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Votre métier en 5 questions: enseignante en adaptation scolaire et sociale

Votre métier en 5 questions: enseignante en adaptation scolaire et sociale

Thinkstock Photographe : Thinkstock Auteur : Coup de Pouce

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Votre métier en 5 questions: enseignante en adaptation scolaire et sociale

On part explorer ce travail plus en détail avec Nathalie Corbeil, de Bois-des-Filion, qui occupe un poste d'enseignante en adaptation scolaire et sociale depuis 18 ans.

Comment avez-vous choisi votre métier?

J'ai toujours aimé les enfants. Déjà, au primaire, je disais que je voulais devenir enseignante, hôtesse de l'air ou chanteuse! Devenue adulte, j'ai eu plusieurs emplois sans rapport à celui d'enseignante jusqu'à ce que je m'établisse en appartement avec une colocataire qui étudiait jour et nuit pour obtenir son diplôme en droit. La voir étudier ainsi m'a inspirée à faire de même. En m'informant sur les divers programmes universitaires offerts, mes rêves de petite fille me sont revenus, et j'ai été acceptée au programme d'enseignement en adaptation scolaire et sociale.

À quoi ressemble votre journée-type?

J'arrive toujours très tôt à l'école. J'ai besoin de prendre mon temps pour démarrer ma journée. Je vérifie que tout ce dont j'aurai besoin dans la journée est prêt: matériel d'art, de science, de mathématique, photocopies, etc. Ensuite, suivent cinq périodes où les élèves de ma classe, qui présentent tous un trouble du langage important, vivront différentes activités selon les neuf matières enseignées au primaire. Pendant la période quotidienne où les élèves sont pris en charge par un enseignant d'anglais, de musique ou d'éducation physique, je fais mes corrections, je réponds aux messages des parents et je planifie mes prochains cours. Je peux également rencontrer des membres de l'équipe école et des parents afin d'établir un plan d'intervention pour chacun de mes élèves. Chaque semaine, mes collègues en adaptation scolaire et moi nous rencontrons afin de discuter de nos activités communes. Certaines périodes sont également consacrées à faire de la récupération avec les élèves qui en ont besoin. Finalement, après l'école, je poursuis mes corrections et mes planifications de cours, ou bien j'assiste aux rencontres et assemblées générales.


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Qu'est-ce qui vous passionne dans votre travail?

Mon contact quotidien avec ces enfants qui me sont confiés pour une année scolaire et parfois plus. C'est essentiellement ce qui me nourrit cœur et âme. Les enfants dysphasiques empruntent souvent un chemin différent pour exprimer une émotion ou un sentiment ou pour raconter une histoire. Avec les années, j'ai appris à mieux comprendre cette voie moins fréquentée, et nos échanges sont maintenant aisés. À la fin de la journée, ce qui reste finalement, c'est comment nous nous sommes sentis les uns envers les autres. Notre petite famille scolaire s'est-elle bien portée? Ce qui me passionne relève bien plus des relations humaines que de celles que j'entretiens avec le programme scolaire ou les ressources matérielles.

Pourquoi êtes-vous fière d'exercer ce métier?

D'abord parce que c'est un métier vraiment exigeant sur tous les plans. Il faut le vivre pour en saisir toute l'ampleur. Pourtant, j'y suis encore, après 18 ans. Je suis fière du travail accompli depuis toutes ces années, mais je suis également fière de faire partie de cette communauté d'enseignants québécois qui ont vraiment à cœur leur métier et la réussite des élèves dont ils ont la responsabilité. C'est une communauté forte et accueillante avec qui il fait bon vivre et échanger.

Qu'est-ce que les gens ne savent pas de votre métier?

Je vais parler au nom de tous ces enfants, petits et grands, qui présentent de grandes difficultés de l'ordre des apprentissages, du langage ou autres. Les gens ne soupçonnent pas leur force intérieure, leur courage et leur détermination. Comme adulte, est-ce que j'accepterais d'aller travailler, sachant que tout ce que j'aurai à accomplir sera difficile et représentera un grand défi, jour après jour, pendant plusieurs années? Pour moi, ces enfants sont de formidables modèles de persévérance!

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Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient faire ce métier?

Une carrière en enseignement est un long voyage qui demande à être planifié et dont on doit faire le bilan régulièrement. Il faut s'attendre à travailler de nombreuses heures en soirée et la fin de semaine également. Comme certains élèves fréquentent notre classe plus d'une année, il faut savoir se renouveler afin qu'ils ne vivent pas les mêmes activités d'une année à l'autre. Les guides et cahiers identifiés à une année particulière ne nous sont donc pas utiles et la majorité des enseignants en adaptation scolaire ne les utilisent pas. Il faut bâtir notre matériel ou trouver ce qui conviendra aux élèves en cherchant dans diverses ressources. Il faut également savoir que l'enseignement ne constitue pas notre unique tâche. Toutes sortes de tâches connexes s'ajoutent et elles se multiplient sans cesse. Les enseignantes qui ont de jeunes enfants à la maison ne savent souvent plus où donner de la tête! Moi-même, je ne travaille d'ailleurs pas moins qu'à mes débuts, mais je pose un regard expérimenté sur mon métier et j'ai acquis une confiance en moi qui me laisse l'espace et le temps de respirer. Je ne désire plus que tout soit parfait et j'ai appris à rire et à faire rire les enfants. Nous rigolons beaucoup et très souvent à mes dépens!

Je conseillerais à mes futurs collègues d'avoir un passe-temps, une passion ajoutée à celle de l'enseignement, qui occupera leurs pensées et leur permettra de penser à autre chose que leur métier, car il est extrêmement facile de se laisser submerger par tout ce qu'il y a à faire. Je leur conseillerais également d'ouvrir la porte au positif, car il y en a beaucoup! Il faut s'y attarder et savoir l'utiliser au besoin. J'ajouterais qu'il est très bénéfique d'ouvrir la porte aux collègues. Au cours des premières années, il est tentant de fermer la porte de la classe lorsqu'on se sent dépassé, stressé ou épuisé, mais se sentir seul est pire. Enfin, il faut savoir que les parents sont nos grands alliés et que le travail en équipe avec eux donne des résultats surprenants! C'est faux de croire que les relations seront toujours cordiales entre tous les parents et nous, mais ce qui est vrai, c'est que la grande majorité le sont, en plus d'être très humaines et enrichissantes!

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