Vie de famille
Mon ado a honte de moi
Photographe : Anne Villeneuve
Vie de famille
Mon ado a honte de moi
«Voyons, maman, arrête! Tout le monde nous regarde!» mon amie Pascale n’avait pas l’impression de faire grand-chose de mal quand sa fille de 14 ans lui a fait ce commentaire. Elle pensait lui faire plaisir en fredonnant la chanson qui jouait à la radio, une pièce qu’elles aiment beaucoup toutes les deux.
Bon, c’est vrai, la scène se passait à l’épicerie... «C’était naturel pour moi de chanter en rigolant avec ma fille, raconte Pascale. Mais selon elle, je chantais fort et elle a vraiment eu honte de moi. Me voir chanter en public, «pas rapport», a été pour elle un moment de grand malaise!»
«C’est malaisant» est d’ailleurs l’expression préférée de la fille de Pascale... et de plusieurs adolescents, confirme Geneviève Henry, intervenante à la Ligne Parents. «Les ados veulent se détacher de leurs parents et de leurs comportements, précise-t-telle. Ça fait partie de leur développement. Ils cherchent à définir leurs propres valeurs et leur personnalité.» Voilà pourquoi ils nous critiquent si souvent, ils désapprouvent certains de nos comportements et ils se détachent de nos goûts. On le sait, les parents n’ont généralement «pas rapport» aux yeux des adolescents.
«De plus, comme l’image est très importante pour eux, le sentiment de honte apparaît facilement, ajoute Geneviève Henry. Devant un parent qui ne se comporte pas comme il le voudrait, l’ado a honte parce que, selon lui, ça ternit son image et il a peur du jugement.» Ce sentiment est d’autant plus fort que l’estime de soi est fragile à l’adolescence. «Comprendre ce qui explique la réaction de honte de notre ado nous permet de prendre du recul, dit l’intervenante. Les parents ne devraient pas voir cela comme une attaque personnelle. Le mieux est d’accepter la réaction de notre jeune et de ne pas en faire trop de cas.» À mesure que notre ado gagnera de la confiance, ce comportement va diminuer.
Pascale a compris que son adolescente ne voulait pas attirer l’attention en public. «Je respecte ça, dit-elle. J’y pense deux fois maintenant avant de chanter en public avec ma fille, mais je garde ma personnalité. Je suis une fille de bonne humeur: je ne vais pas m’empêcher d’être spontanée!» Une bonne attitude, selon Geneviève Henry. «Le parent sert de modèle, et c’est bon pour un ado de voir des adultes s’assumer. Mais c’est bien aussi de ne pas faire exprès de mettre notre jeune mal à l’aise. Être sensible à ce que vit notre ado favorise des relations plus paisibles.»