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Nourriture crue ou cuite: laquelle choisir?
Photographe : Stocksy
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Nourriture crue ou cuite: laquelle choisir?
Quand on a un animal de compagnie, on souhaite lui offrir la meilleure alimentation possible. Nourriture crue ou cuite: laquelle choisir?
L’éventail d’opinions et de choix de nourritures est quasi infini. D’où l’importance de bien s’informer.
Ce dont les animaux domestiques ont besoin pour vivre et prospérer, c’est d’une alimentation de bonne qualité... qu’elle soit crue ou cuite. Bien entendu, les militants en faveur de la nourriture cuite ou crue prêchent pour leur paroisse respective, mais tous ces gens basent leur opinion sur des données qui sont souvent fausses ou incomplètes. La nutrition animale, c’est bien plus qu’une simple affaire de cuisson!
Tous les fabricants de nourritures pour animaux doivent inscrire certaines informations – mais pas toutes – sur l’emballage de leurs produits. Aux États-Unis, c’est l’Association of American Feed Control Officials (AAFCO) qui réglemente les ventes et la distribution.
À partir de protocoles définis rigoureusement, cette association détermine les besoins nutritifs des animaux pour toutes les étapes de la vie (des bébés aux adultes, en passant par les femelles gestantes et allaitantes), puis établit des normes nutritionnelles qui sont non seulement reconnues par notre voisin du Sud, mais aussi par le Canada et tous les fabricants consciencieux.
La qualité nutritive d’une nourriture ne se définit pas uniquement par la quantité de nutriments qu’elle contient, cuits ou non. Encore faut-il que les protéines, les sucres, les gras, les vitamines et les minéraux soient présents dans les bonnes proportions, puis libérés facilement par la digestion et sous la forme chimique appropriée pour être absorbés par l’intestin.
Ainsi, deux nourritures de composition semblable ne sont pas nécessairement de qualité biologique similaire. De même qu’une nourriture peut être d’excellente qualité biologique, sans toutefois combler les besoins nutritifs d’un animal.
Plusieurs facteurs influencent ces besoins nutritifs: l’espèce, la race, l’âge, l’état de santé, la condition physique, le style de vie, la taille de l’individu, le stade reproducteur (stérilisé ou non), l’environnement dans lequel il vit et l’état reproducteur (lactation, gestation).
Une nourriture peut ainsi fournir une nutrition complète et équilibrée à une chihuahua femelle adulte stérilisée vivant en appartement à Montréal, mais pas à un husky mâle adulte entier qui tire des traîneaux dans le Grand Nord. Chapeau à quiconque en arrive à cette conclusion juste en lisant l’étiquette sur l’emballage, que la nourriture soit crue ou cuite.
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La popularité des aliments crus
Les adeptes d’une alimentation à base de viande crue croient fermement que ce type de régime surpasse ceux composés de viande cuite en ce qui concerne la qualité. Rien de plus normal, n’est-ce pas? Après tout, c’est ce que les chiens sauvages mangent, non? Mais les chiens et les chats domestiques ne sont ni des loups ni des chats sauvages.
En 2013, le chercheur Erik Axelsson et ses collaborateurs de l’Université d’Uppsala, en Suède, ont identifié des mutations dans des gènes clés des chiens. Ces mutations leur permettent de digérer les sucres. Cette adaptation représente d’ailleurs une étape cruciale dans le début de la domestication des chiens.
Néanmoins, les militants demeurent convaincus que la nourriture crue améliore la santé des animaux. Peau plus saine, pelage plus lustré, dents plus propres, meilleure haleine, système immunitaire plus performant, force musculaire accrue, diminution du risque de cancer, maintien d’un poids idéal, digestion plus efficace, selles plus consistantes, meilleure vision, espérance de vie prolongée: toutes des vertus qui, selon plusieurs experts, dont Ed Carlson, technicien vétérinaire spécialisé en nutrition, «sont anecdotiques et non corroborées par des études ou des recherches fondées sur des preuves».
En revanche, de plus en plus d’informations objectives tendent à démontrer que les nourritures crues comportent des risques pour la santé des animaux ainsi que pour celle des humains qui les manipulent.
L’un de ces risques, maintes fois documentés, concerne leur possible contamination par des bactéries dangereuses dont Salmonella, Clostridium et E. coli. Par chance, ces contaminations incommodent rarement les adultes en santé, humains ou animaux.
Par contre, les très jeunes, les très vieux et les immunodéprimés, eux, peuvent devenir très malades, voire en mourir. Kara M. Burns, elle aussi technicienne vétérinaire agréée spécialisée en nutrition, affirme que «le potentiel de risque pour la santé publique associé à la manipulation des aliments crus et à leur consommation pourrait avoir plus d’importance que la maladie chez les animaux». Ce risque de contamination est, à toutes fins utiles, inexistant dans les nourritures commerciales cuites. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles assurent une alimentation optimale aux animaux...
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Les mythes tenaces à propos des nourritures cuites
Les rayons des animaleries, des épiceries, des magasins à grande surface et des établissements vétérinaires débordent de nourritures cuites, produites avec ou sans grains, à base de viande ou de sous-produits de viande, intacts ou déshydratés, puis réduits en farine. Tant de choix! Et tant d’opinions disparates à leur propos...
Difficile de départager le vrai du faux. D’ailleurs, plusieurs fabricants entretiennent la confusion en créant des produits alimentaires souvent de qualité douteuse, voire néfaste, juste pour satisfaire la masse.
Au sommet du palmarès des mythes trônent les nourritures sans grains. Les grains ne seraient que des agents de remplissage peu digestibles, peu nutritifs, et une cause fréquente d’allergies. Quels préjudices non fondés! Au contraire, les grains cuits contiennent des nutriments importants.
Certes, les animaux développent parfois des allergies aux grains, mais beaucoup moins souvent (moins de 1 % des chiens) qu’au bœuf, au poulet, aux poissons et aux produits laitiers. Les fabricants de nourritures pour animaux en incorporent depuis longtemps dans leurs produits pour réduire la quantité de protéines d’origine animale et pour diminuer les coûts de production.
Malheureusement, la mode du «sans grains» a incité certains fabricants à remplacer ces excellents ingrédients par d’autres, souvent moins bons. Par ailleurs, les cardiologues vétérinaires surveillent de près les régimes sans grains qui, semble-t-il, pourraient causer des maladies cardiaques chez les chiens. Si les grains sont les mal-aimés des nourritures cuites traditionnelles, les sous-produits animaux n’ont guère meilleure réputation.
La rumeur veut que les nourritures à base de sous-produits de viande soient de piètre qualité, comparativement aux nourritures faites de «vraie viande». On croit à tort que les sous-produits sont les parties de la carcasse qui sont difficiles à digérer et peu nutritives, telles que le cuir (la peau), les cornes, les dents, les sabots, les griffes, le bec, le contenu intestinal et les plumes de volaille.
En réalité, les sous-produits comprennent toutes les parties comestibles d’un animal, à l’exception des muscles et des parties énumérées ci-dessus. Les sous-produits présents dans les nourritures pour animaux sont les parties propres de la carcasse comme les organes et, dans le cas du poulet par exemple, le cou et les pieds, des sources de vitamines, de minéraux et de protéines de très bonne qualité, faciles à digérer. Ils sont intégrés tels quels dans la nourriture ou sous forme de farine.
Farine de viande ou de sous-produits de viande: deux termes apparemment effrayants. Pourtant, la farine n’est simplement que la mouture sèche produite par la cuisson de la viande ou de ses sous-produits. Il n’y a aucune transformation chimique. Étant donné sa légèreté, elle ne figure jamais en premier sur l’étiquette des emballages des nourritures. Contrairement à la viande entière qui, elle, est souvent inscrite au début à cause de son poids imposant dû, en partie du moins, à son contenu élevé en eau et non à sa qualité nutritive.
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Des questions à poser
Avant d’arrêter son choix sur une nourriture, qu’elle soit crue ou cuite, il faut obtenir des informations importantes qui ne figurent pas sur l’emballage.
Un nutritionniste vétérinaire certifié l’a-t-il formulée? A-t-elle été soumise à des essais alimentaires selon les protocoles de l’AAFCO? Ou a-t-elle été formulée pour être conforme aux profils nutritifs de l’AAFCO? À quel endroit a-t-elle été produite? Une analyse nutritive complète, avec les quantités exactes de chaque nutriment, est-elle disponible? Quel est son contenu calorique? À quels contrôles de qualité a-t-elle été soumise pour s’assurer de l’uniformité et de la qualité de ses ingrédients? Quelle est sa digestibilité?
Le fabricant est le mieux placé pour répondre à ces questions. S’il le fait de manière satisfaisante, alors la nourriture est certainement de bonne qualité. Il ne vous reste plus qu’à profiter de la vie avec votre compagnon. Et à lui de profiter d’une alimentation saine, complète et équilibrée.