Jardinage
L’ABC du compostage
Jardinage
L’ABC du compostage
Après le recyclage, le compostage est la meilleure façon de réduire notre production de déchets: en effet, nos sacs-poubelles sont constitués de 40 % de matières organiques compostables. Lorsqu'on les enfouit, les matières organiques émettent des biogaz nocifs pour l'environnement, et elles sont responsables des odeurs qui s'échappent des sites d'enfouissement. En compostant à la maison, on fait notre part pour réduire ces problèmes, en plus d'obtenir gratuitement un compost de qualité qu'on pourra utiliser au jardin. Bref, on y gagne sur tous les fronts.
Est-ce que tout le monde peut composter?
Oui, mais c'est beaucoup plus facile si on a un jardin, même petit. On peut composter sur notre balcon ou dans notre cuisine, mais ça demande plus de temps et de doigté. Lili Michaud, agronome et auteure du livre Tout sur le compost, déconseille le composteur de balcon. «Il faut s'occuper religieusement de son compost, sinon il peut couler chez le voisin, et l'expérience sera forcément négative.»
Compostage: Par où commencer?
On s'informe auprès de notre municipalité pour savoir si elle subventionne l'achat de composteurs; plusieurs en vendent à bon prix. Et avant de mettre les premières matières organiques dans le bac, on s'assure que tous les membres de la famille connaissent les principes de base. «Composter, c'est comme apprendre à nager: une fois que les bases sont acquises, c'est très facile», soutient Lili Michaud.
De quoi ai-je besoin pour composter?
- D'un aérateur à ailettes (environ 30 $, dans les centres de jardinage);
- d'un contenant fermé qu'on conservera dans la cuisine, pour y déposer les résidus organiques (un vieux pot de crème glacée, par exemple);
- d'un grand contenant fermé pour l'extérieur, dans lequel on transférera les résidus de table pendant l'hiver;
- d'un grand contenant pour stocker les matières brunes;
- d'un ou de deux composteurs.
Quel type de composteur devrais-je choisir?
Il en existe plusieurs modèles, en plastique ou en bois. On en choisit un avec des côtés rigides et aérés, sans fond, avec un couvercle étanche et un système pour la récolte. On le préfère pas trop haut et assez large, ce qui facilite l'aération. Le préféré de Valérie Koporek, coordonnatrice de l'écoquartier Jeanne-Mance, à Montréal, est le Soil Saver (environ 75 $, dans les centres de jardinage). Il existe aussi des composteurs rotatifs, qui ne sont pas en contact avec le sol, mais Lili Michaud ne les recommande pas: ils sont chers (environ 200 $) et ont une capacité réduite. Ils sont néanmoins pratiques pour celles qui n'ont pas de jardin mais qui ont une grande terrasse. Enfin, si on est bricoleuse, on peut aussi fabriquer notre propre composteur (pour la méthode de construction, voir Tout sur le compost, de Lili Michaud).
Où dois-je placer mon composteur?
Dans la cour ou le jardin, idéalement dans un emplacement mi-ombre, mi-soleil. Si on doit le placer complètement à l'ombre ou au soleil, il faudra simplement surveiller de plus près le niveau d'humidité du compost. «Il faut aussi que le composteur soit facile d'accès. Une bonne idée: l'installer près du bac de récupération d'eau, si on en a un. On aura ainsi une source d'eau à proximité pour l'arrosage», conseille Lili Michaud.
Dois-je préparer la surface avant de l'installer?
Non. On place le composteur directement sur la terre, en prenant soin de retirer la tourbe pour bien drainer les liquides.
Qu'est-ce que je dois mettre dans le composteur?
Des matières vertes ou humides (les résidus de table, principalement) et des matières brunes ou sèches (des feuilles mortes ou de la paille, par exemple). On peut commencer par un peu de terre du jardin pour ajouter les insectes nécessaires à la décomposition. «Bien sûr, on évite tout produit chimique: on cherche à obtenir le meilleur compost possible puisqu'on va l'utiliser dans notre jardin», souligne Valérie Koporek.
Qu'entend-on exactement par «matières vertes»?
Les plantes et les fleurs non séchées, les pelures et les restes de fruits et de légumes, le marc de café et les filtres (idéalement non blanchis), les sachets de thé, les poils d'animaux, les coquilles d'oeufs, les légumineuses, le pain, les pâtes et le gazon frais.
Et par «matières brunes»?
Les feuilles mortes, la paille, les plantes séchées, les brindilles, les branches coupées, le gazon sec, les grains de céréales crus ou cuits, les copeaux et la sciure de bois, le foin, le papier journal (encre noire seulement), le carton et les essuie-tout (non blanchis).
Y a-t-il des choses qu'on ne doit pas mettre dans le composteur?
Oui: la viande et les os, le poisson et les arêtes, les produits laitiers, les gras et les huiles, la cendre, la litière des chats, les excréments, le contenu des sacs d'aspirateur et les charpies de la sécheuse, les mauvaises herbes (comme l'herbe à puce et l'herbe à poux), les végétaux très malades, et les feuilles de rhubarbe, de chêne et de noyer.
Comment remplit-on le composteur?
On procède par étages. Lorsqu'on y jette nos matières vertes, on les recouvre toujours d'une couche de matières brunes. La proportion moyenne est d'un volume de matières vertes pour deux volumes de matières brunes. «Mais il n'est pas nécessaire de mesurer précisément, car on les mélange ensuite», explique Lili Michaud, qui suggère aussi d'ajouter de la terre du jardin de temps à autre pour alimenter le compost en insectes. Un truc: le compostage est plus efficace lorsque les morceaux de matière organique sont de petite taille.
Comment entretenir mon compost?
Deux points sont essentiels pour un compost en santé: l'aération et un taux d'humidité adéquat. La décomposition se fait grâce aux insectes, qui ont besoin d'eau et d'air. Il faut donc mélanger le contenu du composteur aux deux semaines environ, à l'aide d'un aérateur. Le compost doit demeurer légèrement humide, sans être détrempé. «Il doit avoir l'aspect d'une éponge humide essorée», précise Lili Michaud. La fréquence d'arrosage dépend de la température ambiante, de l'emplacement du composteur et des matières compostées. On surveille le compost au moment de l'aérer et on l'arrose s'il paraît sec.
Comment prévenir les mauvaises odeurs?
La présence de viande, de produits laitiers et d'oeufs en est souvent la cause. Très important: il ne faut pas composter exclusivement des résidus de cuisine. On recouvre de matières brunes chaque nouvel apport de matières vertes.
Que faire si de mauvaises odeurs apparaissent malgré tout?
Une mauvaise odeur indique un problème. En général, c'est que le compost est trop humide. Premièrement, on aère et on retourne complètement le mélange. On en profite pour s'assurer qu'il n'y a pas de matières «interdites». Deuxièmement, on ajoute des matières brunes pour assécher le mélange.
Et si mon compost est envahi d'insectes ou, pire, de souris?
La majorité des insectes sont bénéfiques au processus de compostage. S'il y a trop d'insectes de la même catégorie, on veille à bien recouvrir les matières vertes de matières brunes. Et on s'assure qu'aucun membre de la famille n'a jeté des matières «interdites» dans le compost (surtout de la viande). «Ce sont souvent elles qui attirent les rongeurs», souligne Lili Michaud. En cas d'infestation de souris, on doit s'arranger pour retirer les petites bêtes du composteur, puis on enlève les matières «interdites » facilement accessibles. On évite aussi de mettre les poubelles à proximité, ce qui pourrait attirer les ravageurs. Au besoin, on protège le composteur à l'aide d'un filet métallique. Si on constate la présence de guêpes, c'est que le compost est trop sec.
Le processus de compostage ne fonctionne pas. Qu'est-ce que je fais?
On vérifie le niveau d'humidité: lorsque la décomposition est lente, c'est souvent que le compost est trop sec. On l'arrose avec de l'eau (eau de pluie récupérée, si possible) ou on laisse le couvercle ouvert lorsqu'il pleut légèrement (attention de ne pas le détremper). Si, au contraire, le compost est trop humide, on l'aère et on ajoute des matières brunes.
Comment savoir si mon compost est prêt à être utilisé?
Si les matières ne sont plus identifiables, si la texture est homogène et s'il dégage une odeur de terre fraîche, il est prêt. Le processus prend de trois mois à deux ans. Lorsqu'on débute, toutefois, on obtient généralement notre compost après environ un an.
Puis-je continuer de composter en hiver?
Tout à fait, affirme Lili Michaud, même si le processus est interrompu par le gel. Deux solutions s'offrent à nous: soit on continue à remplir le composteur comme d'habitude, en alternant les matières vertes et brunes; soit on conserve les résidus de cuisine dans de grands contenants à l'extérieur et on les intègre au compost au printemps, lors du dégel, en les alternant toujours avec des matières brunes.
Je vis en appartement et je n'ai pas de cour, mais je tiens tout de même à composter mes résidus de table. Y a-t-il des solutions?
On peut faire du lombricompostage, mais ce type de compostage est plus difficile. «En fait, c'est de l'élevage de vers de terre. Ce n'est pas pour tout le monde, met en garde Lili Michaud. Il faut être très motivée, et il est nécessaire de suivre un atelier pour apprendre comment garder les vers en santé.» Sinon, certaines villes, notamment Victoriaville, offrent la collecte gratuite des matières organiques. À Montréal, la compagnie Compost Montréal offre le service de collecte résidentielle au coût de 5 $ par semaine. On peut aussi vérifier s'il existe des centres de compostage communautaire dans notre quartier ou apporter nos résidus de cuisine chez des amis qui compostent. Si on le désire, on peut même faire pression sur les élus pour la collecte des déchets organiques.
Mon compost me pose vraiment des problèmes, et je n'en trouve pas la cause. Qu'est-ce que je fais?
Avant d'abandonner, on cherche de l'aide auprès de groupes environnementaux, de notre municipalité ou d'amis qui compostent eux aussi. Il y a toujours une solution. La Ville de Québec, notamment, offre un programme de soutien au compostage domestique et communautaire. Plusieurs municipalités ont des programmes similaires. On n'hésite pas à appeler pour s'informer.
Pour en savoir plus
- Tout sur le compost: le connaître, le faire, l'acheter et l'utiliser, par Lili Michaud, Multimondes, 2007, 228 p., 24,95 $. Sites Internet:
- Le site de Lili Michaud
- Compost Montréal
- Écoquartier Jeanne-Mance (onglet «Centre environnemental Tourne-Sol»).
- Écoquartier Saint-Sulpice
- Recyc-Québec