Saisons et fêtes
À la recherche des vraies bonnes tomates
Photographe : Coup de Pouce
Saisons et fêtes
À la recherche des vraies bonnes tomates
Sur notre balcon pousse un beau plan de tomates cerises, qui a une production respectable mais pourtant pas suffisante pour qu'on puisse s'en faire une bonne salade. Comme les petites tomates mûrissent au rythme de 4 ou 5 à la fois, on se contente de les croquer nature quand le coeur nous en dit. Chaque fois, j'ai l'impression de retrouver une saveur depuis longtemps oubliée: celle des vraies tomates. Celles de mon enfance. Très rouges, autant à l'intérieur qu'à l'intérieur. Très juteuses aussi. Pas fades, pas sucrées, pas amères: elles goûtaient... la tomate. La vraie.
Quand j'étais enfant, on allait chercher nos tomates chez madame Bienvenu, dans le rang Versailles, près de chez nous. Elle nous accueillait dans le solarium, où se trouvaient quelques paniers de tomates fraîchement cueillies du champ. À mes yeux, elle était incroyablement âgée, mais peut-être est-ce seulement parce qu'elle était plus vieille que mes grands-parents (qui, maintenant que j'y pense, étaient seulement dans la cinquantaine à l'époque...). Je me souviens particulièrement qu'avant de nous remettre notre panier de tomates, elle prenait la peine de passer un linge sur chacune d'elle, délicatement, comme pour s'assurer qu'aucune poussière ne venait ternir son produit. Ces tomates n'étaient pas parfaites, elles n'étaient pas uniformément rondes, rouges et exemptes de toutes stries comme on l'exige aujourd'hui de celles qu'on trouve en épicerie. Mais elles étaient absolument savoureuses. Avec elles, un sandwich aux tomates était un vrai festin. J'ai encore sur les papilles leur goût mêlés du sel et de la mayo que ma mère y mettait. C'est le goût des étés de mon enfance.
Avoir su que la vraie saveur des tomates en viendrait à disparaître peu à peu de ma vie, je les aurais peut-être savourées plus encore. Mais je ne pouvais deviner que lorsque viendrait le temps d'acheter moi-même mes tomates, je n'en trouverais que des versions insipides. Le plus triste, c'est que je m'y suis habituée. C'est seulement quand je croque dans une vraie tomate mûrie au soleil que je me souviens que les tomates peuvent avoir un goût extraordinaire. Ça me donne alors le goût de partir à la recherche des tomates de mon enfance. Mais où les trouver? Je comprend que je dois chercher ailleurs que dans les grands supermarchés, mais mêmes celles des fruiteries peuvent être décevantes. Dois-je obligatoirement traverser la ville pour affronter un marché Jean-Talon archi-bondé? Ou carrément prendre la route de la campagne pour savoir s'il existe toujours des madame Bienvenu quelque part? Si vous savez où se trouvent les meilleures tomates du Québec, dites-le moi!