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De l’Italie au Québec: découvrez le parcours inspirant de soeur Angèle

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De l’Italie au Québec: découvrez le parcours inspirant de soeur Angèle

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De l’Italie au Québec: découvrez le parcours inspirant de soeur Angèle

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Cette passionnée de gastronomie est entrée dans le cœur des gens avec une bienveillance et une bonne humeur contagieuses. À 85 ans, sœur Angèle n’a pas pris une ride; elle demeure une véritable source d’inspiration pour plusieurs générations de gourmets.

Celle qui a reçu un insigne de l’Ordre national du Québec en 2016 revient sur les réalisations qui lui ont valu ce grand honneur!

Angiola Rizzardo a su très tôt que son destin passerait inévitablement par la cuisine. Native de la Vénétie, elle a fait ses premières armes aux fourneaux dès l’âge de 12 ans.

«Après l’école, je travaillais dans un restaurant. J’ai été conquise en apprenant à faire de la pâte feuilletée. On confectionnait des millefeuilles avec de la crème pâtissière. Déjà, petite, j’étais fascinée par le pain de ma mère qui levait au four…»

Éprouvée par les privations et les violences liées à la Seconde Guerre mondiale, la jeune fille avait 17 ans quand elle a décidé de tenter le tout pour le tout: quitter son Italie natale pour rejoindre sa sœur, installée au Québec et enceinte de son quatrième enfant.

«Je suis partie de la maison le 12 octobre 1955. Le 28 octobre, le bateau accostait à Halifax.» C’était le début d’une nouvelle vie.

 

Une nouvelle terre d’accueil

Après avoir prêté main-forte à sa sœur, la nouvelle arrivante a entrepris de s’intégrer à sa terre d’accueil le plus rapidement possible.

«Je voulais apprendre le français pour m’intégrer plus facilement au Québec. Pour mieux connaître Montréal, j’ai fait le tour de la ville en tramway à quelques reprises», raconte sœur Angèle, qui n’a pas tardé à croiser sa bonne fée.

«À l’époque, le Canada n’offrait rien pour aider les immigrants. J’ai rencontré une femme qui m’a remis l’adresse des Sœurs du Bon-Conseil, une communauté religieuse qui organisait des soupers pour les nouveaux arrivants.»

De fil en aiguille, la cuisinière en herbe a pu faire montre de ses talents, notamment en œuvrant au consulat général d’Italie pour recevoir des délégations de partout dans le monde. «La femme du délégué italien était française. Alors, elle m’a appris la langue.»

Désireuse de faire venir sa famille au pays, la jeune femme a travaillé sans relâche pour recueillir les fonds nécessaires à la réussite du projet. Aux journées passées aux fourneaux se sont ajoutées des nuits à l’Hôpital général de Montréal, où elle repassait les sarraus des médecins pour 25 cents chacun.

«Avoir l’audace de faire venir ma famille est l’un des accomplissements dont je suis le plus fière.» À cette fierté allait se greffer, des décennies plus tard, celle de recevoir la plus haute récompense octroyée par l’État québécois: un insigne de l’Ordre national du Québec.

 

Québécoise de cœur

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Crédit: Roch Théroux

Sœur Angèle est entrée chez les Sœurs du Bon-Conseil, ordre fondé par Marie Gérin-Lajoie, au terme d’une journée bien remplie. «J’avais cuisiné pour un mariage et donné un cours de cuisine avant de rejoindre la communauté à minuit. Les sœurs croyaient que j’avais changé d’idée! (rires)»

Celle qui a travaillé auprès du maire de Montréal Jean Drapeau, G.O.Q., qui souhaitait attirer des bâtisseurs italiens en vue de la construction du métro et des installations d’Expo 67, a conquis les Québécois par ses prouesses culinaires diffusées au petit écran.

Désireuse de mettre en valeur les produits québécois à une époque où peu de chefs osaient cette démarche, elle a fait le tour de la Belle Province pour en découvrir les richesses.

Malgré sa contribution au rayonnement de notre gastronomie, sœur Angèle a été surprise d'apprendre qu’elle serait faite chevalière de l’Ordre national du Québec. «Dans ma tête, je suis juste quelqu’un qui brasse des casseroles, alors ça m’a touchée que le Québec fasse ça pour moi.»

 

Reconnue par la nation québécoise

Rappelons que c’est au nom de la population que le premier ministre décore chaque année les nouveaux membres de l’Ordre, les nominations étant issues d’un appel public de candidatures, qui a lieu chaque automne.

C’est donc un citoyen qui a proposé la candidature de sœur Angèle à l’Ordre national en reconnaissance de son parcours unique et inspirant.

Tout comme sœur Angèle, des centaines de personnalités québécoises provenant de tous les domaines ont reçu cet honneur depuis la toute première cérémonie, en 1985.

 

Près des jeunes

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Crédit: Michel Guertin

Instigatrice de nombreux organismes et événements, sœur Angèle est très active auprès des jeunes, notamment par l’entremise de la fondation qui porte son nom.

«Attirer les jeunes ne demande pas de grandes choses: il faut les écouter. On n’écoute plus. Certains croient qu’ils n’ont pas grand-chose à dire, mais s’ils savaient… Je pose une question et je les écoute: c’est fascinant!»

Avec sa fondation, qui est soutenue par le fromage et les cretons qui portent son nom, la religieuse fournit notamment des outils de travail à des jeunes fraîchement inscrits à l’école de cuisine.

Ex-professeure et chercheuse à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, auteure de plusieurs livres de recettes, guide accompagnatrice de voyage, elle constitue un modèle de dépassement de soi pour plusieurs.

«Autant je me suis attachée au Québec, autant les gens se sont attachés à sœur Angèle. J’ai voyagé partout dans le monde et je peux vous dire ceci: l’ouverture du Québec, elle est féroce! Il faut s’ouvrir et s’intégrer dans la société. Je peux le dire parce que j’ai été une nouvelle arrivante. Aujourd’hui, tout le monde pense que je suis Québécoise au boutte! (rires)»

 

La cuisine: un plaisir partagé

Ne comptez pas sur sœur Angèle pour ralentir la cadence. Aussi passionnée à 85 ans qu’elle l’était à 20 ans, elle a toujours à cœur de prendre soin de ses semblables.

«C’est une force en moi qui me pousse à vouloir faciliter les choses et partager mes connaissances. La cuisine, c’est la meilleure façon de célébrer la vie. Les gens mangent à la course et achètent des plats préparés. Ils n’ont pas le plaisir de cuisiner, d’inviter les enfants à partager.»

La chevalière de l’Ordre national du Québec se met aux fourneaux avec un égal bonheur, qu’il s’agisse de cuisiner pour un ambassadeur ou pour un ado. «La table est le symbole de l’accueil. Les titres, c’est une chose, mais nous sommes tous des êtres humains qui ont besoin d’une place à table.»

Pour en apprendre davantage sur la Fondation Sœur Angèle, visitez le Fondation-soeur-angele.com.

 

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