Pas toujours rose, la vie de maman...

Coup de Pouce
Les valeurs de performance et de réalisation de soi véhiculées par notre société ajoutent aussi au désir d'être des mères parfaites, constate le Dr Martin St-André, psychiatre au CHU Ste-Justine. «On attend des femmes qu'elles vivent bien leur grossesse et leur accouchement, qu'elles perdent du poids rapidement après la naissance du bébé et qu'elles vivent l'arrivée du nouveau-né dans l'euphorie... Comme ce n'est pas nécessairement ainsi que les choses se passent, ça crée beaucoup de malentendus.»
Une bonne partie de cette pression vient aussi des mères elles-mêmes. «Il y a un désir profond des femmes d'essayer de faire le mieux et d'être parfaites comme mères», remarque la Dre Patricia Garel, chef du département de psychiatrie au CHU Ste-Justine. Cela n'a rien d'étonnant. La quête de l'idéal touche souvent toutes les sphères (travail, amour, amitié, famille) de la vie d'une femme, et être une excellente mère n'est qu'une poursuite parmi d'autres.
Pourtant, tous s'entendent pour dire que la perfection n'est pas l'objectif à atteindre. «Il n'y a rien de pire qu'une mère parfaite! soutient la Dre Garel. Comment un enfant peut-il grandir dans sa propre imperfection si sa mère est parfaite? L'important c'est de faire le mieux possible. Les mères doivent se faire confiance et accepter de faire des erreurs.» Devenir parent, ça s'apprend. Le savoir et se le répéter souvent peut déjà enlever beaucoup de stress.
Consultez le dossier Fête des Mères de Mokasofa!
Et si le troisième était de trop?
«Devenir maman a été difficile: ma carrière était très accaparante et, à la fin de la journée, je n'avais plus rien à donner. C'est pourquoi nous avions décidé que je ne retournerais pas travailler après notre deuxième. Cela s'est assez bien passé jusqu'à ce que, deux ans plus tard, on décide d'avoir un troisième enfant. Depuis, je me sens envahie. Ma petite me réclame constamment. J'envie tellement mon chum, qui est capable d'aller aux toilettes tout seul! Ce don total de soi m'est très difficile. C'est clair qu'il n'y en aura pas un quatrième!
Je ressens un besoin de plus en plus pressant de m'éloigner de la maison, de ma famille, pour me retrouver... toute seule! Mais retourner travailler n'est pas la solution. Ma présence à la maison offre à ma famille une qualité de vie que je ne suis pas prête à sacrifier. Sans compter que ma profession ne me permettrait pas de gérer l'horaire de mes trois enfants. Je me sens prise au piège... Je veux me retrouver, évaluer ce que j'aime et me réorienter pour trouver une occupation qui me ressourcerait. À court terme, j'ai embauché une gardienne pour s'occuper de ma petite dernière une journée et demie par semaine. Ça fait du bien, mais ce n'est pas suffisant. Ma prochaine étape: un voyage en Europe toute seule!»
Isabelle, 37 ans, maman de Maxime, 8 ans, Loic, 5 ans, et Zara, 2 ans
Perdre de vue la femme qu'on est
«J'ai toujours rêvé d'avoir une famille, mais je pensais que ce serait plus facile. Je me sens perdue en tant que mère, je me suis complètement oubliée et perdue de vue. Je ne sais plus qui je suis vraiment. Je vois des femmes qui arrivent à tout concilier et je ne comprends pas. Ça ne doit pas être dans mon tempérament. Lorsque ma fille est entrée en première année et que je me suis aperçue qu'elle avait des problèmes d'apprentissage, j'ai fini par laisser mon travail parce que je n'en pouvais plus avec la routine, les heures dans le trafic, la pression d'arriver à l'heure, les devoirs, les repas et le ménage... J'étais stressée, fatiguée et je criais après tout le monde. Ce n'était plus sain.
Isabelle T., 42 ans, mère de Claire, 10 ans, et Michael, 7 ans
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Trouver de l'aide
• Éducation-Coup-de-fil, service de consultation professionnelle pour aider les parents à solutionner les difficultés liées à l'éducation: tél.: 1-866-329-4223.
• Ligne Parents, Centre d'intervention téléphonique qui offre soutien et assistance aux parents: tél.: 1-800-361-5085.
• La Fatigue émotionnelle et physique des mères, par Violaine Guéritault, Odile Jacob, 2008, 320 p., 17,50 $.
• Pour parents débordés et en manque d'énergie, par Francine Ferland, CHUM Sainte-Justine, 2006, 138 p., 14,95 $.
• Mères au bord de la crise de nerfs: la maternité à l'ère de la performance, par Judith Warner, albin Michel, 2006, 263 p., 29,95 $.
• Il n'y a pas de parent parfait, par Isabelle Filliozat, Marabout, 2009, 318 p., 10,95 $.
En rire un peu
• Je ne sais pas comment elle fait, par Allison Pearson, J'ai lu, 2004, 418 p., 15,95 $.
• Les (Z)imparfaites, le blogue de deux mères qui veulent en finir avec l'obsession de la mère parfaite.