6-12 ans

Les pipis au lit, ça s’arrête quand?

 Les pipis au lit, ça s’arrête quand?

  Photographe : Getty Images

6-12 ans

Les pipis au lit, ça s’arrête quand?

Fatigue. Frustration. Incompréhension. Et impatience.

Certains parents vivent difficilement les contrecoups des pipis au lit répétés de leur enfant la nuit. Il existe quelques pistes de solution au-delà des consignes de base... la première étant de soutenir l’enfant, sans jugement ni pression, rappellent les experts.

À bientôt 11 ans, Charlotte fait pipi au lit régulièrement. Propre le jour depuis l’âge de deux ans, la fillette n’a pas de maladie, ni de trouble, ni d’histoire familiale particulière. «On peut dire que c’est son seul défaut!» lance sa mère, Marie-France, en riant.

N’empêche que cette résidente des Laurentides a «tout essayé» pour régler le problème. «La nuit, Charlotte dort à poings fermés, dit la femme de 37 ans. Oui, on est écœurés de laver le lit à 3h du matin... mais on sait qu’elle ne le fait pas exprès. Et on sait que nous ne sommes pas les seuls à vivre cela.»

En fait, environ 15% des enfants de cinq ans font pipi au lit au moins une fois par semaine. À 10 ans, ils sont environ 5%. Et à 15 ans, de 1 à 2%. «Cela veut dire qu’à Montréal seulement, des dizaines de milliers d’enfants mouillent régulièrement leur lit, la nuit, souligne le Dr Matthew Donlan, responsable du Centre de consultation pédiatrique de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Les consultations pour énurésie nocturne sont fréquentes.»

 

Rester zen

Marilyn, une mère de quatre enfants qui habite la Côte-Nord, a consulté un médecin pour comprendre et aider son garçon de neuf ans qui fait pipi au lit toutes les nuits. «Avant 12 ans, on m’a dit qu’on ne faisait rien, parce que son système est toujours considéré comme immature, nous confie-t-elle. On prend notre mal en patience. C’est surtout pour lui que la situation est difficile!»

Malgré les quatre achats de matelas, qu’elle remplace parce qu’ils s’usent rapidement, elle assure qu’elle réussit à rester zen: «À quoi ça servirait de le chicaner? C’est sûr que ça crée des tensions dans la maison, parce qu’on est pressés le matin, qu’on doit gérer le changement de draps et qu’il doit se doucher, remarque Marilyn. Ça ne lui tente pas tout le temps!»

La Dre Marie-Joëlle Doré-Bergeron encourage les parents à garder leur calme... et à s’armer de patience. «Gérer les pipis au lit, comme parent, ce n’est pas facile, indique la pédiatre au CHU Sainte-Justine. Ils doivent y mettre du temps et de l’énergie. Pour certains parents, c’est quasi quotidien. Il faut garder à l’esprit que ce n’est pas intentionnel de la part des enfants, que c’est une question de maturité du système nerveux. Les parents ne doivent pas punir leurs enfants.»

 

pipi au lit

© Getty Images

 
Pourquoi ça arrive?

Il y a plusieurs causes possibles de l’énurésie nocturne. La maturité du système nerveux, qui envoie au cerveau le signal que la vessie est pleine, et donc qu’il faut se réveiller et se rendre à la toilette, en est une. «Il y a aussi une composante génétique importante, ajoute le Dr Donlan. L’enfant dont un parent mouillait son lit a environ 50% de risque de le faire aussi. Et si les deux parents le faisaient, le risque grimpe à 75%.»

Finalement, les causes peuvent aussi être hormonales (un déficit en hormone antidiurétique, par exemple) ou physiques (comme une vessie plus petite que la «normale»). Si elle revient après être disparue six mois ou plus, l’énurésie pourrait alors être causée par un stress émotionnel, une infection ou encore un diabète. Des causes rares, notent les deux médecins.

Ce qui est plus fréquent, c’est une énurésie liée à la constipation. Parce qu’ils ne sont pas vidés complètement, les intestins font pression sur la vessie et l’enfant perçoit moins bien le signal qu’il doit se rendre à la toilette. «Les autres problèmes que l’on croise assez souvent lorsqu’on traite l’énurésie, c’est une apnée du sommeil, un ronflement ou un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité», énumère le Dr Donlan.

 

Couches, systèmes d’alerte et autres trucs

Mère d’un garçon de 10 ans et d’une fille de 8 ans, Véronique doit s’occuper de deux enfants qui font pipi au lit toutes les nuits... ou presque. «Ils portent des couches pour enfants mais, dans le cas de mon fils, ça déborde, note-t-elle. Il ne se réveille pas: quand il dort, il dort profondément!» Cette mère de famille qui vit à Jonquière a aussi essayé le système d’alerte pipi au lit: des bandes mises au sous-vêtement de l’enfant ou sur le matelas qui captent la moindre humidité. Les capteurs sont liés à une alarme qui retentit pour réveiller l’enfant avant la miction. Cette solution fonctionne particulièrement bien chez les enfants de plus de sept ans, croit le Dr Donlan. «Les études montrent un taux de succès de 20 à 50%, dit-il. Mais les résultats n’apparaissent qu’au bout de quelques mois d’entraînement. Il faut être prêt et motivé.»

Bon à savoir: plusieurs marques offrent différents modèles à des coûts variables (de 80$ en location à 450$ à l’achat). Les frais liés à cet achat ne sont pas couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Sophie, mère d’un garçon de 13 ans qui s’échappe souvent la nuit, déplore le prix des sous-vêtements de nuit. «Les Pull-Ups pour enfants assez grands, presque adultes, ça coûte cher!» s’exclame-t-elle.

Cette maman de Trois-Rivières commence à avoir «pas mal d’expérience» en matière de pipis au lit. Ses conseils? Garder espoir. Lâcher prise. Rendre ça banal aux yeux de l’enfant, parce que «ce n’est pas sa faute». Et finalement, avoir une bonne méthode pour faciliter les choses, la nuit. Dans son cas, elle a installé une housse en plastique sur le matelas. «Depuis qu’il a 10 ans, c’est lui qui enlève ses draps mouillés, la nuit, et il se recouche avec une couverture de rechange. Je le responsabilise sans le blâmer.»

 

pipi au lit

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En parler

Le vrai drame survient lorsque des enfants se mettent à avoir une moins bonne estime d’eux-mêmes, qu’ils sont gênés ou honteux parce qu’ils souffrent d’énurésie nocturne. «Certains n’osent pas aller dormir chez un ami ou participer à un camp, signale le Dr Donlan. Quand il y a de l’isolement, de l’anxiété ou de la colère, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin ou à un professionnel de la santé.»

Outre le système d’alerte pipi au lit, des médicaments hormonaux, pris oralement, peuvent être prescrits pour diminuer la production d’urine la nuit.

Le plus important, répète le Dr Donlan, c’est d’en parler ouvertement, sans jugement, ni critique, ni pression sur l’enfant, et ce, peu importe son âge. «Il faut éviter de culpabiliser l’enfant, conclut-il. Non seulement cela n’aide pas la situation, mais cela peut avoir des effets psychologiques à long terme.» 

 

Pour diminuer les risques

Les conseils de base

  • Éviter tout liquide deux heures avant le coucher.
  • Encourager l’enfant à faire pipi avant le dodo; le réveiller au besoin quand on se met au lit à notre tour.
  • Traiter la constipation si elle est présente chez l’enfant.
  • Éviter la couche-culotte; penser à mettre un petit pot dans la chambre, au besoin.
  • Installer une veilleuse sur le chemin vers la salle de bains.
  • Installer une housse imperméable pour faciliter le lavage.

 

Est-ce un problème plus important?

8 questions à se poser

  1.  Est-ce que votre enfant a été propre pendant une période de six mois et s’est tout à coup remis à s’échapper (le jour ou la nuit)?
  2. Ressent-il une sensation de brûlure au moment d’uriner?
  3. A-t-il plus soif qu’avant?
  4. Fait-il pipi plus que huit fois par jour?
  5. Ses envies sont-elles pressantes ou si urgentes qu’il ne puisse se retenir?
  6. Doit-il forcer pour uriner? Cela lui demande-t-il un effort?
  7. À la miction, est-ce que le jet est saccadé ou par gouttelettes?
  8. S’échappe-t-il au cours de la journée?

Si vous répondez «oui» à l’une de ces questions, il vaut mieux consulter un médecin, afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’affection sous-jacente à l’énurésie.

 

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