Vie de famille

La tentation du dernier enfant

La tentation du dernier enfant

Anne Villeneuve Photographe : Anne Villeneuve Auteur : Coup de Pouce

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La tentation du dernier enfant

À l'approche de la quarantaine, alors que nos enfants ne portent plus de couches depuis longtemps, il se peut que l'envie d'un dernier bébé se fasse sentir. Notre journaliste s'est questionné sur cette envie du dernier enfant.

Vous voulez bien chuchoter? C'est qu'ici, je viens tout juste d'endormir Marguerite. Elle a deux mois et elle s'est enfin assoupie. Je perçois son souffle sur mon bras et sens qu'elle devient un peu plus lourde, enfin abandonnée au sommeil. Elle est aussi mignonne que minuscule. À côté d'elle, les autres enfants semblent être des géants. Les miens - de 13 et 9 ans - tout particulièrement.

Marguerite n'est pas ma fille, mais bien celle de mon amie Catherine. Mais ce minipoupon adorable est responsable du retour de l'irrationnelle question «Et si...?» qui repart en boucle quand on nous dépose un bébé dans les bras, nous, les mamans d'enfants plus grands.

Et si on avait un dernier enfant? Franchement, je suis persuadée que si j'en avais un troisième, je serais une maman bien plus relax et confiante. Aussi, avoir un bébé 9, 10 ou 12 ans après avoir accouché du dernier a du bon. «Tu sais davantage à quoi t'en tenir. Quoique... en même temps, tu es en plein paradoxe. Je jasais sexualité avec Simon alors que je coupais les ongles d'orteils de Vincent. Au final, je trouve que c'est comme élever deux enfants uniques», me confiait Chantal, qui a eu Vincent 10 ans et une semaine après Simon. Et Vincent lui-même, du haut de ses 12 ans, m'a soufflé que lui et son grand frère évoluent dans deux univers différents, mais que, lorsqu'ils passent du temps ensemble, ils ne le perdent pas à se chicaner; ils en profitent! Des
enfants qui ne se chicaneraient pas? Le rêve! Mes hormones dansent presque... mais Marguerite se met à se tortiller dans mes bras. Elle couine un peu... Oh! non, non! Dors encore! Du coup, les illusions se dissipent et je retombe dans la réalité. Moi, avoir un autre enfant? Je goûte enfin à la liberté qu'offre l'autonomie durement acquise des miens. Je me surprends à me féliciter: «Oh yeah! J'ai franchi toutes les étapes de la petite enfance!» Recommencer? Non, je passe mon tour. Dès que j'y pense sérieusement plus de deux minutes et sans un adorable bébé dans les bras, je sais que c'est la bonne décision. J'ai toujours voulu avoir des enfants sans jamais avoir un nombre précis en tête, et je sais que ma famille est complète. Je savoure les nouvelles étapes sans trop de nostalgie. «En ayant un enfant plusieurs années après son dernier, une femme peut concrétiser quelque chose qu'elle a toujours voulu. Si elle a toujours dit qu'elle aurait trois enfants, il se peut que son désir soit toujours là», explique Isabelle Dagenais, auteure d'Être maman pour le meilleur et pour le pire. Ce n'est pas mon cas mais, bien sûr, je pourrais toujours changer d'idée. Toutefois, à l'approche de la quarantaine, je me dis que, bientôt, physiquement, ce sera impensable. «Il est certain que le sentiment que le temps presse, qu'il n'y a pas tant d'années devant soi, et le désir de faire mieux peuvent réveiller ce dernier appel», soutient la spécialiste.

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Ouiiiiiiiiiiin! Marguerite hurle à pleins poumons, maintenant. Je panique un peu. Non, bien que je la trouve ultra-mignonne, un autre bébé n'est pas pour moi. Le «Et si...?» flotte peut-être dans ma tête, mais mes hormones ne s'affolent pas. C'est un signe, non? Et un autre signe, c'est que je me pose la question: «Un bébé, ces temps-ci, on couche ça sur le ventre ou sur le dos?»

Eh oui, j'ai déjà oublié. Avec des enfants de 9 et 13 ans, la question que je me pose maintenant, c'est plutôt comment les réveiller le matin...  

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