Vie de famille

Les hyperparents, ces parents extrêmes

Les hyperparents, ces parents extrêmes

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Les hyperparents, ces parents extrêmes

Et si on était tous un peu, à nos heures, des hyperparents? Portrait d'un nouveau phénomène bien présent, mais dont on parle peu.

Parents extrêmes

Certains parents surinvestissent la vie de leurs enfants. Aveuglés par l'esprit de performance ambiant dans la société, animés par le désir d'offrir les meilleures chances possible à leurs enfants, et souvent angoissés par l'abondance d'informations souvent contradictoires sur l'art d'élever un enfant, ils tombent parfois, bien malgré eux, dans l'excès.

Le phénomène des hyperparents est observable depuis une vingtaine d'années dans les familles occidentales et orientales évoluant dans des sociétés où la compétition et la performance sont des valeurs prisées. Myriam Jézéquel, auteur du livre Ces enfants déstabilisés par l'hyperparentalité, a scruté cette tendance pour en définir certaines particularités.

Selon elle, l'hyperparentalité vient du fait que beaucoup croient qu'être parent, ça s'apprend avec des livres, des émissions de télé, des cours, etc. Pour eux, il faut être un parent expert, rien de moins, pour donner le maximum de chances à ses enfants. Rapidement, ces parents entrent dans la spirale de la performance, qui est largement appuyée par la multitude d'informations qu'on retrouve sur l'art d'être un bon parent et comment bien stimuler son enfant à tous les âges. Ce sont aussi, souvent, des parents très anxieux qui tolèrent mal les erreurs et veulent à tout prix réussir leur rôle de parent. Du coup, ils comblent des lacunes de leur confiance en suivant à la lettre les diktats à la mode de la société.

Les hyperparents tiennent leurs enfants à l'abri de tous les dangers, font souvent les choses à leur place pour éviter les erreurs - et la potentielle frustration qui va avec! -, les éveillent et les stimulent dès leurs premiers mois de vie par peur qu'ils ne ratent des chances de réussite, surveillent leur parcours scolaire, multiplient les cours et les activités parascolaires, contrôlent leurs amitiés, évaluent constamment leur développement (et le comparent avec celui des autres enfants), les couvent outrageusement d'attentions affectives et surprotègent constamment. Aussi, chez les hyperparents, les temps libres n'existent pas. Dans leur agenda, tout est «booké». Plus on court, mieux c'est perçu. «Souvent, le temps libre peut être vu comme étant non productif. Pourtant, avoir trop d'activités peut aussi être nocif. L'épuisement guette ces familles et particulièrement les enfants», note Catherine Cloutier, psychologue.

L'hyperparentalité part très souvent d'un noble désir et d'une bonne volonté. Les parents veulent le bien de leurs enfants, désirent qu'ils s'épanouissent et leur assurent sécurité et protection. «Bien sûr qu'il vaut mieux un parent qui protège son enfant qu'un autre qui le néglige, mais il reste que le surprotéger n'est pas la solution. Les extrêmes sont à éviter. Surprotéger notre enfant lui envoie le message qu'il n'est pas capable de faire des choses par lui-même. On ne peut pas passer notre vie à le mettre à l'abri des échecs, ce n'est pas plus profitable pour lui», estime Catherine Cloutier.
 

Différents hyperparents

On est parfois toutes un peu des hyperparents dans certaines sphères de notre système de valeurs ou dans nos principes d'éducation. Voici sept facettes de l'hyperparentalité telles que décrites par Myriam Jézéquel:

  • Le coach, celui qui stimule trop
  • Le perfectionniste, celui qui exige trop
  • Le compétitif, celui qui s'investit trop
  • Le gâteau, celui qui gâte trop
  • Le poule, celui qui protège trop
  • Le contrôlant, celui qui gère trop
  • L'inquisiteur, celui qui se mêle trop de tout

Société de performance au banc des accusés?

Bien sûr, plusieurs abordent le fait d'être parent dans une perspective de performance. Aujourd'hui, on a peu d'enfants et surtout, ils sont longtemps désirés, espérés, parfois même programmés. On est loin de l'époque de nos arrière-grands-mères, où enfanter n'était pas un choix et encore moins un accomplissement personnel. Désormais, même avant sa naissance, le bébé est roi et au centre de larges préoccupations. De fait, devant ces enfants tant désirés, les parents mettent tout en œuvre - tombant parfois dans l'excès - pour assurer leur bonheur, leur épanouissement et leur éducation... même au détriment des leurs. D'autres voient dans leurs enfants la chance de réparer leur propre enfance, de combler un vide affectif ou même de donner un sens à leur vie. Lourd bagage à porter pour ces enfants. Finalement, le rêve d'un enfant parfait, champion, vedette ou ultra-performant biaise parfois les idées des parents, qui se mettent à exiger trop et à vouloir développer au maximum le potentiel - mais pas nécessairement l'intérêt - de leur petit.

Et les conséquences?

Être la cible d'une telle attention parentale impose une pression épouvantable aux enfants. Les attentes des parents dépassent parfois les bornes et exigent des enfants le repoussement constant de leurs limites physiques en plus de gruger leur santé psychologique. Fatigués, stressés et anxieux, certains enfants ne sont pas capables de développer leur autonomie dans ce carcan. «S'ils sont constamment pris en charge, les enfants ne savent pas comment prendre une réelle décision. Ils sont moins autonomes et moins débrouillards», constate Catherine Cloutier.

Les parents, quant à eux, se retrouvent à bout de souffle, débordés et complètement stressés. Leur anxiété, leur désir de tout bien faire et leur course à l'excellence les éloignent du simple plaisir d'être parent, qu'ils ont complètement oublié dans cette parentalité démesurée... Pourtant, il est possible d'encourager, de soutenir, de protéger et d'aimer nos enfants sans glisser dans l'excès et le contrôle. Tout est question d'équilibre quelque part entre le pas-assez et le trop...

À lire

  • Ces enfants déstabilisés par l'hyperparentalité, par Myriam Jézéquel, Les éditions Québec-Livre, 2013, 176 pages.
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