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Faire confiance à son petit, un jeu d’enfant?

Faire confiance à son petit, un jeu d’enfant?

Thinkstock Photographe : Thinkstock Auteur : Coup de Pouce

N’oublie-t-on pas parfois que notre plus grand rôle, en tant que parents, c’est d’apprendre à nos enfants à se passer de nous?

Il est toujours plus facile de faire les choses à la place de nos enfants. D'abord, ça va plus vite, et puis, c'est tellement moins compliqué de faire que d'expliquer. Sans compter qu'ils sont encore trop jeunes pour faire ceci ou cela! Mais est-ce vraiment le cas?

Les enfants ne demandent qu'à expérimenter, essayer, tenter, découvrir, explorer, se lancer, etc. Nous, en revanche, on est tétanisées. Nos petits qui partent à la découverte, qu'on le veuille ou non, on voit ça comme un détachement. En effet, ils s'éloignent graduellement du cocon familial vers de plus grands horizons: CPE, parc, école, rues voisines, pyjama-party, cégep, nouveau quartier, etc. On veut les protéger d'un échec, d'un potentiel danger, d'une catastrophe, d'une peine ou d'autres malheurs. Mais le risque de leur transmettre nos propres peurs est grand. Et celui de les empêcher de croire en eux, encore plus.

La première fois que ma fille m'a demandé si elle pouvait aller jouer au parc seule, un rapide et puissant «non» est sorti de ma bouche. Puis, pendant qu'elle boudait, j'ai réfléchi. À son âge, je faisais depuis longtemps de longues marches pour me rendre chez mes amies, je prenais mon vélo dans le quartier et le parc était le lieu de rassemblement des enfants du voisinage. Mais pourquoi donc est-ce que je refusais? Les temps ont changé? Les rues ne sont plus sécuritaires? Je soupçonne les voisins? J'ai réussi à départager mes propres peurs et la réalité, et j'ai changé d'idée. Je lui ai dit «oui» avec une bonne dizaine de conseils, d'avertissements et d'appels à la prudence. Mais c'était un «oui» quand même.

«La ligne entre protection et surprotection n'est pas évidente, note Martin Duclos, psychoéducateur à la Commission scolaire de Montréal et coauteur du livre Responsabiliser son enfant, aux Éditions du CHU Sainte-Justine. Quand on surprotège, on préserve notre enfant des dangers, mais celui-ci pense qu'ils n'existent pas. Or, il est important que les enfants sachent que les dangers existent pour apprendre à y faire face.»

De notre côté, on doit apprendre à faire confiance à nos petits. «Chaque parent doit être à l'écoute des capacités de son enfant et ne pas laisser son obsession du temps qui presse, par exemple, freiner son apprentissage, comme dans le cas classique de l'enfant qui s'habille seul à la garderie, mais qui se fait habiller par ses parents le soir», relève le spécialiste. Faire à la place, c'est l'ennemi qui l'empêche d'avancer.

Quand sa fille Florence, 4 ans, est passée d'une garderie en milieu familial à un grand CPE, un flot d'interrogations et de doute s'est emparé de l'esprit de mon amie Jasmine. Florence réussirait-elle à aller à la toilette seule, à s'habiller chaudement pour aller dehors, à manger suffisamment au dîner? En y réfléchissant bien, Jasmine a réalisé qu'en faisant tout pour sa fille, elle lui nuisait. «J'ai donc commencé à lui donner plus de latitude, en lui permettant de jouer seule au soussol, en ne parlant pas à sa place, en la laissant se servir d'un couteau, etc. J'ai compris que ce n'était pas en lui tenant toujours la main qu'elle allait apprendre à voler de ses propres ailes», raconte-t-elle.

Avoir confiance en nos enfants, c'est briser notre propension à nous croire indispensables, arrêter de les attacher à nous, les laisser explorer le monde et les pousser vers l'avant au lieu de les couver, tout en leur montrant combien on les aime. La plus belle récompense? Les revoir revenir vers nous, les yeux brillants de fierté et de bonheur, pour nous raconter leurs nouvelles aventures. 

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