Psychologie

L’art de faire la conversation

L’art de faire la conversation

Auteur : Coup de Pouce

Psychologie

L’art de faire la conversation

«Au début de ma carrière, la perspective de me retrouver seule avec mon patron dans l'ascenseur, de me rendre à un 5 à 7 d'affaires ou de recevoir des gens que je connaissais plus ou moins me donnait des sueurs froides», confie Jeanne, une cadre de 35 ans. Jeanne est loin d'être seule dans cette situation. Il ne faut surtout pas croire que tous ceux qui sourient et semblent si à l'aise dans les réunions ont acquis cette habileté sans effort. Si certains sont de beaux parleurs-nés, la plupart ont dû travailler fort pour y arriver.

 

«L'habileté à s'exprimer en société est une chose qui s'apprend, explique Louise Masson, auteure de Sacrée politesse! et grande prêtresse de l'art du savoir-vivre. C'est un leurre de penser que nous sommes seule à manquer de confiance ou à nous sentir fondre de timidité devant des inconnus. Les autres ont simplement appris et perfectionné ce qu'on appelle le small talk ou l'art d'engager et de soutenir une conversation traitant de choses et d'autres.»

Fort heureusement, c'est un art que même la plus timide peut apprendre «en acceptant de se pratiquer, précise Jeanne. J'en suis la preuve vivante.» Pour l'Américaine Debra Fine, auteure du Grand Art de la petite conversation, le simple fait de pratiquer quelques techniques devrait apaiser nos craintes et nous aider non seulement à aborder des inconnus, mais aussi à entamer un dialogue constructif, à relancer une conversation qui s'éteint, bref, à être plus à l'aise en société. Pour cela, deux mots d'ordre: prendre des risques et s'intéresser aux autres.

 1. On se jette à l'eau
De nos jours, les gens s'attendent à ce qu'on se présente nous-même. Le mieux est donc de plonger. «On arbore son sourire le plus chaleureux, explique Louise Masson, on tend la main en regardant l'autre dans les yeux et on dit: "Bonjour, je m'appelle Louise et je travaille pour telle compagnie (ou je suis une amie de notre hôte)."»

S'il s'agit d'une soirée où il y a beaucoup de gens, on fait de même en abordant la première personne disponible qui nous semble sympathique ou ouverte. «Si on est vraiment très timide, précise Mme Masson, on peut cibler un groupe de personnes qui semblent s'amuser et se joindre discrètement à elles au moment où on sert des canapés ou du vin. Lorsque le serveur se retirera, les gens découvriront notre présence. Dans un tel cas, les gens ont tendance à interroger l'inconnu, au moins du regard. C'est le moment de se présenter: "Ce vin est délicieux, n'est-ce pas? Notre hôte est un connaisseur. Je suis Louise, une amie de Simon."»

On ne néglige pas non plus notre gestuelle: «Le contact visuel est de première importance. Lorsque quelqu'un nous sourit en nous regardant, on a tout naturellement tendance à sourire aussi», confirme Jeanne. Et si la gêne rend nos mains moites, on n'oublie pas d'essuyer discrètement la droite avant de la tendre, rappelle Mme Masson.

Souvent, notre nervosité vient de la peur. Alors, on garde en tête que les autres convives ne sont pas contre nous. «Les timides ont parfois tendance à percevoir les autres comme un groupe qui les exclut, explique la psychologue Nathalie Parent. Nous avons tous un souvenir d'enfance plus ou moins conscient dans lequel nous avons été exclus ou avons vu d'autres l'être. Mais nous ne sommes plus des enfants, et il faut apprendre à affronter et maîtriser cette crainte plutôt que de la subir. Faire les premiers pas peut nous fournir la petite dose d'adrénaline qui neutralisera l'anxiété qui nous paralyse. De plus, la plupart du temps, les autres soutiendront nos efforts, appréciant notre sens de l'initiative et notre cordialité. Rappelons-nous que nos amis les plus intimes ont d'abord été des inconnus!»

2. On commence par une affirmation et on pose des questions ouvertes
Une fois les présentations faites, il nous incombe de nous investir davantage en lançant la conversation ou, à tout le moins, en faisant notre part du travail. La plupart des gens aiment partager leurs expériences. Si on leur en donne l'occasion, ils s'épanchent volontiers. «Pour lancer une conversation efficacement, on évite surtout les questions dont la réponse est un simple oui ou non, spécifie Louise Masson. On écarte aussi les sujets délicats comme la religion, le sexe, la politique, le prix des choses que l'on possède ou que possèdent les autres. Enfin, on s'abstient de critiquer, surtout les absents.» Voici quelques formules efficaces.

  • Je suis orthopédiste. Que faites-vous dans la vie?... Vraiment? J'en rêvais lorsque j'étais petite. Qu'est-ce qui vous y a amené? Quels sont les principaux défis dans votre domaine?
  • Ces enfants sont adorables. Vous avez des enfants aussi, je crois? Parlez-moi d'eux. Quel âge ont-ils? Comment s'appellent-ils? Quelles activités pratiquent-ils?
  • J'ai revu Autant en emporte le vent la semaine dernière. Avez-vous vu ce film?
  • Cette idée de souper ethnique est formidable. Avez-vous l'habitude de voyager? Quel est l'endroit qui vous a le plus impressionné?
  • Ce cocktail est très réussi. Avez-vous l'habitude de ce genre de soirée? Quels sont vos loisirs préférés?
  • Quelle chanson magnifique! Quelle est votre chanson préférée? Quel genre de musique aimez-vous?
  • J'adore le temps des fêtes. À quoi ressemblaient vos Noëls d'enfant?
  • Ce plat est délicieux. Vous cuisinez? À quoi occupez-vous votre temps libre?
  • Quels hôtes charmants! Vous les connaissez depuis longtemps? Où avez-vous rencontré Lucie et Martin?
  • La poussette que vous leur avez offerte pour leur nouveau bébé est fantastique. Où l'avez-vous trouvée?

 

En toutes circonstances, on se rappelle que c'est à nous, si timide qu'on soit, de prendre les choses en main. On est un peu maladroite? Nul besoin d'avoir honte. Après tout, personne n'est
là pour nous juger et, dans le pire des cas, il y a de fortes chances que nous ne revoyions jamais plus ces gens.

3. On manifeste notre intérêt
Au moment des présentations, lorsqu'on entend le nom de notre interlocuteur, il est important de le répéter souvent afin de le mémoriser. «Les gens aiment bien entendre leur nom. Cette pratique personnalise et réchauffe l'échange. D'où l'importance d'être particulièrement attentive pendant les présentations!» signale Nathalie Parent. Pour plus d'efficacité, on répète le prénom de notre vis-à-vis tout de suite après l'avoir entendu: «Vous vous appelez Lorraine. Quelle coïncidence! C'est aussi le prénom de ma meilleure amie. Je suis enchantée de vous rencontrer, Lorraine!» Et on le répète souvent: «J'ai bien aimé la présentation. Qu'en avez-vous pensé, Lorraine?»

 

«Prendre la conversation en main n'est pas aussi difficile qu'il y paraît. Le truc, c'est de s'oublier et de chercher à mettre les autres en valeur. On les interroge sur qui ils sont, ce qu'ils aiment, ce qu'ils font. On ose quelques compliments: "J'aime beaucoup votre coiffure. Quel est le nom de votre coiffeur?"» ajoute Jeanne.

Enfin, s'avérer un bon auditeur est une qualité des plus appréciées. Pour mériter ce qualificatif, on écoute non seulement avec nos oreilles, mais aussi avec notre coeur et notre corps, et on consacre toute notre attention à notre interlocuteur. On l'encourage par des signaux visuels (regards, hochements de tête, bras et jambes décroisés) et verbaux («C'est vrai? Incroyable! Fantastique! Oui, bien sûr! Je comprends.»).

La «petite» conversation est le brise-glace qui ouvre la voie vers un échange plus approfondi. «C'est le small talk qui conduit au big talk», conclut Louise Masson.

Se défaire d'un indésirable
Il peut arriver qu'on doive mettre poliment fin à une conversation qui s'éternise. Voici quatre façons adroites de le faire.

  • Quelqu'un nous attend. «J'aimerais en savoir plus sur vos dernières vacances, mais je veux être certaine de parler avec Anne avant son départ. Pouvez-vous m'excuser?»
  • On lui dit merci. «Merci d'avoir partagé avec moi l'expérience de votre cancer. Notre conversation a été véritablement très inspirante. Ce fut un plaisir de parler avec vous.»
  • On a autre chose à faire. «Il faut que je téléphone.» ou: «Je dois passer à la salle de bains. Veuillez m'excuser.»
  • On joue les hôtesses. «Je tiens absolument à vous présenter mon ami Jacques, qui s'intéresse beaucoup à la peinture.»

 

Pour en savoir plus
Comment parler à tout le monde, par Leil Lowndes, Leduc.s, 2009, 288 p., 31,95 $.
Le Grand Art de la petite conversation, par Debra Fine, Leduc.s, 2006, 192 p., 22,95 $.
Le Petit Néo de la conversation, par Nicolas D'Estienne D'Orves, JC Lattès, 2009, 189 p., 19,95 $.
Sacrée politesse!, par Louise Masson, Publistar, 2005, 446 p., 24,95 $.

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