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Banques de lait maternel: le retour des nourrices?

Banques de lait maternel: le retour des nourrices?

iStockphoto.com Photographe : iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Banques de lait maternel: le retour des nourrices?

Un projet de banque publique de lait maternel pourrait faire revivre les nourrices. Les bébés prématurés qui ne peuvent être allaités par leur mère pourraient ainsi profiter des bienfaits du lait maternel sans allaitement au sein.

Les mères nourricières ne seront bientôt peut-être plus chose du passé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec songe à mettre sur pied une banque publique de lait maternel. La mise en place de celle-ci serait confiée à Héma-Québec, un partenaire qui jouit déjà d’une solide expérience pour prélever, entreposer, analyser et distribuer des produits d’origine humaine, comme le sang, les cellules souches et les tissus.

«L’étude de faisabilité qui devait déterminer les besoins et les coûts reliés au projet a déjà été réalisée, dit le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales d’Héma-Québec. Nous attendons maintenant la décision du Ministère pour aller de l’avant.»

Qu’est-ce qu’une banque de lait maternel?

Les banques publiques de lait maternel existent déjà en Europe et aux États-Unis. Au Canada, de la vingtaine qu’elles étaient au début des années 1980, il n’en reste qu’une seule, à l’Hôpital BC Women’s de Vancouver. Cette dernière fournit du lait à plus de 1800 bébés prématurés grâce à environ 120 femmes bénévoles. «Au Québec, l’étude de faisabilité indique qu’il faudrait entre 250 et 300 donneuses par année pour répondre aux besoins médicaux en lait maternel», indique le Dr Marc Germain. Un nombre jugé réaliste, puisque avec sa banque de donneuses de sang de cordon, Héma-Québec a déjà une porte d’entrée pour recruter des volontaires.

Si le projet fonctionne, toutes les nouvelles mères ne seront pas admises comme donneuses. «Elles devront répondre à des questionnaires et passer des tests médicaux, comme le font les donneuses de sang de cordon, pour qu’on puisse savoir si elles prennent des médicaments ou si elles sont porteuses de certaines maladies comme le VIH ou une hépatite», précise le Dr Germain.

Quant à la collecte, elle ne s'effectue pas nécessairement de la même façon d'un pays à l'autre. En Europe, le lait donné au nourrisson provient d'une seule mère, tandis qu'aux États-Unis et au Canada, on mélange celui de plusieurs donneuses afin de s'assurer d'une certaine homogénéité de la valeur nutritive. Le lait des mères est ensuite testé, pasteurisé et congelé avant d'être distribué.

Une banque de lait pour les prématurés

La mise sur pied d'une banque de lait maternel vise à favoriser la survie des bébés prématurés, dont les mères ne sont pas en mesure de produire du lait à cause de la prématurité de l'accouchement, d'une raison médicale ou d'un décès. «L'objectif n'est pas de remplacer le lait de la mère ni d'offrir le lait de banque en option aux femmes en bonne santé ayant des bébés bien portants et à terme. La priorité sera accordée aux enfants prématurés. Pour la suite, on verra», dit le Dr Germain.

C'est que le lait maternel peut parfois faire la différence entre la vie et la mort pour un bébé né prématurément. Riche en protéines, vitamines et minéraux, le lait maternel contient des anticorps qui aident le nourrisson à combattre les infections. Le Dr Germain souligne que la congélation dénature certaines protéines présentes dans le lait, mais n'annule pas les bénéfices qu'il procure aux bébés. «Des études sérieuses démontrent que le lait maternel réduit des deux tiers le risque d'entérocolite nécrosante, une maladie qui se caractérise par l'apparition de lésions susceptibles d'évoluer vers une perforation de l'intestin ou une péritonite causant la mort», rapporte-t-il.

L'échange de lait maternel: un choix risqué

L'absence de banque publique de lait maternel n'empêche pas certaines femmes qui éprouvent des difficultés à allaiter de recourir à l'échange de lait avec d'autres mères. Elles se tournent vers des amies ou des personnes qui offrent leur lait dans des réseaux comme eBay ou Facebook. Une solution qui n'est pas sans risque, prévient le Dr Germain, qui précise que «malgré les bienfaits associés au lait maternel, il peut transmettre certaines maladies et être contaminé par des agents pathogènes lors des manipulations». Une mise en garde qu'approuvent Santé Canada, la Ligue La Leche et la Société canadienne de pédiatrie, qui n'encouragent pas le partage de lait en dehors des banques officielles.

  

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