13 ans et plus

Être obèse à l'adolescence

Être obèse à l'adolescence

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

13 ans et plus

Être obèse à l'adolescence

Être obèse à l’adolescence, c’est composer avec les problèmes de santé, les activités quotidiennes et le regard des autres. Rencontre avec Alexandre Lévesque, obèse depuis l’enfance.

Alexandre a aujourd'hui 24 ans et a été le premier mineur au Canada à subir une pose d'anneau gastrique. «J'ai toujours été un gros bébé et ce n'est pas parce que je mangeais trop, raconte-t-il. À 12 ans, je pesais 290 livres et j'étais déjà obèse morbide.»

Pourtant, son frère Frédéric, de trois ans son cadet, a toujours eu un poids normal et sa mère l'encadrait énormément pour les repas et pour être sûr qu'il mange équilibré, précise-t-il. Sans résultats. On a dit à ses parents qu'Alexandre avait un débalancement du système digestif qui contribuait à son obésité.

Alexandre a évidemment subi les réflexions et commentaires des jeunes de son âge en grandissant. «Tu es gros, on ne peut pas jouer avec toi.» Cette phrase ou des expressions similaires, Alexandre en a entendu plus d'une fois, avec un pincement au coeur. «C'était difficile de ne pas pouvoir faire les mêmes activités que mes amis, dit-il. Je ne pouvais pas faire de vélo, parce qu'à chaque fois que je me mettais debout, la chaine cassait. Et même si j'aimais le sport, après cinq ou dix minutes, j'avais mal partout.» Idem pour les manèges qu'il ne pouvait pas faire, car trop gros, ou le métro qui le fatiguait ou même juste rester debout. «Le plus dur est de ne pas savoir pourquoi on est obèse, raconte-t-il. On se sent toujours à part des autres et on se pose toujours la question "Pourquoi moi?"»

Le jeune homme a eu son lot de maladie lié à l'obésité: haute pression, cholestérol, apnée du sommeil. «Mais j'ai eu de la chance et je n'ai pas fait de diabète», souligne-t-il.

Des opérations qui sauvent

À 16 ans, Alexandre pesait 420 livres. Une prise de poids de 130 livres en quatre ans. Pourtant, il assure ne pas être un outre-mangeur. Il admet toutefois qu'il mangeait de grosses portions, comme un adolescent en croissance, et qu'il buvait beaucoup de boissons gazeuses. Et qu'il ne reconnaissait pas les signes de satiété. «C'est mon médecin qui a décidé que l'anneau était une bonne solution pour moi, malgré mon âge, dit-il. Après l'opération, j'ai perdu 40 livres. Ça peut sembler peu, mais mon poids s'est stabilisé et je n'ai plus regrossi.»

Le 7 mai 2010, le jeune homme de 6 pieds retourne sur la table d'opération pour subir une dérivation gastrique. Il est ainsi passé de 387 à 215-220 livres.

Depuis, tout semble plus facile pour le jeune homme. Il peut marcher dans la rue sans sentir le regard des autres, il a plus d'énergie et se sent plus à l'aise avec les gens.

«Parce que j'ai été obèse morbide, il y a des douleurs que j'aurais toujours au dos, aux genoux et aux articulations des pieds, explique-t-il. C'est normal pour tout le monde, mais rester debout de longues heures sans avoir tellement mal que je dois m'asseoir, c'est spécial pour moi.»

Une chirurgie bariatrique exige aussi un travail de rééducation au niveau de l'estime de soi, La personne a toujours eu la mentalité de l'obèse et se perçoit encore comme telle. Elle conserve une image de soi déformée, ce qui peut avoir des répercussions sur son statut social et professionnel.

Parce qu'il a traversé toutes ces épreuves, Alexandre soutient la Coalition contre l'obésité qui milite pour un meilleur accès à la chirurgie bariatrique au Québec. Dans son cas, ses opérations lui ont facilité, voir sauvé la vie. «Je conseille à tous ceux qui souffrent d'obésité ou qui se sentent à part de s'accrocher à des choses qui leur font plaisir, de ne pas décrocher ou perdre espoir, parce qu'il y a des ressources qui sont là pour aider et ça fait un bien fou!»

Qu'est-ce que la chirurgie bariatrique?

La chirurgie bariatrique est considérée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le traitement le plus efficace contre l'obésité morbide. Elle regroupe un ensemble de techniques qui peuvent être classées en deux types d'interventions :

  • les techniques fondées sur une restriction gastrique, qui diminuent l'ingestion alimentaire par la réduction de la capacité gastrique
  • les techniques dites mixtes, qui associent à une restriction gastrique, le principe d'une malabsorption intestinale par la création d'un système de court-circuit ou de dérivation.

Elle entraîne une perte de poids étalée sur 18 mois d'environ 45% du poids avant chirurgie.

L'obésité morbide en bref
  • 400 000 Québécois en souffrent
  • Ils mobilisent au moins 1,5% des frais de santé uniquement pour le traitement des maladies associées à l'obésité
  • Plus de 3 500 personnes sont inscrites sur des listes d'attente pour une chirurgie
  • Le temps d'attente moyen pour une intervention est de cinq ans
  • 1 500 chirurgies sont pratiquées annuellement
  • Le taux d'obésité morbide augmente plus vite que le taux d'obésité

Source: Coalition contre l'obésité morbide

  

Lire aussi: Sommeil et travail mental, facteurs déterminants de l'obésité et consulter la fiche sur le calcul de l'IMC et du tour de taille.

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