Travail
Transformer son hobby en métier
Photographe : Getty Images
Tricoter des foulards, faire de la photo, brasser de la bière, décorer des gâteaux, écrire... La plupart des gens s’adonnent à leur passe-temps favori pour se divertir en dehors des heures de bureau. Mais certains ont l’idée (folle?) D’en faire leur métier.
Enfant, Jonathan Elie vendait ses dessins dix sous chacun à ses copains, dans l’autobus scolaire. «J’ai toujours aimé dessiner, mais je croyais, plus jeune, que la seule façon d’en vivre était de devenir architecte», raconte-t-il. Une fois son diplôme en poche, il s’est donné la liberté d’explorer d’autres avenues. Et c’est là que la possibilité de devenir tatoueur est apparue. «En cherchant à me réorienter, je me suis demandé ce que je pourrais faire tous les jours sans voir le temps passer, et la réponse restait le dessin. Alors, j’ai pensé au tatouage, qui me permettrait d’en vivre», poursuit-il.
Jonathan a donc mis une croix sur la stabilité et la sécurité d’un travail de bureau pour suivre sa passion. «Quand on a un hobby, c’est généralement parce qu’on est bon et qu’on est bien là-dedans, commente la conseillère en orientation Nadia Vallée. C’est suffisant pour convaincre certaines personnes d’en faire un métier. Cela dit, beaucoup de gens y pensent, mais c’est loin d’être fait pour tout le monde.»
Vivre de sa passion
Il faut en effet plus que de la passion ou du talent pour réussir à en vivre. «Disons qu’il faut travailler fort et être très déterminé pour se démarquer», admet Christine Bérubé, créatrice des bijoux Lost & Faune. «Il y a tellement de monde qui fabrique des bijoux pour les vendre!»
Celle qui a commencé à concevoir des bijoux au cégep, pour ensuite les vendre aux filles de sa classe, qui «trippaient sur ce qu’elle faisait», a trimé dur pour que ce loisir devienne un travail à temps plein... tellement qu’elle a fait un burnout à 25 ans. «Je travaillais 80 heures par semaine. J’étais seule pour tout faire et, comme j’étais plutôt bohème, j’avais du mal à tenir ma comptabilité, à vendre mes produits, à m’organiser», reconnaît-elle.
Transformer son hobby en travail rémunéré implique souvent de se lancer à son compte, de démarrer sa propre entreprise. Pour ce faire, il faut un «petit côté» entrepreneur qui est loin d’être donné à tout le monde! Avant de remettre sa démission pour se consacrer à sa passion, Nadia Vallée conseille de faire le tour de la question. «Ce n’est pas parce qu’on aime le yoga qu’on va aimer l’enseigner ou diriger une école, illustre-t-elle. Une fois qu’on a déterminé honnêtement nos champs d’intérêt et de compétences, il faut prendre le temps d’évaluer s’il y a un marché pour notre produit ou service, questionner des gens qui sont dans le milieu, vérifier s’il y a des formations à suivre, calculer si c’est possible d’en vivre, etc.»
Être son propre modèle
Pour Jonathan, qui a fondé le studio de tatouage Rouge Total à Drummondville, en octobre 2012, quiconque veut vivre de sa passion trouvera le moyen d’y parvenir. «Il n’y a pas de modèle pour ceux qui veulent vivre de leur talent, dit-il. C’est à chacun de créer le sien et, pour ça, on n’a pas le choix: on essaie, on se plante, on recommence et on avance.» Et le côté entrepreneurial? «Ça s’apprend; il existe des formations», répond-il.
Quant à Christine, si l’on porte encore ses bijoux aujourd’hui, c’est parce qu’elle a réussi à s’entourer des bonnes personnes, comme son associée Michelle, qui s’occupe de la gestion de l’entreprise pour lui permettre de se concentrer sur la création. «Se consacrer à son passe-temps préféré et réussir à en vivre peut être une excellente façon de s’épanouir et de se réaliser en tant qu’individu. C’est la satisfaction et le bien-être qui en découlent qui donnent aux passionnés le courage, la motivation et l’énergie de continuer malgré les embûches», conclut Nadia Vallée