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Allergies alimentaires: nouvelles recommandations sur l’introduction des aliments

Allergies alimentaires: nouvelles recommandations sur l’introduction des aliments

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Allergies alimentaires: nouvelles recommandations sur l’introduction des aliments

Saviez-vous que les recommandations sur l'introduction des aliments chez les bébés ont changé? Les pédiatres conseillent en effet de ne plus retarder l’introduction d’allergènes alimentaires pour les nourrissons à haut risque.

La Société canadienne de pédiatrie (SCP) et de la Société canadienne d'allergie et d'immunologie clinique (SCAIC) viennent de dévoiler un document de principes qui fait état de nouvelles recommandations quant à l'exposition alimentaire aux allergènes potentiels pour les bébés à haut risque, c'est-à-dire les enfants dont les parents ou les frères et sœurs souffrent d'allergies.

Alors que les pédiatres ont longtemps conseillé de retarder l'introduction des aliments potentiellement allergènes chez les enfants à risque, ce document vient chambouler de nombreux principes précautionneux pris par les familles.

Mais dans les faits, ces recommandations n'ont rien de nouveau. Dès 2008, plusieurs pays européens, les États-Unis et l'Australie les avaient déjà adoptées. « Nous sommes partis de ces recommandations, et on y a ajouté des références plus récentes. Ce document nous apparaissait nécessaire pour harmoniser les recommandations auprès des intervenants : médecins de famille, pédiatres, nutritionnistes, infirmières», nous explique le Docteur Marie-Josée Francoeur, MD, Allergologue pédiatrique et Directrice du développement médical continu à l'Association des allergologues et immunologues du Québec.

 Les recommandations concernent spécifiquement les enfants à risque. « Le mythe consiste à croire que les enfants risquent de développer la même allergie que leur parent ou leur frère et sœur. Certains parents souffrant d'eczéma ou d'asthme s'étonnent que leur enfant développe des allergies alimentaires. En réalité, on hérite du facteur de risque à développer des allergies mais pas forcément de la même allergie. Les risques de développer des allergies sont de l'ordre de 30 à 40% lorsqu'un parent direct est lui-même allergique et ce pourcentage monte jusqu'à 60% lorsque deux parents sont allergiques», explique Docteur Francoeur.

D'après elle, introduire précocement les aliments potentiellement allergènes pourrait être possiblement bénéfique. En effet, acquérir rapidement une exposition à des aliments de base comme le lait et les arachides, pourrait permettre au système immunitaire de stimuler leur tolérance. Cette hypothèse fait actuellement l'objet de projets de recherche. Une fois introduit, il serait même important de continuer de donner l'aliment à l'enfant pour conserver l'effet protecteur.

Devant de tels changements, il y a de quoi se sentir perdu. Marie-Josée Bettez, auteure et fondatrice du site dejouerlesallergies.com, maman d'un adolescent allergique à 17 aliments, témoigne: « Il y a 15 ans quand mon fils est né, les recommandations étaient inverses : on disait qu'il valait mieux ne pas introduire les aliments allergènes chez les bébés à risque trop tôt pour laisser le temps à leur système immunitaire d'être assez mature. (...) Mais comme dans ma famille, il n'y avait aucun antécédent d'allergies alimentaires, je ne les ai pas suivies. Finalement j'ai fait ce que recommandent les pédiatres aujourd'hui (introduire les aliments allergènes à partir de 6 mois), ce qui n'a pas empêché mon fils de développer des allergies à une trentaine d'aliments. Mon constat c'est que peu importe ce que l'on fait, cela n'a pas nécessairement d'impact puisqu'il y a tellement d'autres facteurs en jeu. »

Selon elle, il n'y a aucune démonstration, aucune étude qui indique une voie à suivre dénuée de tout risque. Son message aux mères est le suivant : « Ne développez pas de culpabilité, les recommandations changent, comme on le constate aujourd'hui. Que l'on retarde l'introduction des aliments allergènes ou non, l'enfant peut en bout de ligne développer une allergie alimentaire.»

 

Grossesse et allaitement

Toujours selon le document, la théorie selon laquelle éviter certains aliments allergènes pendant la grossesse (lait, œufs, arachides) et l'allaitement préviendrait les allergies chez l'enfant, est elle aussi contredite. « Je dis souvent à mes patients que les jeux sont faits au moment de la conception. Aucun résultat ne prouve que le fait de faire une manipulation diététique chez la femme enceinte ou de suivre une diète pendant l'allaitement ne prévienne du risque d'allergie», précise le Dr Francoeur.

Par ailleurs, rien ne prouverait que retarder l'introduction des aliments solides préviendrait les risques d'allergies. « L'âge idéal pour introduire des aliments solides est autour de 6 mois. Si le bébé montre de l'intérêt et a une maturité suffisante, on peut introduire certains aliments dès 4 mois, comme les fruits, les légumes, les céréales, tout en conservant le lait maternel comme aliment de base», affirme le Docteur Francoeur.

Chaque cas étant unique, il est fortement recommandé d'en discuter avec son pédiatre ou son allergologue.

Merci à l'Association Québécoise des Allergies Alimentaires pour leur précieuse collaboration.

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