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Témoignage: Mon conjoint menait une double vie

Témoignage: Mon amoureux menait une double vie

  Photographe : Marie-Eve Tremblay | Colagene.com

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Témoignage: Mon conjoint menait une double vie

J’étais en train de faire des boîtes quand j’ai reçu le message qui allait changer ma vie. Une femme me racontait que mon amoureux, avec qui j’étais sur le point d’emménager, était en fait son conjoint depuis deux ans. J’ai failli m’évanouir sous le choc. 

J'avais 26 ans quand j’ai rencontré Charles dans un groupe Facebook de célibataires véganes. J’en suis tombée très rapidement amoureuse. Après quelques mois de fréquentations, je lui ai proposé qu’on s’engage dans une relation polyamoureuse. Pour l’avoir souvent testé, je savais que je pouvais m’épanouir dans ce genre de couple... Mais il a refusé net. Pour lui, c’était la monogamie ou rien.

À aucun moment, Charles n’a jugé bon de me dire qu’il était déjà en couple avec une autre. Ce qui tombe sous le sens, selon le psychologue Pierre E. Faubert. «Un pervers narcissique a besoin de validation pour confirmer sa valeur. Il risque de traiter ses conquêtes comme des victoires. Dans ce cas-ci, une femme complètement dévouée ne suffisait pas pour assouvir ce besoin.» 

Charles était gentil, doux et extrêmement attentionné. Il me gâtait beaucoup. Sincèrement, je pensais que j’étais tombée sur la perle rare! «Si c’est trop beau pour être vrai, c’est que c’est sûrement le cas! Le pervers narcissique observe l’autre, remarque ses forces et ses faiblesses... Comme un agent double, il va être très sensible à ses besoins pour ne pas éveiller ses soupçons», explique Pierre E. Faubert.

À l’époque, j’étais très occupée entre le début de cette relation amoureuse, mes études, mon emploi, ma famille et mes amis. Malgré tout, j’ai commencé à trouver que notre couple n’allait plus très bien. À trois reprises, je me suis assise avec Charles pour discuter de mes interrogations, surtout par rapport à notre vie sexuelle un peu trop tranquille à mon goût. Chaque fois, mon copain mettait son manque de désir sur le dos des antidépresseurs, en m’assurant qu’il m’aimait plus que tout.

Avec le recul, c’est ce qui me fâche le plus. J’ai laissé la porte ouverte à une discussion qui n’a jamais eu lieu pendant plus d’un an. Je pensais sincèrement que notre relation était sur la bonne voie et que le fait d’habiter ensemble allait nous rapprocher. Il a fallu que j’apprenne par l’autre femme, que Charles avait toujours désignée comme étant sa cousine, que mon amoureux n’était pas celui que je croyais.

J’ai eu un choc horrible, tout comme son autre conjointe qui a vu ses doutes se confirmer par notre discussion. Quand j’ai compris qu’il lui avait aussi promis d’habiter avec elle, j’ai perdu tous mes repères. Je ressassais les mêmes pensées, je ne dormais plus... Je suis tombée en arrêt de travail, anxiolytiques en main, pour gérer la crise. En catastrophe, j’ai quitté un Charles abasourdi – qui n’a d’ailleurs exprimé aucun remords –, et je me suis lancée à la recherche d’un nouvel appartement. Incapable d’accepter notre rupture, mon ex s’est mis à me harceler. J’ai dû le menacer d’appeler la police pour qu’il me laisse tranquille.

Ç’a été une période très sombre... Mon entourage a enfoncé le clou sans le savoir. «Tu n’as vraiment vu aucun signe?» Je m’en suis tellement voulu de lui avoir fait confiance! «C’est beaucoup plus facile de voir clair quand on n’est pas impliqué émotivement...», souligne le psychologue.

Heureusement, j’ai pu compter sur une psychiatre extraordinaire. Je me suis aussi mise à faire beaucoup de sport pour me défouler. Multiplier les stratégies de bien-être m’a vraiment aidée à me remettre de ma peine d’amour, mais surtout de la douleur de la trahison. J’ai beaucoup travaillé pour rebâtir ma confiance en moi et ma confiance envers les autres. Un chemin primordial de reconstruction, selon Pierre E. Faubert: «Notre intimité est tellement précieuse. Sans prêcher la méfiance, je recommande la prudence. Avant de marcher sur un lac gelé, on vérifie si la glace peut nous supporter. Si l’on désire partager notre vie avec quelqu’un, il faut faire de même.»

Quand le ciel m’est tombé sur la tête, j’ai eu l’impression que je ne serais plus jamais heureuse. À 32 ans, je suis la première surprise de réaliser que c’est tout le contraire. Je me sens mieux que jamais avec mon mari et mes deux fils! Cette histoire ne m’a pas détruite, et j’en suis très fière.

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