend, non?

* Sandes est fière du changement positif qui est survenu dans la vie de son fils, mais aussi dans celle qui est aujourd’hui sa meilleure amie.

 

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