Psychologie

Six conseils pour mieux s'entendre avec sa belle-famille

6 conseils pour mieux s'entendre avec sa belle-famille

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Six conseils pour mieux s'entendre avec sa belle-famille

Qui prend mari prend pays... et belle-famille? Oui, pour le meilleur et pour le pire!

Notre belle-famille, ce n'est pas notre famille. On a beau nous accueillir à bras ouverts, on s'y sent rarement aussi à l'aise que chez nos parents. «Les racines ne sont pas aussi profondes, avance le psychologue Pierre Faubert. Et puis, très souvent, il y a cette assurance que notre famille sera toujours là, quoi qu'il arrive. On peut rarement en dire autant de notre belle-famille.»

Par ailleurs, joindre une belle-famille, quelle qu'elle soit, exige toujours une certaine adaptation. «Et s'adapter requiert de l'énergie, en plus d'engendrer un sentiment d'insécurité et beaucoup de stress, poursuit Pierre Faubert. Notre tempérament jouera dans la facilité qu'on aura ou non à s'adapter. Par exemple, si on est de nature plutôt calme et conciliante.»

Mais si, malgré tout, l'adaptation s'avère ardue, est-on vraiment obligée d'aimer notre belle-famille? «Je dirais qu'il y a une obligation familiale, croit le psychologue Roger Bronsard. Comme on disait dans le temps, la famille, c'est sacré! Il faut y apporter un soin particulier, déployer plus de temps, d'efforts, de compromis qu'avec des amis, par exemple.» Comment? Voici six situations de conflit fréquentes et des conseils pour y remédier.

 1. Je suis universitaire, et l'éducation est une valeur importante pour moi. Mais personne dans ma belle-famille à part mon conjoint ne possède de diplôme. Non seulement on semble mépriser l'éducation, mais je sens qu'on me considère comme une drôle de bibitte.

Qu'arriverait-il si on disait franchement à notre belle-famille ce qu'on pense de son attitude? On évalue avec notre conjoint le positif et le négatif d'une telle intervention, puis on détermine ensemble qui la fera.

«Souvent, c'est l'enfant qui choisit de parler à ses parents, dit François St-Père. Mais il doit aborder la question délicatement, en leur faisant comprendre que, pour son couple, l'éducation est très importante et que c'est une valeur qu'il souhaite transmettre à ses enfants: "J'apprécierais que vous ne fassiez plus de commentaires négatifs sur l'école lorsque nous et les enfants sommes en votre présence", pourrait-il dire.»

Puis, on attend de voir comment les parents réagissent. «Ils feront sans doute plus attention les fois suivantes, croit François St-Père. Si c'est le cas, on doit le reconnaître et le souligner. Cette reconnaissance permettra de poursuivre la relation dans un contexte moins tendu. Toutefois, si les parents ridiculisent la demande de leur fils, ce sera à lui de mettre son pied à terre. Il pourrait dire par exemple que les valeurs de sa femme sont aussi les siennes, que l'éducation est importante pour eux deux et qu'il aimerait qu'ils respectent ça.»

2. Depuis l'arrivée de fiston, mes beaux-parents sont intrusifs et nous assaillent de leurs conseils.

On leur dit ou pas? «Avant toute chose, il faut évaluer ce que nous coûtera cette initiative et ce qu'elle nous rapportera, conseille le psychologue François St-Père. Par exemple, si notre belle-mère garde Fiston trois fois par semaine, il se pourrait, si elle accueille mal nos commentaires, qu'on se retrouve sans gardienne pour quelques semaines. Est-on prête à ça?»

Marie-Hélène, 34 ans, elle, ne l'était pas. «À l'arrivée de notre premier bébé, les parents de mon chum nous ont beaucoup aidés, se souvient-elle. N'ayant pas un grand réseau, nous étions très heureux de toujours pouvoir compter sur une gardienne pas loin. Même si les conseils de ma belle-mère me tombaient souvent sur les nerfs, j'ai préféré serrer les dents plutôt que de risquer de compromettre cette précieuse ressource.» De plus, la jeune femme s'efforçait, en parlant avec sa bellemère, de mieux la connaître en lui posant des questions sur la façon dont elle avait vécu sa propre maternité. «Ça m'a permis de mieux la comprendre et, donc, de mieux supporter certaines de ses interventions.»

En revanche, si on est incapable de gérer le comportement de nos beaux-parents, on identifie, en compagnie de Chéri, ce qui cause problème. Leurs interventions nous donnent-elles l'impression qu'on est inadéquate? Leurs conseils vont-ils à l'encontre de nos valeurs? Se sent-on jugée? Notre conjoint, lui, apprécie-t-il une telle présence de la part de ses parents?

Cela fait, on décide qui des deux interviendra et de quelle façon. On agit alors avec beaucoup de délicatesse. On souligne d'abord tout ce que nos beaux-parents font de bien pour Junior, puis on les invite à ajuster les comportements qui nous dérangent. «Lorsqu'on a une approche douce, ça se passe généralement bien, note François St-Père. Seulement, on a parfois tendance à accumuler les frustrations. La situation s'envenime alors et on finit par exploser, trop émotive pour avoir une idée claire de la situation et pouvoir avoir un réel échange avec l'autre.»

Bref, on n'attend pas pour en discuter. Et si nos beaux-parents réagissent plutôt mal au départ, on ne s'en formalise pas trop. «Il ne faut pas s'attarder à la première réaction, conseille François St-Père. Ce qui importe vraiment, c'est ce qui se passe après. Nos beaux-parents ont-ils considéré et intégré nos commentaires? Ont-ils modifié certains de leurs comportements? Auquel cas, on peut facilement excuser leur réaction initiale.»

3. Mes belles-soeurs ne cessent de me comparer à l'ex de mon chum, qu'elles aimaient beaucoup.

«Manifestement, il y a là un deuil qui n'est pas fait, croit la psychologue, auteure et conférencière Ghislaine Labelle. Si la situation perdure, on doit prendre notre place. On peut commencer par reconnaître leurs sentiments: "Je sais que vous avez des liens forts avec votre ex-belle-soeur et j'admire ça. J'aimerais bien avoir une telle relation avec vous." Peut-être cela les aidera-t-il à réaliser qu'elles tenaient des propos blessants à notre endroit.» Puis, on s'organise pour créer des occasions propices aux rapprochements. «Ces moments passés avec nos belles-soeurs nous permettront de mieux les connaître et de créer un lien plus personnel qui nous aidera à prendre notre place auprès d'elles.»

Et si on n'a vraiment pas d'atomes crochus? «À chacun d'y aller selon sa tolérance, répond Mme Labelle. Certaines se concentreront sur le positif de ces réunions familiales, par exemple la bonne relation qu'elles ont avec leur belle-mère, tandis que d'autres préféreront quitter la table devant une remarque désobligeante. Personne n'est tenu de subir une humiliation. D'ailleurs, on gagne plus à s'affirmer - avec aplomb mais sans agressivité - qu'à tolérer ce genre de chose: cela incite les gens à réfléchir à leur comportement et cela suscite un plus grand respect à notre endroit. Mais je vous préviens, ça peut jeter un froid autour de la table!»

Selon la spécialiste, opter pour une certaine indifférence peut également avoir son effet. C'est ce qu'a fait Mélanie, 35 ans. «La première année, j'ai tout fait pour amadouer mes belles-soeurs, qui, clairement, ne me blairaient pas, se souvient la jeune femme. Plus j'essayais d'être gentille, plus elles me rejetaient. Ma belle-mère, qui m'aime beaucoup, leur disait pourtant que j'étais une bonne personne, mais ça n'aidait pas. Puis, j'en ai eu assez: j'ai arrêté ma campagne de séduction et je les ai ignorées. Je me suis appliquée à renforcer les liens que j'avais avec les autres membres de ma belle-famille. Peu après, elles ont commencé à changer d'attitude à mon endroit. Nos rapports se sont grandement améliorés depuis.»

4. Ma belle-mère est carrément détestable!

Ici, le dialogue avec notre conjoint est essentiel. «Ayant grandi auprès de sa mère, notre conjoint a peut-être du mal à prendre du recul face à ses agissements, croit Ghislaine Labelle. Peut-être ne la voit-il pas comme elle est vraiment, ou peut-être a-t-il de la difficulté à s'affirmer devant elle. Voilà pourquoi il importe de l'informer de nos problèmes avec belle-maman. Par exemple, on peut lui dire: "Je sais que ta relation avec ta mère est importante pour toi, mais moi, je ne suis pas capable de vivre ça trop souvent. Alors, je n'irai chez ta mère qu'une fois sur deux."»

elle-maman se montre parfois carrément odieuse à notre endroit? Devrait-on demander à notre chum de nous défendre? «C'est souvent l'attente implicite des conjoints, affirme Ghislaine Labelle. Seulement, on demeure le principal responsable de notre bien-être et de nos relations. Si on a déjà dit à notre conjoint ce qui nous dérange et qu'il n'a pas jugé bon d'intervenir, on peut le prévenir que la prochaine fois, on répondra telle ou telle chose. Le fait de le mettre dans le coup lui évitera d'être surpris, le moment venu, ou de se sentir attaqué. Par ailleurs, on ne devrait jamais demander à notre conjoint de choisir son camp. Quand on force les gens à prendre parti, ça crée inévitablement des tensions.»

5. Ma belle-famille est très peu démonstrative, alors que je viens d'une famille italienne. Comment concilier ces deux tempéraments?

«On voit souvent, au sein des couples, le feu qui marie la glace, observe Roger Bronsard. Le conjoint réservé qui va dans une famille chaleureuse est rarement indisposé par des démonstrations émotives plus intenses, tout au plus se sentira-t-il un peu mal à l'aise. Toutefois, la personne chaleureuse qui arrive dans une famille plus "pudique" a tendance à souffrir, car elle donne de la chaleur, mais n'en reçoit pas.»

Que faire, alors? Redoubler d'affection? Au contraire, croit Roger Bronsard. «La famille "froide" pourrait se sentir remise en question et cela pourrait provoquer une escalade: plus la conjointe se fait chaleureuse, plus la belle-famille fait preuve de retenue. Cette dernière pourrait même aller jusqu'à se liguer contre elle, un réflexe de groupe assez fréquent. On doit donc essayer de s'ajuster à la belle-famille en gardant davantage pour nous nos émotions et en limitant les marques d'affection, tout en gérant du mieux qu'on peut notre frustration de ne pas pouvoir être complètement nous-même.»

C'est d'ailleurs ce qu'a dû faire Valérie, 27 ans. Cette Italienne de nature plutôt expressive a vite réalisé que ses élans d'affection n'étaient pas les bienvenus au sein de sa belle-famille. «Les membres de ma belle-famille sont très gentils, dit-elle. Mais à mon premier Noël parmi eux, émue d'être si bien acceptée, j'ai pris spontanément ma belle-mère dans mes bras. Malaise! Tout le monde a trouvé cela bizarre, à la limite un brin déplacé. Depuis, j'ai freiné mes ardeurs et notre relation ne s'en porte que mieux.»

6. Dans ma belle-famille, les réunions sont fréquentes et tout le monde doit y être. La famille compte aussi pour nous, mais on ne ressent pas le besoin - et on n'a pas le temps - de les voir chaque semaine.

«Il faut en parler avec notre conjoint, lui dire qu'on aime sa famille, mais que tout le temps qu'on y passe nous empêche d'honorer d'autres engagements ou simplement d'avoir du temps pour nous, dit Roger Bronsard. Et il est essentiel de faire preuve de souplesse et d'être solidaires si on veut en venir à une entente.» Par exemple, on peut décider, de concert avec notre partenaire, d'abréger nos visites hebdomadaires ou encore de ne l'accompagner qu'une fois sur deux.

Puis, quand vient le temps de décliner l'invitation, on doit être prête et avoir quelques bonnes raisons sous la main: on est attendue ailleurs, on a besoin de repos, etc. «Avec le temps, les gens réaliseront qu'on a d'autres occupations et ils accepteront qu'on soit moins présente, affirme Roger Bronsart. L'important est de préserver l'amourpropre des gens, de faire en sorte que personne ne se sente rejeté et de garder une fréquentation minimale acceptable qui permet de maintenir le lien.»

La relation avec belle-maman affecte plus les femmes

Pour 60% des femmes, une relation conflictuelle avec leur belle-mère engendrerait chez elles beaucoup de stress, alors que seulement 15% des hommes s'en disent réellement affectés. C'est ce qui ressort d'une étude menée par des chercheurs de l'Université de Cambridge (Angleterre) dont les résultats sont parus en 2008. Les principales causes de conflit entre les femmes: la façon d'éduquer les enfants et d'exécuter les tâches ménagères. Les résultats d'une étude plus récente (2013) de l'Université du Wisconsin abondent dans le même sens: les mères seraient beaucoup plus inquiètes de leur fils que de leur fille quand ceux-ci sont en couple, craignant que leur belle-fille ne prenne pas assez soin de fiston ou qu'elle tente de le changer. Les belles-filles redouteraient, quant à elles, que leur belle-mère ne s'ingère dans leur vie de couple. Résultat: un terrain beaucoup plus propice aux conflits!

Pour aller plus loin

  • Les Belles-mères, les beaux-pères, leurs brus et leurs gendres, par Aldo Naouri, Odile Jacob, 2013, 316 p., 18,95$.
  • Belle-famille: attention!, par Susan Forward, Interéditions, 2003, 256 p., 43,95$.

 

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