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Seringues souillées dans les parcs: un danger d'infection?

Seringues souillées dans les parcs: un danger d'infection?

Istockphoto Photographe : Istockphoto Auteur : Coup de Pouce

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Seringues souillées dans les parcs: un danger d'infection?

Que faire si votre enfant se pique avec une seringue souillée dans un parc? Aura-t-il une infection comme le sida, l’hépatite ou le tétanos?

Lorsqu'un enfant se pique accidentellement avec une aiguille abandonnée dans un parc, une ruelle ou dans la cour de l'école, on assiste souvent à la panique des parents et des intervenants. Ce qui inquiète, évidemment, c'est que l'aiguille puisse contenir du sang contaminé et transmettre des infections causées par le virus de l'hépatite B (VHB),de l'hépatite C (VHC) ou du VIH/sida.

Quels sont les risques de transmission?

Les seules données fiables concernant le risque de contracter une infection transmissible par le sang suite à une piqûre accidentelle nous proviennent des études faites chez les travailleurs de la santé. Ces données démontrent, primo, que le risque de transmission est très faible et, secundo, que les principaux facteurs de risque sont la présence de sang frais dans la seringue et la profondeur de la blessure. Chez les toxicomanes, la transmission du virus est plus fréquente car ils se passent des seringues fraîchement souillées et ils se les plongent profondément dans les veines. Dans la population, les risques de transmission des hépatites et du VIH/SIDA sont rares puisqu'il s'agit le plus souvent de piqûres avec des aiguilles abandonnées depuis un certain temps, où le sang est habituellement séché et en infime quantité.

À l'hôpital Sainte-Justine, aucun cas de transmission n'a été observé chez une centaine d'enfants suivis à la suite d'une piqûre accidentelle.

La survie des virus dans l'environnement

La viabilité, ou capacité d'un organisme à demeurer vivant, n'est pas la même pour tous les virus. Les données démontrent que les virus sont souvent sensibles aux variations de températures et par conséquent, survivent peu dans l'environnement. D'ailleurs, on a rarement retrouvé des virus vivants (VHB et VHC) dans des seringues abandonnées, et le risque de transmission par le biais de ces piqûres demeure improbable.

Agir vite pour bloquer le virus

Les enfants s'étant piqués accidentellement avec une seringue abandonnée doivent néanmoins être référés le plus tôt possible dans un établissement de soins pour une évaluation médicale.

La rapidité de la prise en charge permettra au médecin de débuter, s'il y a des facteurs de risque de transmission, une prophylaxie antirétrovirale contre le VIH. L'efficacité de la prophylaxie antirétrovirale est inconnue lorsqu'on la débute plus de 24 à 36 heures après l'exposition.

Évaluer les risques de contamination

Le médecin évaluera les facteurs de risque de l'enfant (type de blessure, statut vaccinal de l'enfant) et ceux reliés à l'aiguille (taille, provenance, présence de sang frais ou séché, quantité). Si connus, les facteurs de risque concernant l'utilisateur de la seringue seront également évalués. Après avoir recueilli toutes les informations, le risque infectieux sera établi et les interventions suivantes pourront être mises en oeuvre:

Vacciner: une prophylaxie contre l'hépatite B sera indiquée si l'enfant n'a pas déjà reçu la série vaccinale ou si la réponse immunitaire est inadéquate. Ainsi, le vaccin contre l'hépatite B (immunité active) et/ou les immunoglobulines anti-hépatite B (immunité passive) seront administrés par voie intramusculaire. Il faudra alors s'assurer de compléter la série vaccinale dans les prochains mois.

Tester: un test sanguin afin de rechercher les différents virus (VHB, VHC, VIH) sera effectué au moment de l'évaluation initiale de l'enfant et jusqu'à 6 mois après l'exposition afin de couvrir la période d'incubation des différents virus.

Traiter: une prophylaxie antirétrovirale (une médication donnée en prévention) contre le VIH sera discutée si, et seulement si le risque infectieux est jugé important. Généralement, une combinaison de deux antirétroviraux (zidovudine ou AZTMC et lamivudine ou 3TCMC) sera prescrite pour 28 jours avec des suivis et des prises de sang: surveillance de la formule sanguine et des enzymes hépatiques. Dans de rare cas, on ajoutera un troisième antirétroviral.

Et vacciner encore: une mise à jour, si nécessaire, du statut vaccinal contre le tétanos et la diphtérie est également recommandée. C'est bien beau de penser au VIH, mais il ne faut pas oublier le bon vieux tétanos qui risque aussi de se transmettre suite à une blessure causée par une aiguille contaminée non seulement par du sang, mais aussi par de la poussière ou de la terre.

Un enfant se pique: que faire?

1. Examinez la blessure de l'enfant. Faites saigner la plaie légèrement avec le moins de pression possible et nettoyez celle-ci avec de l'eau et du savon.

2. Si possible, prévenez les autorités municipales ou la police, dont les patrouilleurs sont généralement équipés pour ramasser les seringues souillées. Sinon, avec de grandes précautions, placez-la seringue dans un contenant rigide afin d'éviter qu'une autre personne ne se pique, et portez-la à la pharmacie ou au poste de police les plus proches. Idéalement, manipulez l'objet avec des pinces. Notez l'absence ou la présence de sang dans la seringue ou sur l'aiguille ainsi que l'endroit exact où la seringue a été trouvée.

3. Si les parents sont absents au moment de l'accident, avisez ceux-ci de la situation et des démarches à suivre.

4. Référez l'enfant sans délai dans un établissement de soins pour évaluation médicale accompagné de son carnet de vaccination. Si les parents étaient absents au moment de l'incident, communiquez-leur tous les détails afin qu'ils puissent informer le personnel médical.

Éducation dans la communauté

Les parents et les professionnels de la santé qui travaillent auprès des enfants, particulièrement les éducatrices dans les services de garde à l'enfance et les infirmières en santé scolaire, ont un rôle essentiel dans la prévention des piqûres d'aiguilles chez les enfants. Voici quelques conseils:

-Rappeler aux enfants de ne jamais toucher aux seringues abandonnées qu'ils pourraient trouver.

-Mettre bien en vue les affiches du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

-Inspecter l'aire de jeux (la cour, le carré de sable) avant l'arrivée des enfants.

-Porter une attention particulière sous les bancs de parc, autour des arbres et buissons et des points d'eau lors des sorties avec les enfants dans un lieu public.

Sources

BLAIS D. Un enfant s’est blessé avec une seringue…Perspective infirmière, vol.3, no1, sept-oct. 2005, p. 27-8.

CENTERS FOR DISEASE CONTROL, CDC. Antiretroviral Postexposure Prophylaxis After Sexual, Injection-Drug Use, or Other Nonoccupational Exposure to HIV in the United States. MMWR, 2005; 54(RR02); 1-20.

LAFERRIÈRE C., BLAIS D., Exposition accidentelle à des liquides contaminés en milieu communautaire: protocole post-exposition appliqué à la Pédiatrie, Montréal, Hôpital Sainte-Justine, Mai 2001.

Ministère de la Santé et des Services sociaux. La récupération des seringues et des aiguilles usagées: une responsabilité à partager. Rapport et recommandations du Groupe de travail sur la récupération des seringues usagées au Québec, Québec, MSSS, 2005.

ZAMORA AB and al. Detection of infectious human immunodeficiency type 1 virus in discarded syringes of intravenous drug users. Pediatr Infect Dis J. 1998 Jul;17(7):655-7.

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