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Des poules à la maison? Pourquoi pas!

Des poules à la maison? Pourquoi pas!

  Photographe : Shutterstock

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Des poules à la maison? Pourquoi pas!

Les citoyens de partout adhèrent de plus en plus à la production alimentaire de proximité. Les potagers urbains, l’achat de produits locaux et les paniers de légumes gagnent en popularité.

La garde de poules pondeuses en ville, introduite depuis plusieurs années au Québec et à travers le monde, est aujourd’hui plus répandue que jamais. Cette initiative écologique est même intégrée de plus en plus aux plans de développement durable des municipalités.

Selon un sondage réalisé en 2016 par Poules en Ville, la motivation première des citoyens du Québec à garder des poules pondeuses est la possibilité de consommer des œufs frais ayant de meilleures qualités nutritionnelles.

La seconde raison la plus souvent évoquée est la volonté de garder des poules comme animaux domestiques et de compagnie. On retrouve ces deux raisons principales au sommet de tous les sondages sur le sujet à travers le monde. Suivent des motifs d’ordres écologique et éducationnel, ou encore liés au bien-être animal et à la zoothérapie, entre autres.

Les œufs pondus par les poules urbaines ont l’avantage de ne pas parcourir des milliers de kilomètres pour se rendre à notre assiette, et ils sont d’autant plus frais et nutritifs. La qualité nutritionnelle des œufs est un facteur important à considérer, car plusieurs études démontrent que les œufs de poules en liberté procurent plus de vitamines et de minéraux que les œufs de l’industrie lorsqu’elles ont accès à une alimentation variée, équilibrée et complète.

 

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© Louise Arbour

 

Réduire le gaspillage alimentaire

Pouvoir offrir ses restes de table aux poules est aussi un facteur intéressant que les militants utilisent comme argument pour convaincre les villes des bénéfices des poules urbaines. Plusieurs villes européennes en font d’ailleurs la promotion pour réduire les déchets de table.

Cela dit, il faut bien préciser qu’une poule ne mangera pas tous vos déchets alimentaires. Pas question ici d’utiliser nos poules pour atteindre un objectif zéro déchet! La diffusion de l’information et l’éducation resteront les meilleurs moyens de bien expliquer aux citoyens et aux villes comment les poules pourront être intégrées dans la réduction des restes de table. 

 

Penser au bien-être de l'animal

Un autre argument en faveur de la garde de poules urbaines est de procurer une meilleure qualité de vie à ces animaux. À partir du moment où les consommateurs ont réalisé à quel point les poules élevées en cage étaient privées de lumière naturelle, d’herbe et d’un espace de vie adéquat, certains ont fortement réagi. Les groupes de défense des animaux et les experts se sont penchés sur la question du bien-être animal.

Bien qu’au Canada les pratiques aient commencé à changer, la transition est loin d’être terminée. D’ici 2022, on s’attend à ce qu’au moins 50 % de tous les élevages de poules pondeuses aient complètement éliminé les logements en cage. Cette transition implique la construction de nouvelles installations et des investissements considérables pour tous les éleveurs. Le bien-être animal et la santé des poules sont au cœur des changements qui s’opèrent.

En ayant des poules dans votre cour, vous préservez leur santé et évitez les infections de masse. Avoir des poules chez soi, c’est aussi sensibiliser davantage sa famille sur la provenance de la nourriture et l’indépendance alimentaire. L’aspect éducatif entourant cette activité se développe d’ailleurs dans plusieurs écoles et établissements, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

En fait, la garde des poules urbaines procure un terrain fertile pour les parents et les enseignants qui désirent sensibiliser les enfants au respect des animaux et des humains. Par le biais des poules, on peut enseigner la compassion et élaborer de nombreux ateliers pour vaincre la discrimination, diminuer la violence, apprendre à gérer les conflits et développer la coopération et le sens des responsabilités chez les jeunes.

 

Poules

© Emily Yewchuck

 

Certaines personnes vont choisir d’élever des poules dans leur cour pour les manger. Les poules pondeuses hybrides qu’on achète pour leurs œufs peuvent être consommées, mais leur chair n’est pas tendre. Ce sont plutôt les poulets à chair, qui transforment leur énergie en masse musculaire, qui sont élevés pour la consommation, car leur chair est plus tendre.

On peut facilement imaginer, d’ici une vingtaine d’années, l’émergence d’un plus grand nombre de micro-élevages de poulets à chair pour la consommation personnelle des citoyens. Aussi, de plus en plus de centres de service sont disponibles pour abattre les poules sans souffrance. 

 

Un argument écologique

Parmi les autres raisons qui motivent la garde de poules pondeuses chez soi, on compte la fertilisation des sols. Cette technique est d’ailleurs employée dans plusieurs pays. En effet, le fumier de poule est un engrais idéal, puisqu’il est riche en azote. Sachez qu’il peut aussi être composté.

Finalement, en grattant le sol à la recherche de petits insectes, les poules contribuent à réduire la présence d’insectes nuisibles.

Les poules ont des personnalités attachantes et elles peuvent nous procurer des heures de plaisir, tout en nous faisant renouer avec un savoir ancestral. Plus encore, si l’on tient compte des objectifs de développement durable qui ont été adoptés en 2016 par les Nations unies, la garde des poules fait partie intégrante d’au moins 5 des 17 grands objectifs à atteindre d’ici 2034: faim zéro, bonne santé et bien-être, énergie propre à un coût abordable, villes et communautés durables, consommation et production durables.

 

Un animal qui ne fait pas l'unanimité

Même si la garde de poules urbaines présente des avantages incontestables, des centaines d’agglomérations n’ont pas encore départagé l’élevage de la garde comme animal de compagnie, ni formulé clairement les règlements entourant cette pratique. Pour justifier l’interdiction des poules urbaines, les municipalités avancent souvent l’argument selon lequel la présence de volailles en ville pourrait favoriser l’éclosion de maladies qui seraient un risque pour les industries, les éleveurs et la santé publique.

Toutefois, il n’existe aucune preuve ni aucune étude reflétant cette hypothèse. Les citoyens sont souvent réticents à l’idée de s’informer auprès de leur municipalité, de peur de se voir retirer leurs poules ou que la visite d’un inspecteur ne leur cause des problèmes. L’activité est d’ailleurs devenue clandestine dans plusieurs villes. L’approbation et l’encadrement de la garde des poules pondeuses figurent parmi les demandes les plus exprimées depuis quelques années au Québec, ainsi qu’ailleurs au Canada et aux États-Unis.

Cela dit, depuis une dizaine d’années au Québec, plus d’une cinquantaine de villes, dont Terrebonne, Gatineau, Québec et Sherbrooke, ont encadré et légiféré la garde de poules urbaines.

 

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© Monique Major

 

Depuis quelques années, la vente de poules aux citoyens s’accentue, la demande de poules pondeuses est grandissante et les couvoirs ne cessent d’augmenter leur production. Il devient donc impératif pour les municipalités de prendre position et de donner des outils à la population afin de s’assurer que la garde des poules respecte tout à la fois les critères de biosécurité et de protection contre les maladies virales et les besoins de l’animal.

Des normes et des certifications devront certes être mises sur pied, tout comme des inspections systématiques, routinières et documentées afin de soutenir de manière plus rigoureuse les activités des éleveurs de poules de race. Les gouvernements devraient aider les petits éleveurs à obtenir à peu de frais des services de vaccination et de soins vétérinaires. De cette façon, nous aurions un meilleur contrôle sur les épidémies et les virus présents à travers le monde. 

C’est par l’éducation citoyenne et l’accès à l’information que passera l’éveil collectif à l’importance de l’indépendance alimentaire. La sécurité alimentaire est un enjeu majeur, et les poules urbaines font partie d’un ensemble de solutions que les citoyens peuvent s’approprier rapidement, et ce, pour leur plus grand bénéfice. Les associations, les villes, les vétérinaires et les regroupements en bien-être animal doivent collaborer dès aujourd’hui pour encadrer la pratique et promouvoir la santé des poules auprès de la population.

Les poules urbaines sont bien présentes et elles ne sont pas près de disparaître. Les municipalités ne peuvent plus ignorer l’étendue du phénomène et doivent mettre en place au plus vite une réglementation adéquate, atténuer les mesures punitives et continuer de progresser vers l’agriculture urbaine.

 

Tiré du livre Des poules dans ma cour, de Louise Arbour, Écosociété, 288 pages.

 

 

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