Contribuer au soutien des tout-petits : voici les gestes qui comptent vraiment

Zoé Parrot-Leca
On dit souvent que tout se joue avant cinq ans. Si ce n’est pas tout à fait vrai, puisque le cerveau humain continue d’évoluer jusqu’à l’âge adulte, il est indéniable que les premières années de vie posent les fondations de l’équilibre émotionnel et social de nos enfants.
Les tout-petits apprennent à aimer, à se calmer, à faire confiance, à s’exprimer et à s’adapter au monde. Et pour ça, ils ont besoin d’un ingrédient essentiel : la sécurité et la stabilité.
• À lire aussi: Le tabou de la fausse-couche, ou comment la société hiérarchise la douleur
• À lire aussi: La soloparentalité: un phénomène de plus en plus présent
Comment, en tant que société, parents, éducateurs ou proches, pouvons-nous contribuer à bâtir ces bases solides ?
Nous nous sommes entretenus avec Élise Bonneville, directrice du Collectif petite enfance, pour nous aider à y voir plus clair.
Pourquoi, selon vous, tout le monde devrait s’intéresser aux tout-petits, même ceux qui n’ont pas d’enfants ?
Parce que les tout-petits, ce sont les adultes de demain. S’intéresser à eux, c’est investir dans notre avenir collectif. Les premières années de vie sont une période déterminante du parcours d’une personne : c’est là que se construisent les bases de la santé, de la réussite éducative et du bien-être futur.
Et même si nous n’avons pas tous des enfants, nous vivons tous dans la société qu’ils façonneront. Permettre à un enfant de grandir dans de bonnes conditions de vie, ça favorise grandement les chances qu'il devienne par la suite un adulte qui contribue positivement à la collectivité. Quand on soutient les tout-petits, c’est donc toute la société qui en bénéficie, aujourd’hui et demain.
Quelles sont les plus grandes inégalités ou difficultés que vivent les familles avec de jeunes enfants aujourd’hui au Québec ?
Malheureusement, les familles au Québec vivent aujourd’hui une pression grandissante liée au coût de la vie, au logement, et à la difficulté d’accéder à des services essentiels comme les soins de santé, les services éducatifs à la petite enfance ou le soutien psychosocial.
On voit aussi que les inégalités se creusent, que les besoins des enfants et des familles grandissent et se complexifient. Et le contexte budgétaire fragilise malheureusement nos services publics et communautaires, qui soutiennent les familles.
C'est donc essentiel de renouveler notre engagement collectif et politique envers les tout-petits, et d'augmenter l'intensité de nos actions et de nos investissements pour favoriser leur bien-être et leur développement.
Le manque de médecins de famille, de places en garderie ou de services de soutien... Est-ce que ce sont selon vous des symptômes d’un problème plus large ?
Oui. De notre point de vue, les difficultés d'accès aux services éducatifs, de santé et de soins pour les tout-petits et leur famille sont des symptômes d’un filet social qui s’est fragilisé au fil du temps.
Le Québec s’est bâti une solide réputation en matière de politiques familiales, mais on constate aujourd’hui que le réseau de soutien autour des familles s’essouffle.
Quand les services ne sont pas accessibles, les parents se sentent isolés, les enfants n’obtiennent pas toujours le soutien dont ils auraient besoin, et la société perd de vue l’importance d’investir tôt. C’est là qu’on revient à une conception plus individualiste du développement des enfants, alors qu’en réalité, leur bien-être est une responsabilité partagée entre la famille et la société.
Quels changements aimeriez-vous voir d’ici 5 à 10 ans pour les tout-petits ?
On souhaite que la prochaine décennie soit marquée par une véritable culture de l’équité en petite enfance. Que chaque enfant, peu importe le quartier ou le milieu dans lequel il grandit, ait les mêmes chances de se développer pleinement.
Concrètement, ça veut dire : des services éducatifs de qualité accessibles pour tous, un meilleur soutien aux familles en situation de vulnérabilité, des politiques publiques qui tiennent compte de la réalité des tout-petits dans toutes les décisions, un filet social fort qui a les moyens d’agir en prévention, à la hauteur des besoins.
On espère aussi que la société continuera de reconnaître la petite enfance comme une priorité collective.
Si vous aviez un seul conseil à donner à de nouveaux parents qui veulent bien faire, quel serait-il ?
Faites-vous confiance, et n’hésitez pas à demander du soutien.
Être parent, c’est apprendre en marchant. Il n’y a pas de perfection, seulement des liens à tisser, des moments à vivre et des ressources à utiliser autour de soi.
La Grande semaine des tout-petits tiendra sa 10e édition du 17 au 23 novembre.
Pour consulter toutes les activités et webinaires organisées dans le cadre de l’événement, c’est par ici .