0-5 ans

Le point sur la circoncision

Le point sur la circoncision

Getty Images Photographe : Getty Images Auteur : Coup de Pouce

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Le point sur la circoncision

Selon des études récentes, les bienfaits de la circoncision surpasseraient les risques, ce qui incite certains professionnels de la santé à demander la circoncision systématique des nouveau-nés. Qu’en est-il au Québec?

Au printemps 2014, des chercheurs américains et australiens ont annoncé que les bienfaits de la circoncision (l'intervention qui consiste à retirer le prépuce, la peau qui recouvre le gland) «sont 100 fois supérieurs aux risques», ce qui a amené certains d'entre eux à recommander la circoncision systématique des nouveau-nés. Leur position s'appuie sur des études menées en Afrique entre 2005 et 2010, selon lesquelles la circoncision protégerait des risques d'infection par le VIH de 50 à 60% et de 30% pour l'herpès génital et le papillomavirus humain.

«Personnellement, je trouve ces statistiques difficilement transposables à la réalité du Québec, soutient Dr Dickens Saint-Vil, chef du service de chirurgie pédiatrique du CHU Sainte-Justine et professeur titulaire au département de chirurgie de l'Université de Montréal. De plus, ça envoie le faux message que la circoncision protège contre les infections transmises sexuellement.»

Plus de bienfaits que de risques?

Au Québec, environ 3% des nourrissons se font circoncire quelques jours après leur naissance. Si l'opération n'est pas très répandue chez les francophones, la demande a augmenté ces dernières années avec la hausse de l'immigration. Selon Dr Saint-Vil, cette intervention est surtout effectuée pour des motifs religieux (religions juive et musulmane), par tradition (parce que le père est circoncis), pour des raisons d'esthétique ou d'hygiène (le gland étant plus facile à laver en début de vie).

Sans indication médicale, l'opération n'est pas défrayée par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ). Au CHU Sainte-Justine, les parents doivent payer environ 250$ pour une circoncision néonatale. Plusieurs cliniques privées la pratiquent également à des prix variés. «Ces dernières années, nous avons dû prendre en charge plusieurs enfants qui s'étaient fait circoncire en clinique privée et qui ont souffert de complications», met en garde Dr Saint-Vil.

En plus d'être douloureuse, l'intervention comporte certains risques: saignement, hémorragie, infection, obstruction du méat urinaire, extraction d'une trop grande surface de peau ou pas assez, adhérence, déformation du pénis... Si les complications ne concernent qu'environ 1% des circoncisions néonatales, les risques augmentent lorsque l'opération est effectuée plus tard. En effet, on calcule que 5 à 10% des garçons non circoncis devront finalement subir l'opération à cause entre autres d'infections récurrentes du gland et du prépuce, d'un phimosis (le gland n'est pas décalotté) ou d'un paraphimosis (prépuce coincé derrière le gland).

Malgré tout, la Société canadienne de pédiatrie (SCP) ne recommande pas la circoncision systématique des nouveau-nés. «La SCP analyse actuellement les nouvelles études et découvertes publiées depuis un an afin de rédiger des recommandations attestées respectueuses des besoins des Canadiens», répond Katie Olsen, relationniste à la SCP.

«Je ne suis pas pour la circoncision de routine, qui entraînerait des coûts importants pour le système de santé publique, dit Dr Saint-Vil. Ça doit demeurer un choix personnel des parents et ceux qui désirent faire circoncire leur enfant doivent obtenir toute l'information nécessaire pour prendre une décision éclairée et avoir accès à une intervention effectuée de la façon la plus sécuritaire possible.»

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