Loisirs et culture
Les passions naturelles de Laure Waridel
?Dominique Gouin Photographe : ?Dominique Gouin
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Les passions naturelles de Laure Waridel
Certains pourraient croire qu'elle rentre essoufflée de ses journées à multiples visages. Pas du tout. «Pour moi, tout est lié, et je pense toujours à ces enjeux dans une vision d'ensemble», déclare la jeune femme dans la trentaine. Elle nourrit son énergie du sentiment d'urgence d'agir qui l'habite en ce qui concerne le climat, la protection de la biodiversité et l'élimination des produits chimiques.
Laure croit à la sensibilisation. «Nous sommes rendus à un tournant de l'histoire de l'humanité où il faut passer de la parole aux actes. J'éprouve du plaisir et de la satisfaction à mettre la main à la pâte et à découvrir des solutions qui suscitent la participation d'un grand nombre de personnes», souligne-t-elle.
Bouleverser les idées reçues
Ces citoyens actifs, Laure Waridel compte bien les recruter dans toutes les sphères de la société, y compris dans le milieu des affaires. Les entreprises aiment bien son visage harmonieux, sa voix chantante, sa pensée claire et ses arguments réalistes. Les caisses d'économie solidaire n'ont, par exemple, pas hésité à faire appel à elle pour leur campagne en matière de développement durable et de responsabilité sociale des entreprises.
La militante ne craint pas de bousculer les esprits figés qui prétendent que les activistes environnementaux ne doivent pas s'associer aux économistes. C'est ainsi qu'elle a également dit oui lorsqu'on lui a proposé une charge de cours à la faculté de gestion de l'Université McGill. «J'ai accepté ces nouveaux mandats parce qu'ils me permettent de toucher des gens qui s'identifient à des courants plus traditionnels», explique Laure Waridel. Elle est sûre que ces milieux sont eux aussi alertés par l'ampleur des problèmes environnementaux et sociaux qui bousculent la planète et qu'ils cherchent des solutions.
«Dans l'histoire de l'humanité, il y a eu de grands changements qui ont commencé par des idées qui paraissaient révolutionnaires, comme l'abolition de l'esclavage. À une époque, toute l'économie reposait sur cette injustice sociale. Et pourtant, aujourd'hui, plus personne ne prétend que la reconnaissance des droits des Noirs a tué les échanges commerciaux», raconte Laure.
L'entreprise privée bienvenue
C'est pourquoi elle ne se scandalise pas de voir de grandes entreprises privées s'associer à des institutions pour donner plus de portée à des actions environnementales qui engendreront des changements de comportements sociaux. «Je vois cela comme un grand escalier à monter. La première marche est la plus difficile à atteindre. À la centième, c'est devenu facile de poursuivre l'ascension. Je veux amener les compagnies et les citoyens à se rendre au pied de l'escalier et à vouloir grimper la première marche.»
Les multiples travaux de Laure
Laure Waridel ne chôme pas! Outre l'enseignement universitaire, elle poursuit la rédaction d'un ouvrage qui associera la santé de la planète et celle des êtres humains. Il s'agira de revisiter les mécanismes de la mondialisation et de comprendre les pratiques des entreprises agrochimiques et pharmaceutiques. La manière dont elles mènent leur commerce leur procure des dividendes considérables à court terme, mais à long terme, elles détruisent des écosystèmes biophysiques et sociaux. «Je suis convaincue que l'augmentation des cas de cancer chez les humains - et maintenant chez les animaux - est reliée à ces pratiques commerciales. Je veux présenter des exemples qui permettront aux lecteurs et lectrices d'établir des parallèles avec leur santé», dit-elle.
L'auteure se fait aussi journaliste pour le magazine Sélection du Reader's Digest, dans lequel elle tient une chronique environnementale.
Écosphère: le rendez-vous de l'automne
D'autre part, Laure Waridel était la présidente d'honneur et une conférencière du Projet Écosphère, qui se tenait en septembre 2009 dans la ville de Lac-Brome, en Estrie. «C'est une belle occasion de rencontrer des gens qui travaillent à diverses solutions sociales concrètes. Nous avons encore beaucoup à apprendre en matière de consommation et de construction responsables. C'est un lieu fantastique pour découvrir des modèles de vie écologiques», se réjouit-elle.
Comment arrive-t-elle à mener toutes ces entreprises de front? Laure Waridel sourit et se fait rassurante. «Je planifie toujours de m'accorder du temps pour de la recherche et de la réflexion. J'aime m'interroger sur différentes questions, revoir mes pensées et mes façons de faire. C'est ce qui me permet de demeurer cohérente et d'approfondir mon travail.»
Suggestions de lecture:
L'Envers de l'assiette, Laure Waridel, Écosociété, 2011.
Acheter, c'est voter - Le cas du café, Laure Waridel, Écosociété, 2005.