Trucs maison

Devenir écolo, un geste à la fois

 Devenir écolo, un geste à la fois

  Photographe : Lucila Perini | agoodson.com

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Devenir écolo, un geste à la fois

Adopter un mode de vie plus vert a fait du bien à ma santé physique, mentale et financière. Et c’était plus facile que je ne le pensais! 

Je ne suis pas rendue au bout du chemin. J’avance à mon rythme, à petites foulées.

 

J’ai grandi à la campagne. Mes parents m’ont légué ce désir de prendre soin de la nature et cette idée d’interdépendance avec le vivant. En vieillissant, j’ai développé ma spiritualité, ma bienveillance. Je me suis aussi engagée dans le milieu communautaire, en phase avec mes valeurs. J’y ai côtoyé une personne très militante qui a éveillé ma conscience citoyenne et qui m’a donné envie de tendre l’oreille aux discours de divers défenseurs de l’environnement, comme Greenpeace, David Suzuki, Hubert Reeves et Laure Waridel. 

Quand une amie m’a annoncé qu’elle s’était mise au zéro déchet, j’ai été envahie par un sentiment de culpabilité. Je me suis dit: «Je serai une bien mauvaise citoyenne si je ne le fais pas aussi!» J’ai dansé entre le doute et le désir de faire ce grand pas. Je faisais déjà de petits gestes: recycler, jardiner, acheter et manger local, mais était-ce suffisant?

Pour Ali Romdhani, sociologue à la Chaire de recherche sur la transition écologique à l’UQAM, les changements climatiques, qui sont indéniables, peuvent provoquer cette culpabilité: «Nos modes de vie ne sont pas vraiment compatibles avec l’urgence de la situation, et on se sent en dissonance. On cherche alors à rapprocher ce qu’on fait de ce qu’on devrait faire.»

Après une séparation amoureuse, j’ai abandonné ma voiture pour des raisons économiques et écologiques. J’ai adopté le vélo, le transport en commun et le covoiturage. Je loue une Communauto, si nécessaire. Bientôt, je vais célébrer mes cinq ans sans voiture. Elle me manque rarement. Autrefois essentielle, je la vois désormais comme un fardeau.

À l’approche de l’hiver, la grosse pluie, le froid et le vent ont compliqué mes déplacements à vélo, mais les précieux conseils de mon entourage m’ont permis d’amoindrir ces désagréments. Je me suis équipée pour être plus à l’aise et fonctionnelle, en ajoutant des sacs pour faire mes courses. J’optimise mes trajets selon mes besoins et c’est devenu naturel. Comme mon niveau d’énergie fluctue au gré des jours, le vélo m’a en quelque sorte aidée à ralentir mon rythme de vie effréné et épuisant. Malgré les défis, j’aime l’intensité que me procure la monture; ça me fait bouger et ça me rend fière.

Le sociologue souligne que l’engagement écologique «nous donne l’impression de contribuer à un changement. Ça donne du sens à nos actions et à notre consommation.»

 

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© Unsplash | Margot Richard

 

Ma petite vie de quartier me plaît; j’aime encourager les commerçants locaux. Avec des amies, nous partageons des voitures et faisons nos courses. Il se développe une solidarité et une interdépendance. «Il est important d’avoir une communauté qui partage nos pratiques et nos valeurs. Ça nous aide à les garder et à progresser dans nos changements écologiques», confirme le sociologue.

Depuis deux ans, je goûte à un sentiment d’urgence, à l’écoanxiété. On aurait tout intérêt à s’arrêter et à regarder notre mode de vie actuel, qui nous mènera droit dans le mur. Si la planète meurt, on meurt aussi! Nous, les Occidentaux, on est privilégiés. On vit à crédit sur le dos d’autres populations et des générations futures. Il faut ralentir la cadence. Pour Ali Romdhani, il est indéniable que nos modes de vie ne sont pas durables et que nous devons amorcer un changement.

Malgré mes inquiétudes, j’essaie de ne pas cultiver la peur. C’est plus nourrissant de mettre son énergie au service de l’action. Je me donne toujours des défis. Je me demande si je suis prête à franchir une nouvelle étape. Je fais de petits gestes faciles qui ne me donnent pas l’impression de me sacrifier. Je lis des articles, consulte des forums, écoute des balados... Je choisis les actions qui m’interpellent, comme acheter mes vêtements dans une friperie et transporter mes ustensiles si je mange à l’extérieur.

Mon parcours s’est tracé au gré de ma conscientisation. J’ai les moyens à ma disposition, mais il est difficile, et en même temps courageux, de faire le choix d’abandonner mon confort. Si je dresse la liste des pour et des contre, je constate que ma transition vers un mode de vie plus écologique a été très positive pour ma santé mentale, physique et économique. «Il faut se défaire de l’idée que le bonheur s’atteint par la consommation de biens matériels. Il se nourrit de nos liens sociaux. Or la philosophie de l’écologie, basée sur le partage des ressources et l’entraide, encourage ça», conclut Ali Romdhani.

* Marie-Noëlle Simard enseigne à l’université et soutient le développement de la conscience de soi et du monde. Elle tente d’équilibrer l’urgence d’agir, ses convictions et la bienveillance.

 

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